L’arrivée du nouveau chef du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM), Fady Dagher, donne espoir à des élus du gouvernement Legault de pouvoir changer la donne dans la lutte contre la violence armée dans la métropole.

« Je connais M. Dagher depuis plusieurs années. C’est un monsieur qui a beaucoup de rigueur professionnelle. Il a une vision des choses, il est capable de cibler les enjeux et il a la capacité de susciter l’adhésion à ce qu’il met en place », a fait valoir vendredi la ministre Chantal Rouleau, en marge d’une visite des locaux de Moisson Montréal, où elle participait à la préparation des paniers de Noël.

Aujourd’hui ministre de la Solidarité sociale et de l’Action communautaire, mais anciennement responsable de la Métropole, la principale intéressée se dit « contente » de voir arriver Fady Dagher « à ce moment-ci ». « On avait besoin de quelqu’un comme lui », dit-elle clairement.

Pour Mme Rouleau, sa présence « est un gage que Montréal sera capable de prendre les différentes situations de violence à bras-le-corps, et avec une vision ». « On parle de la répression oui, mais il y a toute la prévention derrière qui est essentielle. C’est ce travail-là sur lequel on doit mettre beaucoup d’énergie, et je serai en mesure d’aider à ce point de vue là », promet celle qui est aussi députée de Pointe-aux-Trembles.

Un parcours « inspirant »

Il faut savoir que Fady Dagher est connu pour avoir repensé son service de police afin de donner davantage de place aux relations avec les citoyens dans le travail des agents. Dès 2020, il proposait à ses patrouilleurs longueuillois de s’immerger dans la réalité d’individus souvent marginalisés — femmes voilées, gens brisés par des problèmes de santé mentale ou familles avec un enfant autiste, par exemple — afin de comprendre leur réalité. Le « Projet Immersion » avait défrayé la chronique et fait largement connaître M. Dagher.

« Cela fait 15 ans que je cherche à diminuer les préjugés des policiers envers les populations vulnérables, mais aussi les préjugés des populations vulnérables envers la police. J’ai essayé les formations magistrales, ça ne marche pas », affirmait-il en 2020 dans le cadre d’un grand reportage de La Presse.

En conférence de presse vendredi, l’actuel ministre de la Sécurité publique, François Bonnardel, a parlé du nouveau chef du SPVM comme d’un « homme inspirant ». « Maintenant, il y a un processus en place, on va devoir en discuter au Conseil des ministres, mais je me réjouis de la nomination », a-t-il dit, en mentionnant qu’il devrait rencontrer M. Dagher la semaine prochaine.

Ultimement, c’est en effet le Conseil des ministres du Québec qui devra approuver ce choix, une étape qui devrait avoir lieu en janvier prochain.

Décontamination : « ça va se dénouer »

En entrevue, Mme Rouleau est par ailleurs revenue sur la décontamination qui fait du surplace dans l’est de Montréal. Alors que Québec comptait y consacrer jusqu’à 200 millions de dollars, un seul terrain privé a été décontaminé jusqu’à maintenant. À peine 9,6 millions ont été utilisés, alors que le programme prend fin dans un an. « Il faut que le programme soit un petit peu plus souple. Je pense qu’il faut voir à un réaménagement. Quand j’étais ministre, j’avais eu ces discussions avec la mairesse. Il faut arriver à ça, et rapidement. Actuellement, c’est comme le chat qui court après sa queue, mais ça va se dénouer », a-t-elle soulevé, en faisant valoir que les travaux en cours sur l’avenir du REM de l’Est pourraient aussi permettre d’accélérer la décontamination de certains terrains.