La Ville de Montréal paiera 7 millions de plus pour son usine d’ozonation de l’eau en raison d’un formulaire oublié par un entrepreneur.

Même si elle offrait le meilleur prix (57 millions) pour construire les « ouvrages métalliques » du projet, la firme de construction EBC a vu sa soumission rejetée, cet automne, parce qu’elle avait oublié d’y joindre sa preuve d’assurance, un document requis.

C’est son plus proche concurrent, Sidcan, qui a empoché le contrat, attribué à la dernière séance du conseil municipal. Sidcan proposait d’effectuer les travaux pour 64 millions, soit 7 millions de plus.

« C’est une somme considérable et nous sommes en droit de nous demander combien d’argent la Ville perd chaque année avec ce genre de situation », a affirmé Dominic Perri au conseil municipal. L’élu est président de la Commission d’examen des contrats de la Ville.

Il a rapporté que la Ville avait consulté ses avocats afin de trouver une solution à l’« impasse », mais en vain. L’absence de preuve d’assurance est considérée comme « une irrégularité majeure » qui ne peut être corrigée a posteriori, estime la Ville dans un document remis aux élus.

EBC n’a pas voulu réagir à la situation. « On ne fera pas de commentaire », a indiqué la porte-parole Johanne Laurin.

« Les règles d’octroi de contrats municipaux auxquelles la Ville de Montréal est assujettie sont strictes et d’ordre public et la Ville ne peut y déroger. Le cas présent n’y fait pas exception », a réagi Gonzalo Nunez, en charge des communications à la Ville de Montréal.

Le projet d’usine d’ozonation est déjà enfoncé dans des dépassements de coûts extrêmement importants : le projet devait initialement coûter 210 millions, mais est maintenant évalué à 717 millions.

Sa date de livraison est aussi constamment repoussée. La Ville prévoit maintenant une ouverture en 2025.

Un projet ambitieux

« C’est vraiment, vraiment devenu un puits sans fond pour l’argent des contribuables », a commenté le porte-parole de l’opposition Alan DeSousa, toujours au conseil municipal.

« C’est un projet ambitieux, parce qu’il est le meilleur. Il ne dérange pas la faune et la flore », a répliqué Maja Vodanovic, responsable du dossier de l’eau dans l’équipe de Valérie Plante. Elle a souligné que l’estimation initiale de 200 millions était extrêmement préliminaire et que le projet s’est « bonifié » et a été « restructuré » au fil des ans, en plus de rencontrer des problèmes imprévus.

À terme, l’installation doit permettre un traitement plus avancé des eaux usées des Montréalais grâce à l’injection d’ozone, afin d’éliminer microbes et virus. Ces eaux terminent leur course dans le fleuve Saint-Laurent.

Il s’agira de la plus grande usine de ce type sur la planète.

M. Perri a affirmé que la Ville de Montréal devait amorcer une réflexion afin que des soumissions intéressantes ne soient pas rejetées sur la base de formalités.

« Il faut trouver des solutions rapidement afin d’éviter que cette situation se reproduise », a-t-il dit. Il faut que la municipalité puisse, juste après l’ouverture des enveloppes de soumissions, « solliciter des documents manquants sans devoir écarter le soumissionnaire ».