Pour regagner l’ensemble de sa fréquention au sortir de la pandémie de COVID-19, la Société de transport de Montréal (STM) compte « se réinventer », mais surtout faire la démonstration aux différents gouvernements qu’elle est un « bon investissement ».

« On est très conscients que si on réduit le service, on ne les regagnera pas, ces usagers. Il faut ravoir nos parts d’achalandage, et donc restructurer le financement. Pour nous, ça passe par de solides relations avec nos partenaires, donc Québec, Montréal, Ottawa, et les autres », explique le président du conseil d’administration de l’organisme, Éric Alan Caldwell, en entrevue avec La Presse.

Il affirme que la société de transport aura beaucoup à faire dans les prochains mois pour « convaincre [ses] partenaires » et « démontrer l’efficacité de l’investissement [qu’elle] va assurer ». « Au-delà des services, on a tout un travail de persuasion à faire, d’identification de solutions et de réflexion sur les mécanismes du transport collectif. Dire qu’il nous manque de l’argent, c’est facile, mais le trouver et le structurer, c’est plus difficile », fait valoir le président de la STM.

Le tout survient au moment où le conseil d’administration de la STM a entériné vendredi la nomination de Marie-Claude Léonard à titre de directrice générale. L’ex-directrice de l’exploitation du réseau du métro et des bus occupait l’intérim depuis le départ de son prédécesseur, Luc Tremblay, en avril. Mme Léonard, qui travaille à la STM depuis 30 ans, dont 20 comme gestionnaire, a gravi plusieurs échelons au fil de sa carrière, après avoir notamment commencé comme commis à la caisse, pendant ses études.

Dans une déclaration, la principale intéressée a dit vendredi vouloir « mettre en valeur le plein potentiel des employés de la société qui contribueront à moderniser l’organisation et la rendre encore plus performante pour répondre aux attentes [des] clients et des générations futures, comme leader de la mobilité durable ».

« Les défis post-pandémiques sont grands pour la STM, mais je suis convaincue que vous saurez les relever avec brio. Notre administration est enthousiaste de collaborer avec vous pour favoriser le transport collectif », a réagi vendredi la mairesse de Montréal, Valérie Plante.

PHOTO MARCO CAMPANOZZI, ARCHIVES LA PRESSE

Le métro de Montréal, en juin dernier

Des solutions à trouver

Avec les nouvelles réalités qu’impose le travail hybride, le financement du transport collectif demeure selon Éric Alan Caldwell « un énorme défi pour lequel les solutions ne sont pas encore toutes trouvées ». « On ne peut pas dire que tout est clair, que tout est encore débloqué, mais je sens certainement une mobilisation pour passer à une autre étape », indique M. Caldwell.

En ce moment, environ 62 % de l’achalandage prépandémique global est de retour dans le transport collectif de Montréal. Au total, 59 % des usagers du métro sont revenus, et dans les autobus, on atteint 65 %. Au fil du temps, depuis le début de la pandémie, plusieurs prévisions d’achalandage se sont révélées inexactes, au vu des nouvelles vagues de contamination.

« Force est de constater que toutes ces prévisions, il faut les mettre au recyclage, dit Éric Alan Caldwell. Pour moi, la clé, c’est surtout l’agilité, donc de collecter des données pour comprendre réellement les besoins des gens. Il faut miser là-dessus. À trop vouloir faire des prévisions, on passe à côté de la cible. »

Quant à la nouvelle DG, M. Caldwell affirme que plusieurs « candidatures de très haut niveau » ont été reçues, mais que le profil de Mme Léonard s’est tout de même distingué. « Ç’a été une course de fond, avec tout un processus derrière. Mais c’est elle qui s’est distinguée. Son expérience sera très pertinente pour nous. Elle a géré la cellule de crise de la STM pendant la pandémie. Et elle n’a jamais privilégié le statu quo. On est d’accord sur un point : on ne peut plus continuer comme ça à la STM », évoque-t-il.

En quittant son poste, Luc Tremblay – qui travaillait à la société depuis 28 ans – avait déploré le fait qu’il manque deux éléments fondamentaux pour débloquer le plein potentiel de la STM : « une refonte du financement des transports collectifs et une gouvernance métropolitaine efficace ».

« La structure de financement, qui date des années 1990, est totalement déconnectée des nouveaux besoins pour notre secteur », avait-il renchéri, dans une attaque à peine voilée contre l’Autorité régionale de transport métropolitain (ARTM). Il avait clairement dénoncé que sa gouvernance est « dysfonctionnelle à plusieurs égards et tarde à livrer les bénéfices qui devaient y être associés, ce qui a pour effet de plomber l’essor du transport collectif dans la région ».

En savoir plus
  • 80,6 %
    C’est le taux de réalisation des projets de la STM, selon son rapport annuel 2021. Principal chantier de mobilité dans la métropole, la ligne bleue a vu son budget de 6,4 milliards confirmé, en mars, par Québec et Montréal. Le projet devrait être livré en 2029.
    ministère des Transports du Québec (MTQ)