En prenant les rênes du REM de l’Est avec le gouvernement du Québec, la Ville de Montréal a « sauvé le projet », estime la mairesse de Montréal, Valérie Plante. De son côté, la Société de transport de Montréal (STM) indique être engagée dans un « sprint » pour livrer rapidement des résultats.

« On n’a pas abandonné le projet, on a sauvé le projet. Parce que dans sa forme initiale, le projet s’en allait dans un mur », a lancé la mairesse, jeudi, en prenant la parole devant la Chambre de commerce du Montréal métropolitain (CCMM).

Mme Plante était interrogée par Michel Leblanc, président et chef de la direction de la CCMM, qui manifestait du scepticisme et se demandait si le projet verrait vraiment le jour, ou si on ne venait pas de « jeter le bébé avec l’eau du bain ».

« Le REM tel qu’il était proposé ne faisait pas l’affaire. On l’a confié à un nouveau groupe en lui demandant de faire une nouvelle proposition. Si je fais un sondage, il n’y a personne qui croit que ça va arriver rapidement », a souligné M. Leblanc, rappelant la saga du Service rapide par bus (SRB) Pie-IX, qui n’est toujours pas en fonction, après bien des années de retard.

La mairesse a reconnu à M. Leblanc qu’il y a une forte pression pour que le projet avance.

Je suis convaincue que ce projet va se faire. Il a été modifié, transformé, mais vous avez raison de dire qu’il faut livrer.

La mairesse de Montréal, Valérie Plante

Maintenant que la CDPQ Infra s’est retirée du projet, le REM de l’Est est piloté par le ministère des Transports du Québec (MTQ), la STM, l’Autorité régionale de transport de Montréal (ARTM) et la Ville de Montréal.

La mairesse a rappelé que ce quatuor avait réussi à obtenir le financement nécessaire au prolongement de la ligne bleue : le budget de 6 milliards pour ce projet a été confirmé en mars.

« Sprint » à la STM

À la STM, on se dit d’ailleurs « dans un sprint » pour présenter un projet acceptable à la population rapidement.

« On est dans un sprint. Le rythme est vraiment soutenu. Il y a une forte mobilisation. Tout le monde veut travailler rapidement et efficacement, parce qu’on sent qu’il y a un momentum pour l’est de Montréal », explique à La Presse le président du conseil d’administration de la STM, Éric Alan Caldwell, en entrevue.

PHOTO PHILIPPE BOIVIN, ARCHIVES LA PRESSE

La station de métro Assomption, sur la ligne verte, qui sera le nouveau point de départ du REM de l’Est.

Le comité mis sur pied par Québec et Montréal lundi dernier, dans la foulée de l’exclusion de CDPQ Infra, a déjà tenu une première rencontre.

Selon M. Caldwell, ce nouveau comité « prend bien conscience de l’importance de la ligne verte, qui est déjà une très bonne desserte pour le centre-ville ». « Ce qu’on veut, ultimement, c’est une ligne verte 2.0 plus performante, qui permettra le rabattement dans des quartiers mal desservis », glisse-t-il.

Disant « comprendre » la décision de la Caisse de dépôt de se retirer du processus — la rentabilité du projet n’étant plus garantie sans le centre-ville —, M. Caldwell se réjouit toutefois de la direction que prend le REM. « Il fallait brasser les cartes », poursuit-il, en ajoutant que la décision était « nécessaire pour conserver les deux dessertes vers le nord-est et la pointe de l’île ».

Développement économique

Pour l’essor économique de l’est de la ville, il faut absolument que ce projet de transport voie le jour, insiste Michel Leblanc.

« La Ville et le gouvernement du Québec veulent développer l’Est, mais le milieu des affaires n’investira pas dans ce secteur si on ne leur dit pas comment les travailleurs vont s’y rendre », souligne-t-il.

Pour les entreprises, un service de transports en commun efficace est un élément central quand vient le temps de choisir un emplacement où s’établir, ajoute-t-il.

Un nouveau modèle plus « agile »

Ces derniers jours, des experts ont rappelé que le départ de CDPQ Infra marque aussi le retour à un modèle plus « traditionnel » de réalisation des projets de transport collectif, comme il l’était avant 2015. Pour Éric Alan Caldwell, les deux modèles ont historiquement « bien servi » le Québec. « Le schéma plus classique nous a donné le métro de Montréal. Et le REM de l’Ouest, que nous a donné la Caisse, sera aussi, je pense, un succès dans son contexte d’insertion. Là, maintenant, ça va être de définir la façon de travailler la plus agile possible », soutient-il à ce sujet.

« On est condamnés à travailler ensemble en transport collectif », illustre M. Caldwell.

Notre métro est au bout d’un cycle de vie de 50 ans. Il faut lui donner un nouveau cycle. Et avec les avancées technologiques dont on dispose aujourd’hui, on peut le rendre nettement plus performant.

Éric Alan Caldwell, président du conseil d’administration de la STM

D’après nos informations, la connexion avec la ligne verte se fera à la station Assomption, d’où partiraient les branches est et nord. On prévoit procéder en deux phases : la première pour construire les tronçons vers Pointe-aux-Trembles et le cégep Marie-Victorin, puis la seconde, qui dépend de résultats d’études à venir, pour prolonger le REM vers Laval et Lanaudière.