Les Français expatriés ont fait le pied de grue, samedi, au Palais des congrès de Montréal, pour voter au premier tour de l’élection présidentielle.

Sous la pluie, une imposante file de citoyens français s’apprêtant à choisir entre les 12 candidats à la présidentielle faisait plus d’une fois le tour du bâtiment. Vers midi, le temps d’attente était d’environ deux heures et demie, a gazouillé le Consulat général de France à Montréal. « Je me sens comme un animal, comme un bœuf », a lancé Frédéric Desbouis, rencontré à l’extérieur. Aux dernières élections présidentielles, en 2017, raconte le résidant de Bois-des-Filion, dans les Laurentides, il avait dû patienter plus de quatre heures pour voter à Montréal. « L’organisation d’ici est à chaque fois lamentable », a-t-il déploré.

PHOTO DOMINICK GRAVEL, LA PRESSE

Frédéric Desbouis et Nathalie Poulou

Melissa Bensiali a franchi la porte du Palais des congrès en compagnie de sa sœur, Nelly Bensiali, qui est enceinte. « On se sent toujours attachées à la France, on reste françaises », a affirmé Mélissa, qui vit au Canada depuis 11 ans. Pour Nelly, arrivée à Montréal il y a huit ans, il est « important de donner son avis ». « Même si ce qu’on veut n’est pas comme la majorité », a-t-elle précisé.

PHOTO DOMINICK GRAVEL, LA PRESSE

Melissa et Nelly Bensiali

Contrer l’extrême droite

La « montée de l’extrême droite en France et en Europe » est inquiétante, dit Melissa Bensiali. « On ne veut pas de Marine Le Pen au second tour », a-t-elle souligné. En France, si aucun des candidats ne remporte la majorité des voix lors du premier tour, un second scrutin a lieu entre les deux favoris. Selon le sondage Ipsos & Sopra Steria de vendredi, Mme Le Pen, candidate du parti d’extrême droite Rassemblement national, récoltait 23 % des intentions de vote. Elle est devancée par le président sortant, Emmanuel Macron, à 26,5 %.

PHOTO DOMINICK GRAVEL, LA PRESSE

Luc Piché et Marie Hétu

Marie Hétu et Luc Piché racontent être venus voter afin que « l’extrême droite ne rentre pas ». « Ça fait peur », a soufflé Mme Hétu. La lutte qui s’annonce serrée entre M. Macron et Mme Le Pen donne l’impression « que notre vote peut faire une différence », a renchéri M. Piché, résidant de Sainte-Agathe-des-Monts. Ce dernier trouve « encourageant » de voir autant de gens s’être déplacés pour participer au scrutin.

Aux élections de 2017, les Français vivant au Canada avaient voté plus à gauche que ceux de leur mère patrie. Au premier tour, Marine Le Pen avait remporté seulement 7 % des voix chez les expatriés canadiens, mais 21 % des appuis en tout. Quant au candidat de la gauche radicale Jean-Luc Mélenchon, il avait récolté 27 % des voix sur le sol canadien, mais 20 % au total.

Ailleurs qu’à Montréal, samedi, les électeurs en Outaouais se sont rendus aux bureaux de vote situés au Lycée Claudel, à Ottawa. À Québec, le collège Stanislas a accueilli les électeurs. Les Français qui sont au Québec pourront voter au second tour le 23 avril prochain.

Avec La Presse Canadienne