Le géant du recyclage Ricova, accusé par le Bureau de l’inspecteur général (BIG) de s’être approprié plusieurs millions qui auraient dû être versés à la Ville de Montréal, se défend d’avoir floué sa cliente.

Au contraire, « la Ville n’a jamais fait autant d’argent, grâce au recyclage, que ces 14 derniers mois où Ricova lui a reversé 5,8 millions de dollars », affirme le PDG de l’entreprise, Dominic Colubriale, dans un communiqué diffusé mercredi.

Dans un rapport dévastateur publié lundi, le BIG reproche à Ricova de vendre à l’étranger les matières récupérées dans la métropole sans remettre sa juste part des revenus à la Ville, ce qui justifierait la résiliation des contrats avec l’entreprise, qui détient le quasi-monopole du recyclage à Montréal.

Ricova exploite les deux centres de tri de Montréal (Lachine et Saint-Michel), en plus d’assurer la collecte dans plusieurs arrondissements. La Ville paye Ricova pour assurer le tri des matières recyclables. Ensuite, le contrat prévoit que l’entreprise de Brossard partage avec l’administration municipale les revenus ou les pertes découlant de la vente de ces matières.

Or, Services Ricova, qui opère les centres de tri, vend toutes les matières à un seul client, une société du même groupe baptisée Ricova International. Dominic Colubriale se vendrait ainsi les matières à lui-même, à bon prix. C’est ce prix qui serait utilisé pour partager les revenus avec la Ville, dénonce le BIG dans son rapport.

« Ce modèle d’affaires n’a d’ailleurs jamais posé de problème à la Ville puisque durant les 20 années précédant la reprise des exploitations des centres de tri montréalais par Ricova, Montréal n’a jamais remis en question les profits que faisait Ricova International lors de la revente », rétorque M. Colubriale dans son communiqué.

« Dans la mesure où Ricova RSC et Ricova Lachine ont respecté les contrats à la lettre, la Ville n’a pas à questionner les profits que fait Ricova International, une entité tout à fait distincte des centres de tri. »

Il soutient que les prix auxquels les matériaux ont été vendus à Ricova International favorisent la Ville de Montréal, et que le contrat d’exploitation des centres de tri de Lachine et Saint-Michel a permis à la Ville et ses citoyens d’économiser plusieurs millions de dollars comparativement aux contractants précédents.

Selon lui, les accusations du rapport du BIG démontrent la mécompréhension du fonctionnement de la chaîne de valeur du recyclage. « Les centres de tri ne sont pas équipés pour mettre en place un réseau international de valorisation des matières triées, ce qui nécessite des infrastructures et documentations complexes, dit-il. En ce sens, Ricova International a toujours été un partenaire constant et fiable, mais surtout, elle a toujours offert les meilleurs prix aux centres de tri, comparativement aux deux seules autres entreprises québécoises qui offrent les mêmes services. »