La pénurie de véhicules Communauto devrait persister au moins jusqu’à la fin de 2023, en raison des délais importants de livraison chez les constructeurs automobiles. D’ici là, l’entreprise d’autopartage espère pouvoir poursuivre sa croissance, mais appelle la Ville à accélérer l’attribution de stationnements publics afin de déployer plus de véhicules en station pour les usagers.

« Encore aujourd’hui, pour avoir des places de stationnement dédiées, on doit faire une demande à chacun des arrondissements. Et il faut que ça passe en deux séances de conseil. C’est lourd, ça prend six mois pour avoir quatre espaces, alors que nous, on a besoin d’ajouter des centaines de places. Il faut accélérer les choses », lance le vice-président de Communauto, Marco Viviani, en entrevue avec La Presse.

D’après lui, la Ville de Montréal travaille « depuis un certain temps » à l’implantation d’un plan plus global sur le développement de l’autopartage. Mais les résultats se font attendre. « C’est quelque chose qu’on a hâte de voir. Ça prend une politique pour dicter les règles qu’on se donne pour offrir aux citoyens ce genre de services, qui permettent après tout de réduire le nombre de voitures sur les routes et, donc, la congestion », illustre le gestionnaire.

En octobre, le Service de l’urbanisme et de la mobilité a en effet rendu public, sans tambour ni trompette, son Plan d’action pour stimuler l’autopartage. On y lit que Montréal souhaite « donner plus de place aux véhicules partagés sur l’ensemble du territoire », en travaillant avec les arrondissements pour « multiplier les places de stationnements réservés ». Les autorités souhaitent même « inciter » une intégration « dans les espaces privés résidentiels, commerciaux et institutionnels ».

D’ici 2025, Montréal veut également « changer les mentalités sur l’autopartage et sur la nécessité de posséder une automobile ».

Tant pour la population que pour les employés de la Ville et de ses partenaires, le partage de véhicule doit devenir normal et logique.

Extrait du Plan d’action pour stimuler l’autopartage

Au cabinet de la mairesse Valérie Plante, on confirme que des réflexions sont en cours. « Notre administration vise l’augmentation de 50 % de l’offre d’autopartage, mais nous savons que les différentes entreprises [composent] avec des défis d’approvisionnement de voitures. À terme, nous souhaitons que tous les Montréalais puissent faire le choix de l’autopartage », affirme l’attachée de presse Catherine Cadotte.

Moins que prévu

Cette année, Communauto avait commandé 800 voitures supplémentaires pour la région de Montréal, dont 500 devaient aller « en station », pour y être réservées dans un stationnement dédié, et 300 en mode « FLEX », afin d’être utilisées de façon spontanée sur le réseau public.

Or, seulement 600 véhicules ont été reçus dans la métropole. « C’est environ 200 véhicules qu’on avait commandé qu’on n’a pas reçus », dit M. Viviani. Il affirme avoir entamé une « réflexion » afin d’élargir le nombre de fournisseurs : jusqu’ici, seuls Toyota, Hyundai et Kia fournissent des véhicules, mais bientôt, GM ou Nissan pourraient s’ajouter. « Il faut diversifier nos sources d’approvisionnement, ça, c’est très clair », illustre le vice-président.

Ce dernier ne se fait toutefois pas d’illusions : la pénurie devrait se poursuivre.

Les constructeurs automobiles nous disent qu’ils croient être capables de livrer des véhicules selon les commandes traditionnelles à partir de la fin de 2023.

Marco Viviani, vice-président de Communauto

Communauto prévoit néanmoins poursuivre sa forte croissance l’an prochain, avec l’ajout de 1200 véhicules dans la région métropolitaine. « Notre espoir est vraiment d’arriver à le faire, mais encore une fois, ça dépendra vraiment de la production mondiale de l’automobile », poursuit le vice-président.

D’ici là, les usagers n’ont pas fini d’avoir l’impression de s’arracher les véhicules. En prévision du temps des Fêtes, l’entreprise vient justement d’envoyer un avis à ses membres. « Plus vous réserverez tôt, meilleures seront vos chances d’avoir un véhicule pour la période souhaitée », y indique-t-on.

Une nouveauté s’imposera toutefois cette année : il y aura des frais en cas d’annulation ou de raccourcissement d’une réservation dans les plages du 24 et 25 décembre et du 31 décembre et 1er janvier. La pénalité applicable correspondra alors à 50 % du coût de la portion annulée de la réservation. « On a instauré cette nouvelle règle pour éviter au fond que trop de réservations soient annulées. C’est quelque chose que les usagers ont demandé à maintes reprises, donc on le tente cette année. On verra l’impact », confie M. Viviani.