Sabrina Gatt allait tout bonnement se chercher un café près de chez elle. Mais sa sortie a pris une tournure dramatique lorsqu’elle est tombée, en traversant un chantier, dans un trou de sept pieds de profondeur au-dessus duquel une simple planche avait été déposée.

Elle a vécu le cauchemar de bien des piétons : la planche a cédé, et la trentenaire a été blessée en chutant.

C’était le 3 juin dernier, à l’intersection du boulevard Crémazie et de la rue Saint-Denis. Elle a été conduite en ambulance à l’hôpital.

Selon les docteurs, j’ai eu beaucoup de chance de sortir indemne de ce gouffre. Je n’ai rien eu de cassé, mais cela aurait pu être pire.

Sabrina Gatt

Elle dit avoir d’importantes douleurs au dos, aux hanches et aux jointures.

« Je suis sous observation médicale, dit-elle. Le gouffre dans lequel je suis tombée avait de nombreux débris de travaux, des barres de métal et des clous sur les planches. Le pont de bois, qui était en fait une simple planche, était manifestement en mauvais état et non conforme. »

PHOTO PATRICK SANFAÇON, LA PRESSE

Le trou dans lequel Sabrina Gatt est tombée

Selon Mme Gatt, la police est intervenue après son accident pour bloquer ce passage pour les piétons et leur indiquer d’emprunter le trottoir situé de l’autre côté de la rue. Mais elle s’inquiète toujours de la sécurité déficiente autour de ce chantier.

Elle a porté plainte au Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) et auprès de l’ombudsman de la Ville.

Mais elle veut surtout dénoncer la situation parce qu’elle craint que d’autres passants ne soient blessés.

« Il y a eu négligence. Je veux que la Ville soit sensibilisée, qu’elle reconnaisse sa responsabilité et qu’elle s’assure que les chantiers de ses mandataires soient sécuritaires, demande Sabrina Gatt. Je ne veux pas que la même chose arrive à quelqu’un d’autre. Ça m’a fait tellement peur ! »

La Ville de Montréal intervient

La Ville de Montréal affirme avoir agi à la suite de l’accident de Mme Gatt. « À la suite de l’évènement auquel vous faites référence, le surveillant de chantier de la Ville de Montréal s’est rendu sur place et a visité le chantier en compagnie de l’entrepreneur, Foraction, pour s’assurer que les lieux étaient sécuritaires. Soulignons que l’entrepreneur agit en tant que maître-d’œuvre et que, par conséquent, il est légalement responsable de mettre toutes les mesures en place pour assurer la santé et la sécurité de tous sur le chantier », indique le porte-parole de la Ville, Hugo Bourgouin.

« Habituellement, les puits plus profonds doivent être clôturés avant que l’entrepreneur quitte son chantier. Une patrouille en fin de journée et avant la fin de la semaine doit faire le tour du chantier afin de relever les endroits à sécuriser avant de quitter », ajoute-t-il.

« La sécurité des citoyens est une priorité pour la Ville de Montréal qui prévoit, dans ses devis, des clauses afin de s’assurer que les entrepreneurs prennent les moyens nécessaires pour assurer la santé et la sécurité sur les chantiers. »

La directrice générale de l’organisation Piétons Québec, Sandrine Cabana-Degani, s’interroge aussi au sujet de la sécurité aux abords des chantiers.

Lorsqu’il y a des chantiers à Montréal, il y a une obligation de prévoir un corridor pour les piétons, mais encore faut-il que l’infrastructure en place soit sécuritaire.

Sandrine Cabana-Degani, directrice générale de l’organisation Piétons Québec

Elle rappelle qu’un accident se produisant sur la route, mais qui n’implique pas de véhicule, n’est pas considéré comme un accident de la route par la Société de l’assurance automobile du Québec, ce qui empêche les piétons comme Sabrina Gatt de recevoir une indemnisation. « Il faut se tourner vers la Ville pour tenter d’être indemnisé », observe Mme Cabana-Degani.

Un comité de travail vient cependant d’être créé par Québec pour se pencher sur la question, indique-t-elle.

Une version précédente de cet article omettait d’inclure la réponse de la Ville de Montréal.