Le service rapide par bus (SRB) sera finalement réalité. Dès lundi, 15 des 17 stations de ce corridor de 11 kilomètres de voies réservées pour autobus seront en service. Une fois le projet entièrement livré, la Société de transport de Montréal (STM) estime qu’elle sera en mesure d’offrir un trajet 30 % plus rapide qu’auparavant en bus.

« On a comme objectif de maximiser la vitesse commerciale des bus, avec des stations plus espacées que normalement. Et les voies réservées, situées au centre, sont moins impactées par des véhicules qui sont en virage à droite sur des rues parallèles », a dit le directeur principal du projet du SRB Pie-IX, Marc Dionne.

À terme, ce dernier évalue qu’un « gain de temps de l’ordre de 30 % » par rapport à auparavant est envisageable pour les usagers, ce qui sera plus rapide qu’en voiture. Cela correspond à environ 10 à 15 minutes de gain par rapport aux 40 minutes que prenait jusqu’ici un trajet partant du métro Henri-Bourassa. Les bus seront alimentés au diesel, mais l’objectif est d’aller vers l’électrique aussitôt que possible.

À l’Autorité régionale de transport métropolitain (ARTM), le porte-parole Simon Charbonneau a rappelé que le SRB, qui est en construction depuis 2019, mais qui avait d’abord été annoncé en 2009, sera « connecté au nord à la ligne de train de Mascouche ». « On sait qu’il y a beaucoup d’usagers qui débarquent à Sauvé pour connecter avec la ligne orange. Maintenant, il y a une nouvelle option. C’est une bonne nouvelle pour désengorger la ligne orange », a-t-il évoqué, invitant les usagers à vérifier lequel des nouveaux « tarifs métropolitains » conviendra le mieux à leur utilisation.

Le titre unitaire « Tous modes AB » – pour quelqu’un qui viendrait de Laval vers Montréal, par exemple – coûte 4,50 $, contre 3,50 $ pour quelqu’un demeurant dans l’île. Plusieurs navetteurs de la Rive-Nord et de la Rive-Sud réclament d’ailleurs que l’ARTM rééquilibre cet écart tarifaire.

Encore incertain pour Notre-Dame

À ce jour, le prolongement allant jusqu’à la rue Notre-Dame Est – qui a été mis sur pause – est toujours prévu. M. Dionne affirme que la STM pourra faire des annonces bientôt, mais que devant un appel d’offres « insatisfaisant », l’organisme est de retour en analyse pour optimiser les coûts. Initialement fixé autour de 300 millions, le budget du SRB Pie-IX a connu plusieurs dépassements de coûts dans les dernières années. En incluant l’ajout de Notre-Dame, la facture du projet était montée à plus de 650 millions. Officiellement, le budget est actuellement de 523 millions, sans compter Notre-Dame.

Sur place, le député solidaire d’Hochelaga-Maisonneuve, Alexandre Leduc, a d’ailleurs parlé d’une « ombre importante au tableau » quant à l’incertitude entourant le prolongement vers Notre-Dame, qu’il considère comme crucial. « On se demande si Hochelaga est puni pour s’être opposé au REM de l’Est. On aimerait ça, avoir des assurances que non, que ça va aller de l’avant rapidement », s’est-il exclamé.

« Il en faut beaucoup plus, évidemment. […] Ce n’est qu’un début », a réagi la mairesse Valérie Plante, saluant toutefois le potentiel « très important » et « l’espoir » que porte le projet pour l’est de Montréal.

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La mairesse de Montréal, Valérie Plante

Questionnée pour savoir si le SRB pourra être reproduit ailleurs dans l’île, la ministre des Transports Geneviève Guilbault s’est quant à elle montrée prudente. « Ça dépend des objectifs, de l’aménagement et d’une foule de choses. Chaque cas devra être étudié. Chaque coin n’a pas nécessairement les mêmes besoins et le même mode pour y répondre », a-t-elle répondu.

Encore des étapes à venir

Tout ne sera pas prêt dès lundi. Le nouveau service rapide par bus sera en fonction du boulevard Saint-Martin à Laval, avec un stationnement incitatif de 750 places, jusqu’à l’avenue Pierre-De Coubertin, à Montréal. Par contre, le secteur Jean-Talon, où la construction du tunnel piétonnier reliant la future station de la ligne bleue se poursuit, ne sera pas en service immédiatement, tout comme celui du pont Pie-IX, dont la réfection sera achevée à l’automne 2023. Les stations Jean-Talon et Bélanger devront donc attendre à ce moment.

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Questionnée pour savoir si le SRB pourra être reproduit ailleurs dans l’île, la ministre des Transports Geneviève Guilbault s’est quant à elle montrée prudente. « Ça dépend des objectifs, de l’aménagement et d’une foule de choses. »

Par ailleurs, la construction d’un tunnel piétonnier, qui est toujours en cours, entraînera la fermeture complète de l’intersection du boulevard Pie-IX et de la rue Jean-Talon Est dès cet automne.

À terme, le SRB Pie-IX doit desservir l’est de Laval en traversant quatre arrondissements. Des correspondances sont prévues avec la ligne verte du métro, à la station Pie-IX, ainsi qu’avec la Société de transport de Laval (STL) et la ligne de train de banlieue exo5 – Mascouche.

La fréquence de bus empruntant le SRB dépendra toutefois des chantiers en cours, dont ceux dans le secteur Jean-Talon, mais aussi des travaux relevant du ministère des Transports du Québec (MTQ) aux ponts Pie-IX et de la Concorde. La Ville a d’ailleurs investi 130 millions ces dernières années pour retaper les infrastructures de voirie tout le long de l’axe Pie-IX.

Une « offre transitoire » sera en vigueur d’ici là. La ligne 439 Express Pie-IX deviendra la ligne principale, avec une fréquence « grandement bonifiée » dans le corridor du SRB, et ses abris seront localisés au centre des voies. La fréquence des bus sera aussi augmentée pour ce parcours dans trois secteurs : Lacordaire/Henri-Bourassa, Carrefour Henri-Bourassa/Pie-IX et Laval. On estime que les bus passeront ainsi régulièrement, une fois tous les quatre à dix minutes durant la journée en semaine. L’horaire de la ligne 139 Pie-IX sera quant à lui « ajusté à la baisse », avec des arrêts en bordure de rue. Quant à la ligne de nuit, la 355 Pie-IX, sa fréquence demeurera « inchangée ».

En savoir plus
  • 500 000
    Le président de la STM, Éric Alan Caldwell, a noté que le SRB desservira un demi-million de personnes au total, dont 160 000 pour qui il s’agira de « l’articulation centrale » de la mobilité. « On aura une signalisation intelligente et on pourra éviter l’intercalage. Les bus ne seront plus en tapons comme c’était le cas sur Pie-IX », s’est-il réjoui, visant à terme « une fréquence sur le SRB comme celle des métros ».