Le cinquième des Montréalais les plus pauvres consacrent plus de 80 % de leurs revenus à se loger et presque les trois quarts, plus de 30 %.

C’est ce que révèle un rapport intitulé Signes vitaux du Grand Montréal sur le logement publié mardi, à l’occasion de la Journée nationale de l’habitation, et qui a été réalisé par l’Institut du Québec.

Le rapport, commandé par les organismes Centraide du Grand Montréal et la Fondation du Grand Montréal (FGM), jette un éclairage nouveau sur la crise du logement qui frappe la métropole grâce à des croisements inédits de données tirés du dernier recensement.

Parmi les constats tirés de ce rapport, on note que les Montréalais à faible revenu, les résidents non permanents, les personnes seules et les locataires sont les plus susceptibles d’occuper des logements inabordables, c’est-à-dire auxquels ils doivent consacrer plus de 30 % de leurs revenus.

ILLUSTRATION TIRÉE DU RAPPORT SIGNES VITAUX DU GRAND MONTRÉAL

Pourcentage des personnes dans les ménages selon le taux d’effort, par groupe populationnel, dans l’île de Montréal, en 2016

Tous ses revenus pour se loger

En effet, si le quart des résidants de l’île de Montréal doivent consacrer cette part de leur revenu à leur logement, cette proportion augmente à 71 % chez les personnes à faible revenu. En creusant encore plus, les auteurs en sont venus à la conclusion que 19 % des personnes les plus démunies consacrent en fait entre 50 et 80 % de leur revenu et 21 %, plus de 80 %.

Cette proportion de personnes qui consacrent presque tous leurs revenus à se loger est encore plus grande chez les résidents non permanents, où elle se chiffre à environ 29 %, alors qu’elle se chiffre à seulement 5 % en moyenne pour l’ensemble des foyers de la métropole.

Une situation tout simplement intenable de l’avis du PDG de la Fondation du Grand Montréal, Karel Mayrand. « Je ne vois pas comment ce [ménage] fait pour se loger, se nourrir, se vêtir. Probablement que tout le monde dans la famille doit travailler, parfois plusieurs emplois », souligne-t-il.

« Et on ne parle pas de la qualité de ces logements-là, ajoute-t-il. Il y a des gens qui paient 80 % et qui vivent dans des endroits qui ne sont pas sains pour leur santé. »

À Laval, 18 % des personnes à faible revenu consacrent 80 % ou plus de leur argent à se loger tandis que cette proportion est de 14 % sur la Rive-Sud.

« Mobiliser tout le monde »

Karel Mayrand souhaite que la publication de ce rapport serve à « mobiliser tout le monde » dans l’espoir d’entreprendre une corvée pour « fournir du logement abordable ou social » au plus de personnes possible.

La situation est urgente, selon lui, alors que le nombre de logements nouvellement construits et disponibles dans la région de Montréal est à son plus bas depuis 30 ans.

« En travaillant sur la question du logement, on se trouve à travailler de façon directe et indirecte sur un ensemble d’enjeux sociaux. Quand on parle de l’enjeu du logement, les gens pensent que c’est abstrait, mais c’est très, très concret », explique-t-il.