Le gouvernement Trudeau n’entend pas intervenir, du moins pour le moment, pour empêcher la distribution du Publisac par Postes Canada, comme lui réclame le conseil municipal de Montréal. L’administration Plante ne cache pas sa déception « que le gouvernement refuse de se positionner ».

Des sources fédérales ont en effet confirmé mercredi à La Presse que Postes Canada demeure « une agence indépendante », qui peut donc prendre ses propres décisions. Selon nos informations, aucune orientation officielle n’a toutefois encore été prise au gouvernement canadien quant à l’avenir à plus long terme de la distribution du Publisac.

Lundi, le conseil municipal de Montréal avait adopté à l’unanimité une déclaration demandant à Postes Canada de respecter la décision d’interdire la distribution du Publisac, et à Ottawa d’intervenir.

« On est très fiers de notre réglementation », avait affirmé Valérie Plante. Le Publisac, « ça représente plus de 40 millions de circulaires par année. […] Ça veut dire que les centres de tri de Montréal doivent traiter plus de 17 000 tonnes de circulaires. On ne peut pas continuer dans cette voie-là, ça ne tient pas la route. »

Mme Plante a même eu des mots durs envers Postes Canada. « Moi je ne trouve pas ça acceptable, mais alors là pas du tout », a-t-elle dit. « Ça va à l’encontre du principe d’autonomie municipale. Nos règlements, on ne les fait pas pour le fun. »

Une affaire d’obligations

Au cabinet de la ministre des Services publics et de l’Approvisionnement, Helene Jaczek, on se dit à l’écoute. « On comprend les enjeux concernant le Publisac », assure l’attaché de presse Olivier Pilon. « Nos équipes vont travailler avec Postes Canada pour trouver une solution à ce problème-là, mais on va aussi continuer à livrer les services sur lesquels les Canadiens comptent », évoque-t-il.

Postes Canada, de son côté, assure aussi comprendre « ce que la Ville de Montréal essaie d’accomplir », en réitérant toutefois « qu’en tant que fournisseur national de services postaux », l’agence est « tenue de livrer tout le courrier qui est correctement préparé et payé, y compris le publipostage ».

« Comme la Ville de Montréal, nous sommes par ailleurs déterminés à respecter l’environnement. Nous nous sommes engagés à atteindre la carboneutralité d’ici 2050 et avons annoncé notre plan d’électrifier notre vaste parc de véhicules », insiste la porte-parole, Valérie Chartrand, en rappelant que son groupe a testé l’an dernier deux projets de vélos cargo électriques sur certains itinéraires au centre-ville.

Au cabinet de la mairesse, on s’est indignés mercredi du maintien de la décision de Postes Canada. « Comme Postes Canada a l’intention de bafouer la ferme volonté de la population montréalaise ainsi qu’un règlement de la Ville, cela devient une question éminemment politique », a martelé l’attachée de presse Catherine Cadotte.

« On est déçu que le gouvernement refuse de se positionner et on s’attend à ce qu’il prenne action pour respecter son engagement à réussir la transition écologique et limiter le gaspillage », a-t-elle ajouté.

Les maires du Grand Montréal réunis en conseil se prononceront d’ailleurs dès jeudi sur une motion demandant « à la Société canadienne des postes de respecter la compétence des municipalités de limiter la distribution d’articles publicitaires non demandés ».