Montréal appelle Québec et Ottawa à collaborer pour faire « des gains en verdissement et en mobilité »

Montréal réclame la création d’un groupe de travail conjoint, qui impliquerait Québec et Ottawa, pour acquérir davantage d’espaces verts et « préserver la qualité de vie » des résidants d’Assomption-Sud–Longue-Pointe, un secteur déjà largement industriel.

« On se fait constamment interpeller par les résidants, mais il y a une limite à ce que la Ville peut faire seule. On a besoin d’aide. Ce groupe conjoint nous permettrait de se parler, d’être plus agiles pour faire des gains en verdissement, en mobilité. Il faut que tout le monde se parle, qu’on travaille dans le même sens, parce que là, on se sent un peu laissés à nous-mêmes », confie la responsable du transport et de la mobilité au comité exécutif de la Ville, Sophie Mauzerolle.

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Sophie Mauzerolle, responsable du transport et de la mobilité au comité exécutif de la Ville de Montréal

Les chantiers sont nombreux dans Assomption-Sud–Longue-Pointe, leur développement impliquant des débats sur tous les fronts. Du REM de l’Est à la plateforme de transbordement de Ray-Mont Logistiques, en passant par le prolongement de l’axe Assomption-Souligny ou encore le poste de transformation d’Hydro-Québec, les projets abondent.

À ses yeux, la Ville demeure toutefois restreinte dans son champ d’action, notamment parce qu’elle n’a pas « la mainmise foncière d’une bonne partie du secteur ». « On n’a pas, non, les deux mains sur le volant sur à peu près tout », lance-t-elle, en réclamant de pouvoir discuter de « possibilités d’acquisitions » de terrains conjointes avec Québec et Ottawa, mais aussi de « montages financiers qui nous donneraient une certaine force de frappe dans certains secteurs ».

« On se retrouve à devoir manœuvrer et essayer de faire atterrir des projets sans avoir le plein contrôle de ce qui s’y passe. On sent qu’il y a vraiment un besoin que tout le monde s’assoie à la même table », insiste encore Mme Mauzerolle.

Il est grand temps que toutes les parties prenantes se réunissent afin de s’assurer que le développement d’Assomption-Sud–Longue-Pointe se fasse en tenant compte des besoins des résidants dans un contexte d’urgence climatique.

Valérie Plante, mairesse de Montréal

Un parc-nature complexe à réaliser

En 2019, l’Office de consultation publique de Montréal (OCPM) s’était penché sur la possibilité de construire un parc-nature dans le secteur. L’idée est aussi ressortie récemment, en janvier, lors d’une rencontre à laquelle participaient des citoyens dans Mercier–Hochelaga-Maisonneuve.

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En 2019, l’Office de consultation publique de Montréal s’était penché sur la possibilité de construire un parc-nature dans le secteur.

Le hic, c’est que le terrain visé empiète sur celui du promoteur Ray-Mont Logistiques, qui vient d’ailleurs de commencer ses travaux en vue de la construction de son terminal de conteneurs. En 2017, l’arrondissement avait d’abord refusé de délivrer les permis. Ont suivi deux procès, que Ray-Mont Logistiques a gagnés, obligeant les autorités à délivrer ces permis. « La Ville a quand même perdu à deux reprises, donc cette demande-là sur ce terrain, c’est difficile de se prononcer », avoue Sophie Mauzerolle.

« On reste toutefois convaincus qu’il y a des opportunités de venir bonifier certains espaces verts, d’en créer d’autres, et surtout d’en préserver. Les citoyens tiennent notamment beaucoup au boisé Steinberg, et on travaille très fort pour que le projet de prolongement Assomption-Souligny n’empiète pas sur ce boisé », ajoute la conseillère, qui promet un projet final « qui circonscrira le camionnage au maximum » en préservant les espaces verts.

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Image aérienne du tracé proposé du REM de l’Est dans l’emprise ferroviaire Souligny, dans le secteur Montréal-Est

Dans ce dossier, le ministère des Transports du Québec (MTQ) demeure pour l’instant flou sur ses intentions, refusant de dire comment il prolongera le boulevard de l’Assomption, alors que l’avenir du REM de l’Est demeure pour le moins incertain, vu les récentes tensions entre la Ville, Québec et CDPQ Infra.

Mme Mauzerolle affirme que la Ville fait tout pour « faire atterrir sa propre gouvernance » dans le dossier du REM. « On partage les préoccupations soulevées par le comité d’experts. Il faut qu’on soit à la table de discussions, on ne peut pas juste subir ce projet-là. Le REM ne peut pas faire son projet et après la Ville arrive pour régler ce qu’il y a autour, ce qui semble être sous-entendu pour le moment. Il faut que ce soit concerté, et ça va prendre des sommes », conclut-elle.