La pratique du vélo se porte bien à Montréal, selon les données d’achalandage des pistes cyclables de la métropole et de BIXI. Entre 2020 et 2021, le nombre de déplacements à deux roues a augmenté de 20 %, ont mesuré les compteurs des pistes cyclables de la métropole.

Durant les neuf premiers mois de cette année, les compteurs des pistes cyclables montréalaises ont déjà enregistré un total de plus de 12 millions de passages. Ce bilan fait suite à la hausse marquée observée en 2021, alors que près de 17 millions de passages avaient été enregistrés, contre 14 millions l’année précédente.

Depuis plus de cinq ans, les Montréalais se tournent plus régulièrement vers le vélo, selon Philippe Apparicio, directeur du Laboratoire d’équité environnementale. « Il y a eu un transfert modal du transport en commun vers le vélo, car les lignes, surtout la ligne orange, étaient surchargées. Beaucoup d’usagers ont décidé de prendre le vélo en se rendant compte qu’il est aussi efficace que le métro », explique-t-il.

La pandémie, entraînant pour certains une crainte des transports en commun, encourage à son tour ce changement. La période est d’ailleurs suffisamment longue pour que le vélo, même après la levée des restrictions sanitaires, soit devenu une habitude pour plusieurs. « Quelque 20 % des cyclistes ont dit faire plus de vélo durant la pandémie et il semble qu’ils aient gardé ces habitudes », illustre Priscilla Dutra Dia Viola, doctorante à la faculté de l’aménagement de l’Université de Montréal.

Le REV, accélérateur à deux roues

L’arrivée du Réseau express vélo (REV) depuis 2019 semble avoir donné un nouvel élan à ce mode de déplacement à deux roues. « Le REV change le visage de la pratique du vélo à Montréal », confirme Magali Bebronne, directrice des programmes et porte-parole de Vélo Québec.

Même conclusion pour Samuel Milette-Lacombe, co-porte-parole de l’Association pour la mobilité active d’Ahuntsic-Cartierville.

La construction d’axes REV y est pour beaucoup dans l’augmentation de l’achalandage.

Samuel Milette-Lacombe, co-porte-parole de l’Association pour la mobilité active d’Ahuntsic-Cartierville

Comme le prouvent les données compilées par La Presse, l’infrastructure trouve un franc succès du côté des usagers. Selon Philippe Apparicio, du Laboratoire d’équité environnementale, elle permettrait de rapprocher en efficacité le vélo de l’automobile. « Si l’on veut que le vélo soit utilisé dans une ville comme Montréal, il faut qu’il soit aussi ou plus efficace que les autres modes de transport. Le REV permet ça, car c’est un axe rapide et sécuritaire », explique-t-il.

Le succès de BIXI

Autre responsable de l’augmentation, le réseau de vélos libre-service BIXI qui, plus d’une décennie après son implantation à Montréal, continue de faire de nouveaux adeptes. Les chiffres mis en ligne par le réseau prouvent son succès. En juillet 2022, le service comptait 35 000 nouveaux abonnés et environ 250 000 achats d’accès occasionnels.

« BIXI, ça a aussi changé toute la donne, parce que c’est venu créer une acceptabilité sociale et une occasion pour les gens d’essayer le vélo. Ça a donné un coup d’accélérateur énorme à la culture du vélo », explique Magali Bebronne, de Vélo Québec.

Quand on regarde les résultats de BIXI par rapport à d’autres systèmes de vélopartage, le système est extrêmement populaire.

Magali Bebronne, directrice des programmes et porte-parole de Vélo Québec

De son côté, Frédéric Bataille, porte-parole de la Coalition mobilité active de Montréal, associe ce succès à celui des infrastructures créées par la Ville de Montréal. « On a vu l’utilisation des BIXI augmenter beaucoup ces dernières années. C’est en relation avec les aménagements cyclables. Plus il y en a, plus les gens utilisent les vélos en libre-service. »

Un outil pour le désenclavement

Les résultats du REV et ceux de BIXI semblent donc prouver la popularité du vélo à Montréal. Pourtant, les discours et les données ne concernent souvent que le centre de la ville. « Il faut également continuer à déployer le réseau de voies cyclables périphériques. Il y a encore beaucoup de secteurs délaissés qui n’ont pas de réseau cyclable protégé », nuance Samuel Milette-Lacombe, de l’Association pour la mobilité active d’Ahuntsic-Cartierville.

Les chiffres de l’achalandage ainsi que ceux de BIXI confirment tout de même le bilan positif publié par Vélo Québec en 2020 dans son rapport intitulé L’état du vélo au Québec. L’organisme comptabilisait alors 4,5 millions de cyclistes au Québec, dont 1,1 million étaient montréalais. « On sait qu’un Québécois sur deux fait du vélo, pour différentes raisons, pour les loisirs par exemple. À Montréal la réalité est différente, le vélo est un mode de transport », réaffirme Magali Bebronne.