Le géant du recyclage Ricova menace la Ville de Montréal de poursuites judiciaires si elle tente de mettre fin à ses contrats municipaux montréalais, tel que l’a suggéré le Bureau de l’inspecteur général (BIG) dans un rapport dévoilé le mois dernier.

Dans son rapport dévastateur, le BIG recommandait à la Ville de résilier « dès que possible » ses contrats avec Ricova, qui détient le quasi-monopole du recyclage à Montréal. Le BIG accusait l’entreprise d’avoir utilisé la tromperie pour vendre à l’étranger les matières récupérées dans la métropole, sans remettre sa juste part des revenus à la Ville, frustrant potentiellement le trésor public de millions de dollars.

L’organisme recommandait aussi que Ricova et son dirigeant Dominic Colubriale soient bannis des contrats publics montréalais pour cinq ans.

Mais Ricova contre-attaque. « S’il s’avérait que le conseil municipal de la Ville de Montréal donne suite aux recommandations [du BIG] ou à l’un ou l’autre des avis de l’Inspectrice générale contenus au rapport, les procédures judiciaires appropriées seraient alors intentées contre la Ville de Montréal », écrit l’avocate de l’entreprise, MJulie Therrien, dans une mise en demeure transmise aux autorités municipales vendredi dernier.

Dans son rapport, le BIG dénonçait le fait que Services Ricova, qui opère les centres de tri de Lachine et de Saint-Michel, vendait les matières recyclables ramassées à Montréal à Ricova International, une société du même groupe. Dominic Colubriale contrôle les deux entreprises.

Ainsi, une tonne de matières recyclables vendue 100 $ à Ricova International pouvait ensuite être revendue 200 $ sur le marché. Or, c’est le prix de 100 $ la tonne qui est déclaré à la Ville, pour le versement des redevances qui lui reviennent.

Selon Ricova, rien dans les contrats signés avec la Ville ne prohibe cette façon de faire. L’entreprise fait valoir que Ricova International achetait déjà les matières recyclables qui sortaient des centres de tri montréalais quand ils étaient exploités par d’autres entreprises.

« Ricova n’a d’aucune façon manqué à ses obligations contractuelles. Le rapport du BIG renferme des faussetés, inexactitudes et omissions de nature à le vicier totalement », affirme MTherrien dans la mise en demeure.

L’avocate soutient que l’arrivée de l’entreprise dans le marché de la collecte et du transport de matières résiduelles a fait baisser le prix des services à Montréal.

« Et maintenant, le BIG veut laisser croire que Ricova et M. Dominic Colubriale auraient voulu frustrer illégalement la Ville de Montréal de millions de dollars », déplore MTherrien.

Elle met donc en demeure la Ville de « ne donner aucune suite au rapport du BIG ».