Les chauffeurs d’autobus de la Société de transport de Laval se disent prêts à débrayer de nouveau, alors que les négociations pour renouveler leur convention collective traînent en longueur.

Ils ne se sont pas encore prononcés sur un tel mandat de grève, mais un sondage auquel 473 des 625 chauffeurs ont répondu, et que La Presse Canadienne a pu consulter, indique que 87 % d’entre eux sont prêts à tenir d’autres journées de grève. Même 74 % sont prêts à une grève illimitée.

Les chauffeurs de la STL avaient déjà tenu des journées de grève en novembre dernier, avec maintien des services essentiels.

La convention collective des 625 chauffeurs d’autobus de la STL, membres du Syndicat canadien de la fonction publique (SCFP), affilié à la FTQ, est échue depuis août 2019.

Il y a eu médiation, sans parvenir à conclure d’entente. La STL a même offert de soumettre le litige à l’arbitrage, mais le SCFP s’y refuse, disant préférer négocier.

Les salaires et l’inflation

Le litige porte principalement sur les salaires.

La poussée inflationniste, « on doit en tenir compte dans nos règlements », plaide en entrevue Pierre-Guy Sylvestre, économiste au SCFP, responsable du dossier. Il note que celle-ci a atteint 3,8 % l’an dernier et 5 % cette année.

« On veut avoir une discussion sur les salaires. Si on n’obtient pas ça d’ici quelques semaines, ou je dirais plutôt deux semaines, nous, on va être prêt à aller consulter nos membres pour des moyens de pression plus importants, donc sur la grève, prévient M. Sylvestre. Et nos membres vont nous suivre. »

La STL explique que, comme toutes les sociétés de transport en commun, ses revenus ont été grandement affectés par la baisse d’achalandage engendrée par la pandémie de COVID-19.

« Nous, on fonctionne avec l’argent qu’on nous donne. Et l’ARTM, l’Autorité régionale de transport métropolitain, nous donne pour cette année une augmentation de nos revenus, pour notre rémunération, de nos dépenses de 2 %. Avec 2 %, on n’est pas capable, nous, d’augmenter les salaires de 5 % », a expliqué le directeur général de la STL, Guy Picard.

Les sociétés de transport en commun en arrachent encore aujourd’hui ; la situation est « catastrophique », rapporte M. Picard. L’achalandage à la STL n’a pas atteint 60 % du niveau habituel. « On est une industrie qui vit sur le respirateur artificiel », grâce aux subventions gouvernementales, affirme-t-il.

Il déplore que le syndicat évoque encore un éventuel recours à la grève. « À chaque fois que le syndicat fait des journées de grève — et c’est son droit le plus légitime —, on a trouvé ça regrettable qu’il prenne la population en otage. Les clients n’ont pas à payer pour une mésentente entre un employeur et son syndicat », s’exclame M. Picard.

La consultation révèle aussi que 84 % des chauffeurs d’autobus qui ont répondu trouvent que la STL ne traite pas bien ses employés. Aussi, 92 % trouvent que le climat de travail est mauvais.