En réponse aux nombreux débordements observés dans les dernières semaines autour du refuge pour sans-abri de l’Hôtel-Dieu, la Ville de Montréal et des organismes communautaires ont commencé à agir.

Les environs de l’Hôtel-Dieu, situé rue Saint-Urbain, de même que ceux du parc Devonshire, sont le théâtre de différentes infractions commises par des personnes en situation d’itinérance depuis la fin du mois de mai. Consommation et trafic de drogue, vols, bagarres, insultes, insalubrité… Quotidiennement témoins de ces comportements, les résidants du secteur sont exténués.

Afin de contrer le problème, l’arrondissement du Plateau-Mont-Royal a commencé à augmenter la fréquence de passage des équipes d’entretien, pour nettoyer une voie publique qualifiée d’« insalubre » par de nombreux résidants. C’est ce qu’il a fait valoir à l’occasion d’une rencontre citoyenne ayant réuni près de 90 personnes, mardi soir.

L’arrondissement « évalue aussi la possibilité » d’installer une toilette chimique dans le parc Devonshire, et affirme avoir entrepris des « démarches pour le financement d’un nouveau poste de travailleur de rue ».

Danielle Fleury, présidente-directrice générale adjointe du Centre hospitalier de l’Université de Montréal (CHUM), propriétaire des lieux, a quant à elle évoqué la possibilité de louer à la Ville une partie du terrain près de l’Hôtel-Dieu pour permettre aux usagers du refuge de l’utiliser.

Au bout du rouleau

À bout de souffle, un résidant s’est vidé le cœur pendant près de 10 minutes, durant la période de questions. Il dit avoir vu des sans-abri « éventrer des poubelles, fumer du crack à 20 mètres » de chez lui.

« Tous les jours, je passe ma vie sur mon téléphone à photographier ou filmer [des débordements]. Ça boit en plein jour, les enfants ont peur. […] Je ne suis plus en confiance chez moi. Ma qualité de vie s’est détériorée. »

« Je suis épuisé d’appeler le 911. Je les appelle tous les jours. C’est très compliqué mentalement », a dénoncé l’administrateur d’un immeuble de logements du quartier, lors de la rencontre.

« C’est la première fois en 52 ans que je ne me sens pas en sécurité dans mon quartier, a déploré une autre résidante. J’ai un chien que je ne promène pas la moitié du temps [pour cette raison]. »

Devant les plaintes de citoyens, les organisateurs de la réunion se sont dits compréhensifs. Émilie Fortier, directrice des services d’urgence à la Mission Old Brewery, a affirmé « partager le sentiment d’impuissance » des résidants. « Il y a un réel intérêt à améliorer l’accès aux services et à favoriser la communication », a-t-elle ajouté.

Invité à faire ce qu’il pouvait pour « déplacer » la ressource, le conseiller municipal Alex Norris a cependant rappelé que sa mission était d’« intégrer l’endroit avec succès » dans l’arrondissement, car la décision de son emplacement a été prise par le ministère de la Santé et des Services sociaux.

En savoir plus
  • 98 %
    Taux d’occupation du refuge de l’Hôtel-Dieu depuis son ouverture, le 1er juillet 2021. La ressource pour personnes en situation d’itinérance compte 186 lits.
    Source : Mission Old Brewery