La « folie meurtrière » ayant mené à la mort de trois hommes cette semaine dans la région de Montréal relevait d’un « évènement isolé », selon la mairesse Valérie Plante, qui appelle la population à « ne pas céder à la peur ».

« C’est absolument troublant, mais il ne faut pas céder à la peur. Ça aurait pu se passer n’importe où, et il faut creuser un peu et regarder : pourquoi ça s’est produit ? Qu’est-ce qui s’est passé ? », s’est-elle demandé dimanche en point de presse devant l’hôtel de ville.

Valérie Plante a profité de l’occasion pour réitérer son appel à restreindre l’accès aux armes à feu, tout en offrant ses « plus sincères condoléances » aux proches des familles endeuillées.

Au terme d’une « folie meurtrière », ainsi que l’a décrite la mairesse, un homme de 26 ans, Abdulla Shaikh, aurait tué trois hommes en l’espace de 24 heures dans la région de Montréal, mardi et mercredi derniers.

Appel à des investissements accrus en santé mentale

Abattu par les forces de l’ordre alors qu’il se cachait dans un motel de l’arrondissement de Saint-Laurent, le suspect dans cette affaire souffrait d’importants problèmes de santé mentale. Il avait pourtant été autorisé à retourner dans la collectivité, même s’il représentait toujours « un risque important pour la sécurité du public », selon un psychiatre qui l’avait évalué en mars dernier.

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Abdulla Shaikh a été abattu dans une chambre du Motel Pierre, dans l’arrondissement de Saint-Laurent, jeudi.

C’est pourquoi la mairesse Valérie Plante a également appelé le gouvernement du Québec à investir davantage d’argent en santé mentale. « Il faut développer des outils pour s’assurer que les personnes qui ont des problèmes de santé mentale soient bien traitées, trouver des solutions », a-t-elle expliqué.

Même si la Ville de Montréal souhaite être proactive en dehors de ses champs de compétence, comme l’affirme Valérie Plante, son pouvoir d’action est limité. « Il faut ouvrir, il faut donner des moyens à ceux qui sont sur la première ligne, dont le SPVM, dont les travailleurs sociaux, dont les organismes communautaires, pour qu’ils puissent faire leur travail », a-t-elle martelé.

Un enjeu électoral

Alors que se profilent des élections provinciales cet automne, Valérie Plante entend faire de la sécurité publique un enjeu central de la campagne à venir.

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Valérie Plante, mairesse de Montréal

« Quand on parle de ce présumé tueur qui était aux prises avec des problèmes de santé mentale, on se rend compte que la sécurité publique, ça dépasse la compréhension qu’on en avait avant. Il faut réfléchir en dehors de la boîte », a-t-elle expliqué.

La mairesse souhaite voir les chefs des principaux partis politiques provinciaux se positionner « très haut et fort » sur la question des armes à feu, notamment. « Il faut des façons d’interdire et de légiférer, de rentrer dans les réseaux de création d’armes fantômes », a-t-elle ajouté en référence au cas d’Abdulla Shaikh, qui aurait fabriqué lui-même l’arme qu’il aurait ensuite utilisée pour commettre trois meurtres.

« Juste des slogans »

Présent au point de presse de la mairesse dimanche, le chef de l’opposition officielle à l’hôtel de ville, Aref Salem, a critiqué le discours de Valérie Plante, estimant que sa sortie arrivait trop tard et se résumait à « juste des slogans ».

« Quatre-vingt-seize heures sont passées sans qu’il y ait un membre de l’administration qui soit sorti pour calmer l’inquiétude des Montréalais. C’est inacceptable », a-t-il déploré.

Selon lui, la police manque d’effectifs, un constat qu’il fait après consultations avec certains membres du SPVM. « Je comprends qu’il s’agit d’un geste isolé, mais cette personne est passée par le système. […] Ça prend des escouades mixtes, il y en a déjà une qui existe dans la police […], il faut l’agrandir, il faut embaucher plus de policiers », a poursuivi Aref Salem.