La famille du jeune Hocine Ouendi, qui a été rabroué durement par le maire de l’arrondissement d’Anjou, Luis Miranda, la semaine dernière en plein conseil, n’a toujours pas reçu d’excuses de la part de l’élu municipal.

M. Miranda a affirmé, sur les ondes de TVA Nouvelles, qu’il s’excusait pour son comportement, mais n’a pas contacté directement Hocine Ouendi ni sa famille pour faire amende honorable.

« Je m’en excuse de la façon que j’ai répondu, j’aurais pas dû répondre comme ça, mais j’ai à penser quand même au bien être de tout le monde », a dit M. Miranda, qui se trouve à l’extérieur du pays, au cours d’une brève conversation téléphonique avec un journaliste du réseau de télévision, jeudi.

Le maire d’Anjou poursuit en soulignant qu’il ne veut pas prendre tout le blâme pour l’incident. Il explique avoir reçu des courriels de parents se plaignant que « des jeunes filles de 12 ans se font traiter de putes par ces jeunes-là ».

Ni Hocine Ouendi, ni son père Smail Ouendi n’ont été contactés directement par Luis Miranda, ont-ils confirmé à La Presse.

Plante « extrêmement en colère »

Un peu plus tôt, jeudi, la mairesse de Montréal, Valérie Plante, s’était dite « extrêmement en colère » contre le maire d’arrondissement, en lui demandant de s’excuser auprès de l’adolescent de 15 ans et de sa famille.

« Ce que M. Miranda a fait, ça porte préjudice à tous les élus, parce que les jeunes vont se dire que les politiciens ne les considèrent pas », a déploré Mme Plante.

PHOTO ROBERT SKINNER, LA PRESSE

La mairesse Valérie Plante a annoncé qu’une somme de 7 millions, à l’intérieur du budget participatif de 32 millions de la Ville de Montréal, serait réservée à des projets et infrastructures identifiés par les jeunes pour améliorer leurs milieux de vie.

La mairesse a fait ce commentaire à l’occasion d’une conférence de presse au cours de laquelle elle a annoncé qu’une somme de 7 millions, à l’intérieur du budget participatif de 32 millions de la Ville de Montréal, serait réservée à des projets et infrastructures identifiés par les jeunes pour améliorer leurs milieux de vie.

Elle a souligné que cette initiative permettrait aux jeunes de « se réapproprier leur pouvoir d’agir sur leur ville » au lieu de se tourner vers la violence.

Terrains de soccer fermés

Et c’est justement ce qu’a voulu faire Hocine Ouendi, en se présentant devant le conseil d’arrondissement d’Anjou, pour demander au maire la réouverture des terrains de soccer synthétiques dans trois parcs du secteur.

Les terrains ont été fermés en raison d’actes de vandalisme, et l’adolescent a proposé l’embauche de surveillants pour éviter ce genre de situation.

Il a été sèchement critiqué et interrompu par Luis Miranda, qui l’a sermonné pour avoir osé poser une question au maire. « À 15 ans, j’ai même pas d’affaire à lui parler », dit le maire d’arrondissement, qui demande à la mère du jeune Hocine de mieux éduquer son enfant.

« Regardez-vous dans le miroir », poursuit M. Miranda, en soulignant que de tels problèmes ne surviennent que sur les terrains de soccer et pas sur les plateaux d’autres sports.

« Je suis extrêmement en colère contre les propos de M. Miranda parce que ça va avoir une influence sur la façon dont les jeunes vont voir les adultes », a dit la mairesse Plante.

« Bravo à Hocine Ouendi, 15 ans, qui est allé poser sa question. Quel jeune éloquent, accompagné de ses parents qui sont là, fiers. C’est tellement une belle image. J’aimerais dire à M. Miranda qu’au conseil municipal, des jeunes viennent poser des questions, des enfants aussi, et personne ne se fait revirer de bord. »

Au cours de la conférence de presse, Abdellah Azzouz, intervenant au Forum jeunesse de Saint-Michel, a aussi déploré les propos du maire de l’arrondissement d’Anjou, lui demandant de rouvrir les terrains de soccer pour les jeunes.

Lisez la chronique de Patrick Lagacé