Pendant que le Réseau express vélo de la rue Saint-Denis bat des records d’achalandage, son extension au centre-ville de Montréal fait des heureux et crée des frictions, a constaté La Presse après l’avoir parcouru de part et d’autre.

Des poteaux bleus ont été installés dans la dernière semaine dans l’avenue Viger et la rue Saint-Antoine pour accueillir le nouveau Réseau express vélo (REV) visant à relier le centre-ville de Montréal d’est en ouest. Aux intersections, une nouvelle signalisation indiquant la priorité aux voitures, aux piétons et aux vélos est aussi apparue.

La nouvelle piste cyclable ravit Sayfonh Vorasane, qui travaille dans une institution financière du centre-ville. Chaque jour, elle vient travailler à vélo à partir de Laval. « J’utilise le REV Saint-Denis et j’aime ça parce que c’est sécuritaire, c’est large », explique-t-elle.

Pour Gabriel Santerre et Laura Becker, deux cyclistes aguerris rencontrés au coin des rues Viger et Berri, la sécurisation des pistes cyclables au centre-ville est une excellente nouvelle. Lundi, ils venaient justement voir à quoi ressemble l’avancée des travaux. « C’est tellement dangereux, la section après le CHUM, lance Gabriel. Il y a une petite voie cyclable qui longe les voitures, du trafic, on peut se faire emportiérer ! »

Selon lui, le fait de rendre plus visibles les voies cyclables au centre-ville va renforcer la sécurité de tous les usagers de la route.

Et ça va encourager les gens à venir au centre-ville à vélo !

Gabriel Santerre

Le seul axe cycliste pour se déplacer au centre-ville de façon sécuritaire se trouve actuellement dans le Vieux-Port, observe de son côté Mme Becker, et il est en partie pavé et partagé avec des piétons.

Des moins heureux

L’élargissement des pistes cyclables ne fait pas l’affaire de tous. Sur de nouvelles sections du REV, La Presse a observé lundi pratiquement plus de voitures et de motocyclettes stationnées au mauvais endroit que de cyclistes.

C’est un cauchemar.

Jimmy Kanaras, gérant du restaurant Les Étoiles

Le restaurant Les Étoiles est situé à l’angle des rues Saint-Antoine Ouest et Saint-François-Xavier. « Ça met tout le monde en danger », soutient son gérant.

Plusieurs hôtels sont installés dans ce quadrilatère. Les clients doivent désormais débarquer de leurs véhicules de l’autre côté de la piste cyclable. « Je suis d’accord avec la piste cyclable, mais je ne comprends pas pourquoi ils ne l’ont pas mise de l’autre côté de la rue ! », s’insurge M. Kanaras.

Des travaux en cours

Les travaux sont en cours pour la portion du REV située entre la rue du Square-Victoria et le boulevard Saint-Laurent, a confirmé Robert Beaudry, responsable de l’urbanisme au comité exécutif de la Ville de Montréal. Ils devraient être terminés au courant de l’année 2023.

Le REV du centre-ville prévoit, à terme, de s’étendre sur près de 11 kilomètres, des rues Berri à De Courcelle, soit presque jusqu’à l’échangeur Turcot. Les pistes cyclables à sens unique vont longer, vers l’ouest, l’avenue Viger, puis la rue Saint-Antoine, et vers l’est, les rues Saint-Jacques et Saint-Antoine.

PHOTO MORGANE CHOQUER, LA PRESSE

Une cycliste sur le Réseau express vélo de Montréal, encombré par des motos.

La portion des travaux située près du Centre hospitalier de l’Université de Montréal (CHUM) – qui a déclaré publiquement son opposition au projet la semaine dernière – ne sera pas réalisée avant 2024 et 2025. « D’ici là, nos équipes continuent de travailler avec les parties prenantes concernées afin de veiller à ce que le projet s’intègre correctement au milieu », souligne M. Beaudry.

À chacun son trajet

Dans un document de la Ville de Montréal visant à expliquer la localisation du REV, que La Presse a pu consulter, les grands axes routiers est-ouest du centre-ville sont séparés en fonctions dominantes.

La rue Sherbrooke et le boulevard René-Lévesque sont les deux routes qui ont la fonction dominante pour les voitures, les camions, le transport collectif et les services d’urgence, selon cette planification de la Ville de Montréal.

Le boulevard De Maisonneuve, la rue Berri et le trajet prévu du REV sont réservés de façon prioritaire aux cyclistes. La rue Sainte-Catherine, quant à elle, a la fonction dominante pour les piétons.

Lorsqu’on choisit un axe – peu importe pour quel mode –, une analyse du secteur est effectuée pour s’assurer que les différents usagers puissent se déplacer en toute fluidité.

Robert Beaudry, responsable de l’urbanisme au comité exécutif de la Ville de Montréal

Les rues Viger et Saint-Antoine sont cependant utilisées par des automobilistes voulant accéder à l’autoroute Ville-Marie. « Les analyses de circulation des équipes ont également permis de constater que cet axe a encore une capacité véhiculaire, explique M. Beaudry. C’est-à-dire qu’on pourrait encore y ajouter de la circulation automobile sans que ça crée des entraves et/ou de la congestion. »