L’ancien parti de Denis Coderre est sorti des dernières élections municipales avec une dette costaude de plus de 760 000 $, montrent des chiffres obtenus par La Presse. Maintenant que l’ex-maire s’est retiré, Ensemble Montréal compte toutefois « se sortir de l’endettement » et « passer au vert » d’ici la fin de 2024, en vertu d’un plan de redressement déjà en branle.

« On veut tous en finir une fois pour toutes avec cette dette-là. Tous nos élus sont en train de se mobiliser pour amasser de l’argent », affirme le chef de l’opposition, Aref Salem, qui assure l’intérim à la direction depuis le retrait de Denis Coderre, à la suite de sa deuxième défaite contre Valérie Plante.

Au 31 décembre dernier, Ensemble Montréal avait accumulé une dette importante de 764 919,75 $. Un remboursement du DGE, qui doit venir cette année après la diffusion des états financiers au début d’avril, permettra toutefois de dégager 450 000 $. À terme, en ajoutant sa marge de crédit de 80 000 $, un prêt bancaire de 271 000 $ et des prêts auprès de ses électeurs de 130 600 $ – mais en soustrayant les bénéfices d’activités de financement –, le parti estime que sa dette sera de 481 600 $.

C’est tout de même plus de 57 000 $ supplémentaires par rapport à la dette de 424 387 $ qui avait été annoncée par Ensemble Montréal en avril dernier, au moment où Denis Coderre reprenait les rênes de la formation.

Mobilisation des membres, campagnes de financement, redéfinition du parti : tout est sur la ligne pour sortir de « l’endettement », fait toutefois valoir Aref Salem, en entrevue avec La Presse. Selon nos informations, l’idée de demander une caution de plusieurs milliers de dollars aux élus du parti avait même circulé à l’interne au cours des derniers mois, ce que le parti refuse toutefois de confirmer.

« À ce rythme-là, dans le meilleur des mondes, on estime que d’ici deux ans et demi, on va pouvoir commencer à mettre de l’argent de côté pour la prochaine campagne. On aura certainement une cagnotte en 2025 pour faire une élection sans emprunt. C’est majeur, ce qu’on entame comme opération », assure M. Salem, qui a lui-même été membre du comité exécutif de l’ancienne administration Coderre.

Construire sur des dons « records »

Le directeur général d’Ensemble Montréal, Sébastien Lachaine, dit vouloir construire sur une année très fructueuse en dons, malgré une campagne qui a coûté près de 1,4 million de dollars. « En 2021, on a eu des dons et des revenus de nos membres qui sont vraiment records, honnêtement. On parle de dons de 607 000 $. On n’avait jamais eu ça avant. Et il y a aussi 22 155 $ en revenus de membership, donc c’était une très bonne année », dit-il, en parlant d’un plan de redressement « pas audacieux », mais « réaliste ».

Sauf qu’à l’époque, « l’effet Coderre » était principalement responsable de cette flambée de dons. Malgré cela, Aref Salem ne s’inquiète pas outre mesure de l’effet qu’aura le départ définitif de l’ex-maire sur les coffres de son parti.

On a toujours des gens qui sont là. Notre profondeur est encore présente pour amener le parti ailleurs.

Aref Salem, chef d’Ensemble Montréal

Il veut d’ailleurs « rebâtir » Ensemble Montréal pour en faire un parti « en bonne et due forme ». « On ne sera plus une bannière. Au niveau municipal, un parti, c’est souvent celui du maire, qui a toujours un certain pouvoir. Ce qu’on va essayer de faire là, c’est de créer un parti indépendamment d’un maire, avec des valeurs auxquelles les gens croient. C’est un changement de vision, de culture », insiste M. Salem.

« Notre groupe compte plus d’élus qu’en 2017, et plus de jeunes élus aussi. On voit cette vague dans la jeunesse qui veut donner. On essaie de rendre le parti attrayant pour un chef éventuellement. Moi, je vois en 2025, ça ne sera plus une campagne de personne ni de caractère ni de tempérament. Ça va être plus une campagne basée sur ce qu’on peut offrir », ajoute M. Salem, qui se désole que la dernière campagne se soit concentrée « sur la personnalité de Denis Coderre » et non sur la plateforme de son parti.

Aux dernières nouvelles, Projet Montréal, parti de la mairesse, était de son côté dans une bien meilleure posture, avec 567 000 $ dans ses coffres et une cagnotte électorale de 476 829 $. En 2017, le parti détenait 170 674 $, soit 306 155 $ de moins. Les chiffres actualisés du parti seront connus au début d’avril.