Plus de verdissement, moins de stationnements, aucune nouvelle station-service et des commerces plus près des rues : la Ville de Laval présentera ce mercredi un nouveau règlement d’urbanisme qui la fera « entrer dans le XXIsiècle », estime le maire Stéphane Boyer.

« Il était temps. La dernière fois qu’on avait mis à jour ce règlement, c’était dans les années 1970, lance le jeune élu de 34 ans en entrevue avec La Presse. On veut être un leader parmi les villes du Québec en développement durable », poursuit M. Boyer, en parlant d’une petite révolution pour Laval, mais « aussi pour le monde municipal ».

Son administration établira d’abord des normes de verdissement « beaucoup plus importantes » pour tout nouveau développement ou redéveloppement, en abaissant par exemple la surface carrossable maximale à 10 % dans les secteurs centraux.

Dans les secteurs unifamiliaux résidentiels, on imposera plutôt des « minimums de verdissement en cour avant », variant entre 30 % et 60 % en fonction de la grandeur des terrains. Un maximum de 30 % de superficies réservées aux automobiles sera par ailleurs établi dans les milieux résidentiels multifamiliaux.

Le maire Boyer espère aussi « limiter la place du stationnement » : moins d’espaces pour les voitures seront d’ailleurs exigés par logement, « jusqu’à trois fois moins » dans les secteurs commerciaux.

Nos équipes comptent environ 60 000 cases de stationnement au centre-ville. Et elles ne sont jamais à pleine capacité. Il s’est construit beaucoup plus de stationnements qu’il n’en était nécessaire.

Stéphane Boyer, maire de Laval

« L’idée n’est pas de bannir le stationnement. Ces seuils, c’est aussi pour forcer les développeurs à réfléchir autrement, à développer du stationnement en souterrain ou derrière leurs commerces, par exemple. On veut aussi que les bâtiments commerciaux se construisent plus près de la rue, pour donner une âme et du dynamisme à la vie de quartier. On veut que les gens puissent vivre à l’échelle locale », insiste le maire.

Exit les nouvelles stations-service

L’administration Boyer n’autorisera plus aucune nouvelle station-service sur son territoire, dès mercredi. « On considère qu’on est rendus ailleurs. Les stations qui existent déjà vont pouvoir continuer d’opérer de plein droit, mais on n’en permettra plus de nouvelles à l’avenir », souffle le principal intéressé.

À l’inverse, tous les nouveaux bâtiments – qu’ils soient commerciaux ou résidentiels – devront être aménagés de manière à pouvoir accueillir « au moins une borne de recharge électrique », lit-on dans les documents de la Ville. Celle-ci veut par ailleurs « interdire les structures d’affichage publicitaire » le long des boulevards et dans les quartiers résidentiels. Ces méga-affichages demeureront toutefois permis sur les axes autoroutiers de Laval.

Quand on lui demande s’il s’attend à ce que ces changements soient critiqués par certains – alors qu’une bonne partie de la population lavalloise se déplace toujours en voiture –, Stéphane Boyer répond que « la plupart des gens, au contraire, attendent cette réforme ».

On est conscients qu’il y aura quand même de la résistance. Tout ça va se faire graduellement. Tout ne va pas changer du jour au lendemain, mais plutôt au gré des projets de développement. Tranquillement mais sûrement, la ville va changer de visage.

Stéphane Boyer, maire de Laval

Si Laval a longtemps été vue comme « une ville de banlieue et une ville-dortoir », elle a de plus en plus « sa propre dynamique ». « Je crois que notre ville est mûre pour ce changement-là. Et je sens que la population va embarquer avec nous », ajoute le maire, qui rappelle qu’une consultation publique à laquelle ont participé plus de 800 personnes a été tenue sur l’adoption de ce règlement d’urbanisme.

Vie de quartier

Aux yeux du maire, la pandémie de COVID-19 a fait réaliser aux gens que la vie de quartier compte pour beaucoup. « Les gens, plus que jamais, veulent profiter de leurs parcs, de leurs rues, de leur quotidien. Laval était jusqu’ici une ville qu’on disait surtout utilitaire, où il était facile de se déplacer d’un point A à un point B, mais pas nécessairement agréable. C’est précisément cela qu’on veut changer », conclut M. Boyer.

Fin juin, la Société de transport de Laval (STL) avait aussi franchi un pas déterminant : celui vers l’électrification complète des services aux usagers, en annonçant l’agrandissement de ses installations d’entretien et l’aménagement de 145 places destinées exclusivement à l’entretien et à la recharge des autobus électriques.

Ce projet majeur d’infrastructures de 246 millions, financé à 85 % par les gouvernements du Canada et du Québec, doit à terme doubler l’espace réservé à l’entretien des autobus, hybrides comme électriques. Il permettra aussi et surtout de raccorder le centre administratif de la société à ses installations industrielles pour former un seul grand complexe.