(Montréal) Des milliers de personnes ont marché dans les rues de Montréal samedi après-midi pour donner une voix au peuple iranien et dénoncer le régime politique oppressif de la République islamique.

Les drapeaux de l’Iran ont flotté dans le centre-ville de Montréal samedi après-midi, tandis que les manifestants marchaient sous le slogan « Femme, vie, liberté » pour dénoncer les violences du régime d’Ebrahim Raïssi contre les femmes en Iran.

« On essaie d’être l’écho de ce qui se passe en Iran », explique la chercheuse d’origine iranienne Nimâ Machouf, membre du collectif Femme vie liberté qui encadrait la marche.

Les paumes de la main badigeonnées de rouge, une vingtaine de femmes ont ouvert la marche avec une bannière sur laquelle on pouvait lire « Non à la République islamique ». Cette marche s’inscrit dans le contexte de la mort de Mahsa Amini, morte aux mains de la police des mœurs pour avoir porté son voile de manière « incorrecte » le 16 septembre 2022.

Les manifestants brandissaient des slogans en français, en anglais et en persan, comme « Pour ma mère, pour ma sœur, pour l’Iran » et « Liberté et démocratie en Iran ».

« Crime envers l’humanité »

Quand la foule s’est réunie à la place du Canada en fin de journée, la communauté iranienne a chanté en chœur Baraye de l’Iranien Shervin Hajiaghapour. La chanson a été écrite par l’artiste à la suite de la mort de la jeune fille et dénonce le régime oppressif de la République islamique qui pèse sur l’Iran depuis plusieurs années.

« Ils ont besoin que nous soyons leur voix. C’est un crime envers l’humanité qui perdure depuis plus d’un mois en Iran », affirme Atena Barforoushi, qui a immigré au Québec de l’Iran il y a près de 10 ans. Comme beaucoup de protestataires en Iran, elle a été arrêtée auparavant par la police des mœurs trois fois pour avoir dérogé au code de conduite de la République, a-t-elle confié.

PHOTO DENIS GERMAIN, COLLABORATION SPÉCIALE

Rassemblement de soutien aux femmes iraniennes dans le centre-ville de Montréal, samedi

Rose Tandel a participé à la marche aux côtés de ses parents qui ont quitté l’Iran avant que la République islamique s’installe dans les années 1980. « On doit soutenir nos sœurs en Iran », explique la jeune fille assise avec sa mère et sa grand-mère à la place du Canada.

Les Tandel ont perdu contact avec les membres de leur famille toujours installés en Iran, à la suite des coupures de l’internet par l’État en septembre dernier. « J’aimerais être là », déplore la mère de Rose Tandel, qui se sent impuissante devant la vague de révoltes dans son pays natal.

Il faut rassembler les gens et porter la voix de ceux qui sont en Iran parce que le gouvernement iranien essaie d’étouffer les voix dissidentes à l’intérieur du pays.

Nimâ Machouf, membre du collectif Femme vie liberté

Sa fille, l’avocate Yalda Machouf Khadir, s’est prononcée devant la foule au nom du collectif Femme vie liberté. « Ce régime autoritaire, corrompu et répressif n’a plus sa place dans notre pays. Le temps est venu pour le peuple iranien de s’affranchir du [régime islamique] qui tyrannise l’Iran, son peuple et ses femmes », a-t-elle dénoncé.

Le collectif demande notamment au gouvernement du Canada de suspendre les accords avec la République islamique d’Iran et de reconnaître comme « entité terroriste » les « corps d’armée formés par les Gardiens de la révolution islamique ». Le groupe réclame également au gouvernement canadien « d’identifier les agents de répression directement reliés à la République islamique d’Iran ».

80 000 manifestants à Berlin

Quelque 80 000 personnes sont descendues dans les rues de Berlin samedi pour soutenir le peuple iranien secoué par les révoltes, a indiqué un porte-parole de la police à l’Agence France-Presse.

« Aujourd’hui, des milliers de personnes affichent leur solidarité aux courageuses femmes et aux manifestants en Iran, a écrit sur Twitter Lisa Paus, la ministre allemande de la Famille. Nous sommes à vos côtés. »

Pendant que de nombreux militants donnaient leur soutien au peuple iranien samedi, des commerçants et des ouvriers ont fait la grève dans plusieurs villes en Iran, notamment à Saquez, la ville natale de Mahsa Amini.

Selon le média local 1500tasvir, de nombreux étudiants ont également manifesté sur les campus à travers le pays, alors que les soulèvements entrent dans leur sixième semaine.

La répression des protestations en Iran est la plus importante au pays depuis les manifestations en 2019 contre la hausse du prix de l’essence. L’organisme Iran Human Rights, ayant son siège à Oslo, recense 122 morts, dont des enfants, depuis le début des révoltes.

Marée de manifestants à Berlin et autres rassemblements dans le monde
  • Rassemblement à Berlin

    PHOTO CHRISTIAN MANG, REUTERS

    Rassemblement à Berlin

  • Rassemblement à Berlin

    PHOTO MARKUS SCHREIBER, ASSOCIATED PRESS

    Rassemblement à Berlin

  • Rassemblement à Berlin

    PHOTO JOHN MACDOUGALL, AGENCE FRANCE-PRESSE

    Rassemblement à Berlin

  • Rassemblement à Tokyo

    PHOTO YUICHI YAMAZAKI, AGENCE FRANCE-PRESSE

    Rassemblement à Tokyo

  • Rassemblement à Londres

    PHOTO KEVIN COOMBS, REUTERS

    Rassemblement à Londres

  • Rassemblement à Istanbul

    PHOTO EMRAH GUREL, ASSOCIATED PRESS

    Rassemblement à Istanbul

  • Rassemblement à Istanbul

    PHOTO EMRAH GUREL, ASSOCIATED PRESS

    Rassemblement à Istanbul

  • Rassemblement à Istanbul

    PHOTO JOSE LUIS MAGANA, ASSOCIATED PRESS

    Rassemblement à Istanbul

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Avec La Presse Canadienne et l’Agence France-Presse