Deux jours après l’élection d’un second gouvernement Legault majoritaire, la Communauté métropolitaine de Montréal (CMM) réclame 100 millions sur cinq ans à Québec, afin d’aider les municipalités à acquérir neuf terrains de golf qui ont récemment été protégés du développement immobilier.

« Les récentes études et la multiplication d’évènements météo extrêmes comme l’épisode de pluie diluvienne du 13 septembre démontrent l’urgence d’agir et d’augmenter la superficie de milieux naturels et d’espaces verts. Plusieurs municipalités souhaitent agir en ce sens, mais elles font face à des obstacles majeurs et manquent d’outils », a déploré mercredi la mairesse Valérie Plante, qui est aussi présidente de la CMM.

Elle soutient que le nouveau gouvernement Legault, qui n’a toujours que deux élus sur l’île de Montréal, « doit vite mettre en place diverses mesures pour les soutenir et favoriser la réalisation de projets de protection et de mise en valeur », afin « d’augmenter la résilience » de toute la région.

À la mi-juin, Québec avait officiellement approuvé l’adoption du règlement de contrôle intérimaire (RCI) de la CMM, et avait du même coup restreint le développement immobilier sur près de 12 400 hectares supplémentaires de milieux naturels, dont six terrains de golf « nécessitant une attention prioritaire ». À la fin du mois de septembre, trois autres terrains ont été ajoutés à ce sommaire, pour un total de neuf.

Les clubs de golf de Belœil, de Candiac, de Chambly, de Mascouche, de Rosemère et de Terrebonne sont protégés par le règlement de contrôle, tout comme le club de golf de Boucherville, le golf Dorval et le golf Sainte-Rose, à Laval.

Vers un parc nature à Candiac ?

À Candiac, le maire Normand Dyotte a soutenu mercredi que les municipalités doivent « respecter la capacité de payer des contribuables », une façon de dire qu’il ne peut hausser les taxes pour financer l’acquisition de terrains. « C’est pourquoi nous avons besoin de l’aide du gouvernement du Québec », plaide-t-il, disant vouloir « réaliser des projets porteurs ».

Son administration planche entre autres sur un projet de parc nature sur les terrains de l’ancien golf. La Ville n’a d’ailleurs pas caché son intention d’acquérir le terrain de golf, mais seulement quand « toutes les conditions favorables seront réunies » pour en faire un parc nature. Le projet inclurait une forêt urbaine, des prairies, des étangs ainsi qu’un sentier de plusieurs kilomètres.

La CMM réclame aussi une autre enveloppe de 100 millions pour créer un « réseau de parcs métropolitains », et l’intégrer à son réseau de Trame verte et bleue. Cette seconde somme servirait à financer la poursuite des travaux au Parc du Domaine-Seigneurial-de-Mascouche et l’aménagement de la Promenade fluviale du Grand Montréal, sur la digue de la Voie maritime du Saint-Laurent.

Sans surprise, l’organisme demande aussi que Québec aille de l’avant avec une réforme de la Loi sur l’expropriation, afin que l’indemnité soit calculée sur la base de la juste valeur marchande lors de l’acquisition de milieux naturels par expropriation.

En mai, François Legault s’était engagé à réformer cette loi et à donner le droit de préemption aux municipalités, en refusant toutefois net de revoir la fiscalité des villes, qui veulent se sortir du carcan de la taxe foncière. « Dans le prochain mandat, on va aussi adopter une loi sur les expropriations », avait-il lancé lors de son passage aux Assises de l’Union des municipalités du Québec.