Le Grand Montréal s’apprête à protéger 22,3 % de son territoire, en milieux terrestres et humides, en y interdisant toute construction, tout ouvrage, tous travaux ou toute activité, notamment dans le but d’augmenter la canopée et de préserver des espèces menacées, telles que la rainette faux-grillon, dont l’habitat sera préservé en totalité.

Un total de 53 435 hectares, une superficie équivalente à l’île de Montréal, se retrouvent ainsi protégés sur le territoire de la Communauté métropolitaine de Montréal (CMM), qui en a fait l’annonce jeudi au cours d’une conférence de presse.

« C’est une annonce importante parce que nos citoyens nous demandent d’agir pour protéger l’environnement, pour lutter contre les changements climatiques », a souligné Valérie Plante, mairesse de Montréal et présidente de la CMM. « On a tous été alarmés par le dernier rapport du GIEC. L’urgence est réelle, les gestes à poser doivent être ambitieux et rapides, c’est maintenant que ça se passe. On n’a pas le temps de niaiser ! »

Tel que révélé par La Presse il y a quelques semaines, plusieurs groupes environnementaux attendaient cette annonce avec impatience.

Relisez notre texte « Fin de la récréation » dans le Grand Montréal

La CMM inclut les villes de Montréal, Laval et Longueuil ainsi que 79 autres municipalités, de Mirabel à L’Assomption dans la couronne nord, et de Vaudreuil-Dorion à Contrecœur au sud.

Le règlement de contrôle intérimaire (RCI) concernant les milieux naturels a été adopté à l’unanimité par les maires des 82 municipalités, jeudi matin.

Les milieux naturels visés par le RCI se retrouvent un peu partout sur le territoire du Grand Montréal.

Consultez la carte interactive sur le site de la CMM

Depuis 2012, l’objectif fixé par le Plan métropolitain d’aménagement et de développement (PMAD) était de protéger 17 % du territoire d’ici 2031, mais la CMM stagnait à 10,1 % depuis des années.

Le règlement entrera en vigueur dès son approbation par la ministre des Affaires municipales et de l’Habitation, dans un délai maximal de 60 jours, mais Valérie Plante a dit souhaiter qu’il soit entériné plus rapidement.

La CMM demande aussi à Québec un outil supplémentaire : une modification à la loi québécoise sur l’expropriation, qui doit être modernisée pour que les municipalités puissent plus facilement acquérir des milieux naturels afin de bien les protéger.

En réduisant les pressions liées à l’urbanisation dans les milieux naturels visés, ce règlement contribuera également à protéger les habitats de diverses espèces en situation précaire, dont le petit blongios, le ginseng à cinq folioles, des occurrences floristiques prioritaires non protégées de plantes vasculaires ainsi que des alvars, indique la CMM. Il permettra en outre de protéger des écosystèmes forestiers exceptionnels et participera au maintien de l’équilibre des écosystèmes et de la diversité biologique du territoire.

Ce règlement pourrait-il obliger la réhabilitation de milieux naturels d’intérêt qui ont été détruits, comme ce milieu humide à Longueuil, qui abritait l’un des derniers habitats de la rainette faux-grillon, remblayé par le Canadien National (CN), tel que révélé par La Presse cette semaine ?

Relisez notre texte Des milieux humides détruits par le CN

« Malheureusement, ce n’est pas possible de rétablir le milieu pour garantir le retour de la rainette faux-grillon, c’est déplorable », a répondu la mairesse de Longueuil, Catherine Fournier. « On ne peut pas revenir dans le passé, mais actuellement, on se dote d’outils robustes pour nous permettre de garantir la survie de l’espèce dans le futur. »

En savoir plus
  • 3313
    Nombre d’hectares de l’habitat de la rainette faux-grillon qui seront protégés par le nouveau règlement.
    Communauté métropolitaine de Montréal