Cette fois-ci semble (vraiment) être la bonne pour le prolongement de la ligne bleue. Le creusage du titanesque tunnel fera l’objet d’un appel d’offres avant Noël, le démolisseur qui dégagera de l’espace pour les stations est trouvé et le grand manitou des nouveaux CHUM et CUSM s’est joint au projet, a appris La Presse.

La Société de transport de Montréal (STM) sollicite ces semaines-ci le marché de la construction pour plusieurs parties du futur chantier.

La plus importante : le creusage du tunnel de 6,2 kilomètres, de l’actuelle station Saint-Michel jusqu’aux Galeries d’Anjou et même au-delà.

« La méthode de construction retenue est basée sur l’utilisation d’un tunnelier pour les tronçons de tunnel entre les stations Pie-IX et Anjou Ouest », le reste étant promis au dynamitage, indique un avis de qualification publié par la STM et qui s’est terminé fin septembre.

Les firmes ou consortiums choisis pourront ensuite soumissionner à un appel d’offres qui s’ouvrira « dans quelques semaines », avant Noël, a précisé Philippe Déry, de la STM. Ce sera « le plus important contrat à être octroyé dans le projet de prolongement de la ligne bleue ».

La STM ne veut pas indiquer combien d’acteurs se sont qualifiés, mais l’imminence de l’appel d’offres indique qu’il s’agit d’un nombre suffisant pour permettre une concurrence. Une condition essentielle afin d’éviter un emballement des prix, qui risquerait de paralyser (à nouveau) le projet.

En août dernier, la STM évaluait le projet global à 6,4 milliards.

« Le projet avance, on continue de franchir plusieurs étapes concrètes », a ajouté M. Déry. Le document d’appel de qualification précise que le tunnel doit être creusé de 2023 à 2026.

IMAGE FOURNIE PAR LA SOCIÉTÉ DE TRANSPORT DE MONTRÉAL

Nouveau plan des infrastructures de la ligne bleue autour de la future station Anjou

Un avis récemment envoyé aux Montréalais vivant près de l’intersection des autoroutes 40 et 25 permet aussi d’apprendre que l’emplacement du garage souterrain à l’est du terminus Anjou a changé, mais que la station comptera bien deux édicules, de chaque côté de l’A25.

Six bâtiments démolis l’an prochain

Pendant ce temps, à la surface, la STM a trouvé l’entreprise de démolition qui dégagera les terrains sur lesquels trois des nouvelles stations et un édifice technique seront installés. Les expropriations ont déjà eu lieu et les bâtiments (une ancienne station-service, un duplex, un restaurant, des bureaux professionnels) sont vacants.

Bâtiments qui seront remplacés par des stations de la ligne bleue
  • Station-service qui laissera sa place à la station Lacordaire.

    PHOTO JOSIE DESMARAIS, LA PRESSE

    Station-service qui laissera sa place à la station Lacordaire.

  • Édifice commercial qui sera remplacé par un bâtiment technique près de la station Saint-Michel.

    PHOTO JOSIE DESMARAIS, LA PRESSE

    Édifice commercial qui sera remplacé par un bâtiment technique près de la station Saint-Michel.

  • Duplex commercial qui laissera sa place à la station Pie-IX.

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    Duplex commercial qui laissera sa place à la station Pie-IX.

  • Restaurant qui laissera sa place à la station Viau.

    PHOTO JOSIE DESMARAIS, LA PRESSE

    Restaurant qui laissera sa place à la station Viau.

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« Au cours de l’année 2023, six bâtiments seront démolis, afin de sécuriser les emplacements et préparer les sites pour la phase d’excavation qui débutera en 2023 », indique Philippe Déry, de la STM, dans un courriel à La Presse. « Comme la réalisation des travaux aux réseaux techniques urbains dans plusieurs secteurs, c’est un signe concret et tangible que le projet avance, alors que la STM poursuit ses préparatifs en vue de l’excavation du tunnel et de la construction des stations. »

Après l’ouverture des enveloppes de soumission, c’est l’entreprise Demex, de Chicoutimi, qui devrait remporter la mise avec une soumission de 850 000 $. Le contrat n’est toutefois pas encore officiellement conclu.

« Quelques autres bâtiments devront également être démolis en 2024 pour faire place aux nouvelles stations », a ajouté la STM.

« S’entourer des meilleures ressources »

Par ailleurs, la STM a retenu les services du chef d’orchestre de la construction des nouveaux Centre hospitalier de l’Université de Montréal (CHUM) et Centre universitaire de santé McGill (CUSM) pour la conseiller sur le projet.

Clermont Gignac, 75 ans, s’est vu confier un mandat sans appel d’offres « d’analyse et de transfert d’expertise » pour le prolongement de la ligne bleue. Prix : 92 000 $.

Ancien sous-ministre du gouvernement du Québec, M. Gignac a aussi travaillé chez Bombardier avant de prendre la tête des deux projets hospitaliers.

« C’est marginal. Je mets quelques heures là-dedans », a-t-il expliqué à La Presse, précisant que le montant du contrat couvrait plusieurs années et que « ça fait pas cher de l’heure ». « Je suis rendu à 75 ans, mes jobs sont faites. Je ne prendrai pas de gros projet, mais je les conseille à partir de l’expérience que j’ai eue. »

Hôpitaux ou métro, « c’est de la gestion de projet », a-t-il souligné. « Je leur donne mes feelings et eux font ce qu’ils pensent qui est bon. »

M. Gignac s’ajoute aux nombreux consultants dont la STM a retenu les services pour ce projet dans les dernières années. La structure de gouvernance du bureau de projet — qui comptait 14 comités — a d’ailleurs été critiquée.

« La STM souhaite s’entourer des meilleures ressources disponibles », a justifié la STM, quant au contrat accordé à Clermont Gignac. « M. Gignac connaît bien la STM et ses parties prenantes, en raison de son expérience professionnelle et de son implication à titre de membre externe du Comité de suivi des actifs du Conseil d’administration de la STM. »