(Montréal) L’Association des pompiers de Montréal veut suspendre les opérations de sauvetage nautique d’ici à ce que ses membres aient reçu une formation permettant d’effectuer les opérations en toute sécurité. Un incident survenu dernièrement dans le Saint-Laurent a rappelé la mort tragique d’un pompier, coincé sous son embarcation qui s’était renversée dans les rapides de Lachine.

Dans la nuit du 24 au 25 octobre dernier, un équipage, à la recherche d’une victime ayant sauté du haut du pont Mercier dans le Saint-Laurent, s’est retrouvé dans une zone « non navigable et non balisée pour le public », a indiqué le syndicat par communiqué.

La situation, qui aurait pu tourner au drame, n’est pas sans rappeler celle qui a coûté la vie à Pierre Lacroix, pompier de 58 ans, et blessé trois de ses camarades, le 17 octobre 2021.

La CNESST avait d’ailleurs mis en cause la formation nautique des pompiers et la sûreté des bateaux de sauvetage utilisés par le Service de sécurité incendie de Montréal, à la suite du décès de Pierre Lacroix.

PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, ARCHIVES LA PRESSE

Obsèques du pompier Pierre Lacroix, mort en service lors d’une opération de sauvetage nautique le 17 octobre 2021

« La seule solution est la suspension complète et intégrale du service de sauvetage nautique jusqu’à ce que la formation, les équipements, le nombre d’intervenants et d’embarcations ainsi que la capacité du service à gérer et intervenir dans de telles missions soient adéquats afin d’éviter de perdre des sauveteurs à nouveau », a déclaré le vice-président du syndicat, Richard Lafortune.

L’Association des pompiers de Montréal, qui regroupe plus de 2000 pompiers du Grand Montréal, dénonce à la CNESST les lacunes de la formation sur le sauvetage nautique.

Le syndicat signale l’absence de « personnes-ressources » pour encadrer le personnel et la nécessité d’un « plan pédagogique précis ». Les membres déplorent également le non-respect des normes de l’Association nationale de protection contre les incendies (NFPA) et de la Loi sur la santé et la sécurité au travail.

Les membres du syndicat dénoncent aussi le manque de procédures concernant la remise en service des embarcations après leur entreposage.

« Le syndicat [poursuit] activement ses interventions et représentations auprès des instances et autorités compétentes, au nom de l’intégrité́ physique de ses membres », peut-on lire dans le communiqué.

Après la mort de Pierre Lacroix, la CNESST avait interdit la navigation dans la zone non balisée des rapides de Lachine, là où le pompier avait perdu la vie. La Commission avait également remis un constat d’infraction à la Ville pour avoir compromis la sécurité de sauveteurs.

Selon l’organisme, le bateau n’aurait jamais dû se rendre aussi loin dans le secteur, en raison des « limitations » de l’embarcation, avait alors conclu la CNESST dans un rapport.

Le 21 novembre, l’enquête de la coroner Géhane Kamel sur la mort de Pierre Lacroix devrait s’amorcer.

Avec Isabelle Ducas, La Presse, et La Presse Canadienne