La relance postpandémique de la métropole avance bien, mais les projets concrets mis de l’avant par Valérie Plante pour « remettre Montréal sur les rails » progressent plus lentement que prévu, selon des observateurs du monde municipal.

Le 11 avril 2021, la mairesse avait proposé aux Montréalais un plan sur 500 jours pour redonner un élan à la métropole. Pendant ce laps de temps, on devait « démarrer le chantier de la ligne bleue », présenter « le projet de tramway vers Lachine » ou « réécrire ensemble le nouveau plan d’urbanisme et de mobilité de Montréal », entre autres projets. Mme Plante avait prononcé son discours dans le cadre d’un congrès de Projet Montréal.

Les 500 jours évoqués par Mme Plante sont écoulés depuis le début de l’automne.

En avril 2021, Valérie Plante avait affirmé qu’en 500 jours, Montréal allait…

PHOTO MARTIN TREMBLAY, ARCHIVES LA PRESSE

La mairesse Valérie Plante, lors du dévoilement des mesures mises en place pour la relance de Montréal, en avril 2021

  • « Réécrire le nouveau plan d’urbanisme et de mobilité »
  • « démarrer le chantier de la ligne bleue et du REM de l’Est »
  • « présenter […] le projet de tramway vers Lachine »
  • « lancer le plus grand chantier de construction d’habitations des 50 dernières années » à Blue Bonnets, dans Lachine-Est et dans l’est de Montréal
  • « relancer le tourisme »
  • « commencer à construire un réseau de parcs »
  • « revenir à la croissance du PIB et au niveau d’emploi que nous connaissions avant la pandémie »
  • « relancer notre vie culturelle »

Des observateurs et protagonistes du monde municipal estiment maintenant que la mairesse a partiellement péché par excès d’optimisme en multipliant les engagements. Ils s’entendent cependant pour dire que de façon générale, la relance de Montréal se déroule assez bien.

L’administration Plante fait valoir qu’elle a travaillé sur chacun de ces thèmes dans la dernière année et demie. Mais les chantiers évoqués (ligne bleue, REM de l’Est, habitation) sont visiblement plus complexes à démarrer que le laissait entendre la mairesse. Le plan était « ambitieux », mais pas trop ambitieux, a assuré l’administration.

« Une perspective un peu rose »

Michel Leblanc, grand patron de la Chambre de commerce du Montréal métropolitain (CCMM), estime que « d’un point de vue général, la relance de la métropole est très réussie ».

Mais dans les engagements pris par Valérie Plante pour son plan de relance de 500 jours, « certains éléments sont en retard, certains éléments ne sont toujours pas déployés et c’est très important pour pérenniser la relance ». M. Leblanc accorde une meilleure note sur d’autres engagements : la relance culturelle est bien lancée, a-t-il dit, et le chantier de la ligne bleue est imminent.

« Quand on regarde cette liste-là, c’est sûr qu’il y a certains libellés qui sont trop optimistes », a dit Christian Savard, de l’organisme Vivre en ville. Par exemple, « c’était trop optimiste de dire qu’on allait avoir en main un plan d’urbanisme » après 500 jours. Son dépôt est finalement prévu pour 2024.

À son avis, le milieu associatif – près des valeurs de Projet Montréal – a été déçu par les premiers mois du nouveau mandat. « On s’attendait à un départ sur les chapeaux de roues qui ne s’est pas matérialisé dans la première moitié de l’année », a-t-il dit. « Mais là, depuis deux-trois mois, ça s’est replacé », a-t-il ajouté, mentionnant le développement du réseau cyclable, ainsi que le développement immobilier à l’hippodrome.

La professeure de l’UQAM Danielle Pilette et l’ex-élue municipale Justine McIntyre, deux observatrices aguerries de la scène politique montréalaise, estiment aussi que le programme de Valérie Plante était trop ambitieux.

« Ces engagements-là reflètent l’optimisme qu’on avait au printemps 2021 par rapport à la COVID-19 et à la reprise », a dit Mme Pilette en entrevue téléphonique. Elle estime que certains objectifs sont carrément ratés (comme le tramway de Lachine) alors que « ça bouge » sur d’autres engagements. Le discours de Mme Plante voulait « présenter une perspective un peu rose de l’avenir de Montréal, mais il manquait un certain réalisme. […] C’est le risque de se projeter dans l’avenir dans une période d’instabilité », a ajouté Mme McIntyre.

« Tout est en cours »

Luc Rabouin, maire du Plateau-Mont-Royal et responsable du développement économique de Valérie Plante, a fait valoir que la relance de Montréal « se passe vraiment bien, au-delà de nos espoirs ». « Au début de la pandémie, Montréal était l’épicentre de la pandémie, et tous les acteurs – y compris nous, à la Ville –, on avait peur que ça nous colle à la peau », a dit l’élu.

Les secteurs des technologies et de l’hôtellerie vont particulièrement bien, a-t-il dit. Le commerce de détail et la restauration ont encore des progrès à faire pour revenir à leur niveau d’activité prépandémique.

M. Rabouin a défendu point par point le discours de la mairesse, exposant les progrès effectués par son administration dans chacun de ces secteurs et nuançant les propos de Mme Plante. « Réécrire le nouveau plan d’urbanisme et de mobilité » en 500 jours ne signifiait pas nécessairement que le document serait finalisé, a-t-il dit.

« La feuille de route que Mme Plante a mise de l’avant était ambitieuse, comme elle l’est aussi. Elle est ambitieuse pour Montréal, a-t-il dit. C’est sûr qu’on n’a pas tout finalisé, tout réalisé ce qu’on avait annoncé, mais tout est en cours. Les choses sont en marche. [En avril 2021], on avait besoin d’avoir une impulsion, une direction. »