À l’approche de la saison des crues printanières, l’administration Plante n’en fait pas assez pour prévenir les inondations sur le territoire de Montréal, dénonce l’opposition à l’hôtel de ville, qui demande notamment, pour l’arrondissement de Pierrefonds-Roxboro, trois stations de pompage et la construction d’une digue permanente.

Selon le parti Ensemble Montréal, la Ville de Montréal doit passer d’une logique de réaction à une logique de prévention.

« Ce n’est pas parce qu’il n’y a pas d’inondations cette année que ça n’arrivera plus jamais. L’administration a deux choix : soit elle investit pour protéger les résidants, soit elle débourse pour réparer les dommages. Le calcul est simple. Il est bien moins coûteux de se procurer des équipements que d’assumer le coût matériel et humain de centaines de résidences inondées », a souligné, mardi en conférence de presse, Dimitrios (Jim) Beis, maire de l’arrondissement de Pierrefonds-Roxboro, l’un des plus touchés par la crue des eaux en 2017 et en 2019.

M. Beis explique que son arrondissement a investi un demi-million dans des mesures de prévention depuis 2018, que ce soit la location de pompes ou l’achat de matériaux pour ériger des barrières. Preuve que les équipements se sont révélés efficaces, il souligne que seulement 50 résidences ont été inondées en 2019, comparativement à 900 en 2017, malgré des crues tout aussi importantes.

PHOTO OLIVIER PONTBRIAND, ARCHIVES LA PRESSE

La rue Lauzon à Pierrefonds-Roxboro, considérée comme la plus touchée par les inondations en 2019

Mais ces dépenses pèsent lourd sur le budget de l’arrondissement. C’est pourquoi il demande que la Ville de Montréal instaure un fonds de prévention des inondations afin de soutenir les arrondissements dont le territoire comprend des zones inondables.

« La réalité, c’est qu’il est trop tard lorsque la Ville de Montréal déclare l’état d’urgence… Le mal est fait ! Si la question du budget annuel est réglée, nous allons être capables de gérer les inondations avec l’expertise que nous avons développée. Les crues printanières ne sont pas seulement le problème de Pierrefonds-Roxboro, elles sont le problème de tous les arrondissements riverains », soutient M. Beis.

Trois stations de pompage et une digue

Le maire d’arrondissement rappelle aussi que la Ville de Montréal a reçu, en août 2019, 50 millions du gouvernement fédéral, par l’intermédiaire du Fonds d’atténuation et d’adaptation en matière de catastrophes. Cette somme devait permettre d’acheter des espaces verts dans l’ouest de l’île, pour préserver des milieux humides utiles contre les crues printanières, mais aussi d’installer trois stations de pompage et des clapets dans le secteur, ce qui n’a jamais été fait.

« Autre exemple : pour protéger le secteur inondé en 2019, à l’extrémité ouest de Pierrefonds, on a fourni des plans à la Ville de Montréal pour la construction de digues naturelles d’à peu près un kilomètre et demi. La ville a refusé deux fois », déplore M. Beis.

Pour sa conférence de presse, le maire d’arrondissement était accompagné de deux citoyens dont les résidences ont été touchées par les inondations de 2017.

« En quatre minutes, il y avait six pieds d’eau dans les six pièces au premier niveau de notre maison, on a perdu la bataille », relate René Leblanc, qui a décrit cet épisode comme « un cauchemar, un enfer ». « Chaque année à l’approche du printemps, des propriétaires revivent la possibilité de ce cauchemar, avec tout le stress et l’incertitude », se désole-t-il.

Devant les critiques de l’opposition, on rétorque, du côté de la Ville de Montréal, que « tout est mis en œuvre actuellement afin de réduire au minimum les risques et les impacts des inondations », par le biais de l’Organisation de la sécurité civile de l’agglomération de Montréal (OSCAM), du Centre de sécurité civile et des services d’urgence.

« Pour constituer le plan d’action de l’agglomération, Montréal a mis en place, dès 2020, un comité d’atténuation des risques d’inondations qui réunit les différents arrondissements, les villes reconstituées et les services centraux affectés par les inondations printanières, afin de diminuer le risque d’inondation fluviale et d’assurer une réponse coordonnée lors de futures crues printanières », explique Mélanie Gagné, porte-parole de la Ville.

Pour le moment, comme le couvert de neige n’est pas trop important, Hydro-Québec ne prévoit pas un printemps très propice aux inondations. « Mais on n’est pas à l’abri de circonstances qui peuvent changer », indique Francis Labbé, porte-parole de la société d’État, qui prévient que la vitesse de la fonte des neiges et la quantité de pluie dans les prochaines semaines pourraient changer la donne.