La statue de Jean Lapierre, célèbre chef syndical aux méthodes controversées, a été retirée mercredi de son emplacement, avenue Papineau, devant l’édifice du Syndicat des cols bleus regroupés de Montréal, qui veut ainsi s’en dissocier.

En faisant ce « geste historique », le syndicat veut lancer le message qu’il « incarne un mouvement renouvelé » et qu’il veut redéfinir son « image publique », indique un communiqué diffusé par le Syndicat canadien de la fonction publique (SCFP), qui chapeaute le syndicat des cols bleus (section locale 301).

Jean Lapierre a été à la tête du syndicat montréalais de 1985 à 2003. La statue de bronze avait été érigée en 2003 à la suite de sa retraite.

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Jean Lapierre devant la statue érigée en son honneur.

« L’histoire du 301 n’est pas l’histoire d’un seul homme, mais bien l’histoire de milliers de salariés de la Ville de Montréal qui se sont tenus debout pour de meilleures conditions de travail. Dans un monde où les inégalités ne cessent de croître, nous exécutons ce geste fort pour rappeler que nous sommes l’ami du peuple et que l’on veut un projet de société qui a à cœur l’intérêt de tous et toutes », a déclaré le président du syndicat, Luc Bisson, par voie de communiqué.

Il a été impossible de parler à M. Bisson pour en savoir plus sur la nouvelle philosophie de son syndicat.

Émeute à l’hôtel de ville

Le règne de Jean Lapierre à la présidence du syndicat a été marqué par de nombreux affrontements avec les administrations municipales successives : grèves, actes de sabotage et manifestations.

En 1993, alors que les négociations avec l’administration du maire Jean Doré piétinent, des membres du syndicat prennent d’assaut l’hôtel de ville en enfonçant les portes à l’aide de béliers. Jean Lapierre écope d’une peine d’emprisonnement de six mois à la suite de cette émeute. Il passera une trentaine de jours derrière les barreaux, en 1999.

En 1994, des cols bleus épandent des déchets dans les rues de la ville et sur le mont Royal. Jean Lapierre et 24 cols bleus seront accusés d’outrage au tribunal.

Après sa retraite, en 2003, M. Lapierre sera nommé membre honoraire à vie du syndicat et continuera d’y travailler.

Que fera-t-on de la statue ? « Nous allons prendre le temps de réfléchir collectivement sur la façon de disposer de la statue. On ne peut pas effacer l’histoire, mais on peut en parler différemment », souligne Luc Bisson dans le communiqué diffusé par son syndicat.