Le retrait de plusieurs kilomètres d’asphalte sur l’autoroute Métropolitaine, en raison d’une « classe inférieure » de bitume produite, est une « situation frustrante » pour la population, a reconnu vendredi le ministre des Transports, François Bonnardel. Il promet un « suivi rigoureux des chantiers » pour assurer qu’une telle situation ne se reproduise plus.

« Il s’agit évidemment d’une situation frustrante pour les usagers de la Métropolitaine qui devront composer avec les travaux de réfection. Nous en sommes pleinement conscients », a indiqué M. Bonnardel dans une déclaration transmise par son cabinet à La Presse, en début de journée.

Pour l’élu caquiste, il faut toutefois comprendre qu’il y avait urgence d’agir « parce que la situation pouvait causer des enjeux de sécurité ».

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François Bonnardel

« L’entrepreneur a admis son erreur et la réparation se fait à coût nul pour les Québécois », a-t-il encore insisté, faisant écho aux propos du ministère des Transports (MTQ) la veille. « C’est une situation jamais vue et le ministère assurera un suivi rigoureux des chantiers pour éviter qu’une telle situation ne se reproduise plus jamais », a aussi souligné M. Bonnardel.

Jeudi, La Presse rapportait que l’été dernier, le gouvernement s’est aperçu qu’« un peu de ressuage » apparaissait sur la surface de l’autoroute. Habituellement associé à une trop grande quantité de bitume dans l’asphalte, ce phénomène fait concrètement en sorte que le bitume remonte vers le haut. La route donne donc « l’impression d’être mouillée », ce qui pose des enjeux de sécurité. Des tests effectués en laboratoire ont confirmé que le bitume utilisé « n’était pas de bonne qualité ».

Des demandes, des inquiétudes

Jusqu’ici, le ministre Bonnardel n’a pas exactement précisé quelles actions seront prises pour corriger le tir à l’avenir. Jeudi, le président de l’Association professionnelle des ingénieurs du gouvernement du Québec (APIGQ), Marc-André Martin, a notamment déploré que la situation illustre la faiblesse des processus en place.

« Tout ce qui touche au contrôle des enrobés et du bitume, c’est de l’autocontrôle par les entrepreneurs, et ça, c’est une décision du MTQ. Ça fait plus de 20 ans qu’on dit que c’est épouvantable », a-t-il fustigé.

L’expert en planification des transports à l’Université de Montréal, Pierre Barrieau, a aussi dit douter du fait que ces travaux se feront à coûts nuls pour le gouvernement. « Ça va probablement coûter des millions en supervision pour s’assurer que ça soit fait correctement, sans compter les coûts de congestion aussi très élevés, les fermetures et la communication autour du chantier. Tout ça a un prix que le gouvernement va devoir payer », estime-t-il.

Le MTQ, lui, a rétorqué vendredi par courriel qu’en plus de la totalité travaux, « les coûts de surveillance et d’analyse des laboratoires seront aussi aux frais de Roxboro ».

Rappelons que dans l’ouest de la Métropolitaine, l’asphalte sera entièrement replacé dans les prochaines semaines par « blitz », les travaux de réfection majeure ne devant pas être réalisés avant au moins cinq ans. Dans l’est, où le gros du chantier pourrait être lancé d’ici cinq ans, entre les axes Provencher et Saint-Laurent, l’asphalte ne sera pas remplacé, du moins pour le moment. Sur ce segment, l’entrepreneur s’est engagé à donner « une garantie de durabilité de cinq ans » sur son bitume. Si celui-ci ne répond pas aux attentes, les travaux devront aussi être repris.