Les travaux ont commencé mercredi sur le terminal de conteneurs de Ray-Mont Logistiques, dans Hochelaga, au grand dam des citoyens s’y opposant. Le promoteur dit n’avoir eu d’autres choix que de procéder « afin d’assurer la préservation de ses droits ».

Dans un communiqué mercredi, Ray-Mont Logistiques affirme que la Ville l’a récemment informée qu’il ne serait plus possible de prolonger les autorisations municipales requises pour poursuivre les discussions sur le futur développement du terrain, et ce « à moins que des travaux et opérations débutent incessamment ».

« Cette situation force donc Ray-Mont Logistiques à débuter certains travaux et opérations sur son site, tel qu’exigé par la réglementation applicable. L’entreprise réitère malgré tout sa volonté de mettre en place les mesures de cohabitation identifiées et appelle la Ville à accélérer le pas pour y arriver », indique le groupe du promoteur Charles Raymond.

En novembre, un rapport du groupe de travail avait recommandé une série d’actions à poser sur le terrain pour minimiser les impacts sur le voisinage, dont la création d’une « zone tampon » végétalisée entre les rails de train et les résidences.

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Le promoteur affirme que la prolongation des autorisations devait justement « permettre à ces mesures de se concrétiser », pour laisser le temps aux parties prenantes comme le Canadien National (CN), le ministère des Transports (MTQ) et CDPQ Infra de s’entendre sur l’implantation de ces mesures de mitigation. « Ce revirement de situation de la Ville de Montréal nous prend donc au dépourvu, d’autant plus qu’il met à risque le développement cohérent et concerté du secteur », soutient Charles Raymond.

Ray-Mont Logistiques avait d’abord acquis les terrains de l’ancienne fonderie Canadian Steel, entre les rues Hochelaga et Notre-Dame, en 2016. La société souhaite y construire un vaste terminal de transbordement direct du vrac au conteneur. En 2017, l’arrondissement a d’abord refusé de délivrer les permis. Ont suivi deux procès, que Ray-Mont Logistiques a gagnés, obligeant les autorités à délivrer ces permis.

« Ce n’est pas terminé », jure la Ville

L’administration Plante n’a pas tardé à réagir mercredi. « Le travail continue pour limiter au maximum les nuisances que ce projet entraînera », dit la conseillère associée à la mairesse, Alia Hassan-Cournol. Ce n’est pas terminé. Nous avons toujours l’occasion d’améliorer ce projet. »

Montréal confirme que les travaux devaient débuter « avant le 3 avril 2022 pour que l’entreprise ne perde pas ses droits acquis ». « C’est ce que l’entreprise a fait ce matin. Je tiens à réaffirmer notre volonté ferme de protéger les espaces verts du secteur. Nous sommes d’ailleurs très proactifs dans nos discussions avec les autres paliers », assure toutefois Mme Hassan-Cournol.

Au regroupement de citoyens Mobilisation 6600, la porte-parole Anaïs Houde s’est dite « outrée » de constater « qu’encore une fois, le même scénario d’opacité et de manque de transparence de la part de Ray-Mont Logistiques se répète ». « On apprend par communiqué que des travaux vont débuter aujourd’hui. C’est choquant. On ignore ce qui se passe », déplore la résidante.

Elle dénonce que la « posture de victime dans laquelle se vautre Ray-Mont Logistiques est totalement inacceptable ». « Il a acheté ce terrain il y a plus de cinq ans. Il aurait pu faire preuve d’initiative et proposer des mesures de mitigation. Or, il n’a rien fait, et maintenant, il se plaint que la Ville refuse de prolonger son permis », conclut-elle.

Dans les rangs de l’Opposition, le conseiller Julien Hénault-Ratelle a estimé mercredi que l’administration Plante « n’est pas crédible dans ce dossier ». « Elle demande au promoteur de commencer les travaux alors même que les démarches ne sont pas terminées quant aux mesures de mitigations. En faisant cela, elle ajoute de la confusion dans le dossier pour les citoyens et se met elle-même à risque face à la poursuite de 300 millions qui est en cours », a-t-il fustigé.