Malgré son opposition, Valérie Plante n’entend pas intervenir auprès de la police montréalaise pour faire cesser le port d’un symbole controversé, la « Thin Blue Line », sur l’uniforme de certains patrouilleurs. Le SPVM n’a pas encore statué, mais dit vouloir « rendre une décision réfléchie, éthique et objective ».

« On va laisser le SPVM en arriver à ses propres conclusions », a soulevé Mme Plante lundi, lors d’une séance du conseil municipal. Elle affirme que « les Montréalais envoient un message très fort » au corps policier « que ce type de symbole n’est absolument pas acceptable ».

Ces derniers jours, des images de policiers montréalais portant des écussons ornés d’un unifolié barré d’une mince ligne bleue (la « Thin Blue Line ») ont émergé sur les réseaux sociaux. Ce symbole de soutien aux forces de l’ordre est interdit par certains corps de police canadiens, dont la GRC et la police ontarienne. Il est critiqué par des militants de gauche, notamment.

Le chef de l’Opposition, Aref Salem, a rappelé que l’écusson est controversé « en raison de son association à des groupes extrême droite et de sa récupération en opposition au mouvement Black Lives Matter ». « Le tollé qui a découlé de ce symbole le démontre bien : un policier ne peut altérer son uniforme, sauf exception. Comme des policiers le portent encore, est-ce que la Thin Blue Line est considérée comme une exception ? La question se pose », a soulevé l’élu, en laissant entendre que Valérie Plante « tolère ce symbole ».

PHOTO ROBERT SKINNER, LA PRESSE

La mairesse de Montréal, Valérie Plante

« Les processus sont très importants », a encore justifié la mairesse sur son refus d’intervenir. « Cet inconfort, je pense que nous le partageons tous face à ce symbole, mais c’est important pour moi de respecter le processus du SPVM, qui ne se penche pas seulement sur ce symbole, mais fait une révision complète du port de l’uniforme », a-t-elle rappelé.

Son administration dit vouloir une « compréhension globale » de ce qui peut être porté « ou pas » par les policiers. Mme Plante a aussi répété que le symbole « divise », alors que l’uniforme des policiers « doit au contraire rassembler » la population. « Il faut que tout le monde se sente en sécurité face à cet uniforme. »

Un « mauvais message »

M. Salem, lui déplore le « mauvais message » que peut envoyer le symbole à la population, « en particulier auprès des communautés culturelles et marginalisées ». « C’est inconcevable que le SPVM accepte que ses agents le portent encore », a-t-il jugé, en faisant valoir que ce symbole fait l’objet d’une révision depuis cet automne. « Six longs mois pour étudier un symbole, c’est très long. »

Au SPVM, la chargée de communication, Caroline Labelle, a indiqué lundi que le « processus de révision complète de la procédure de tenue et maintien, qui régit les normes applicables à l’apparence physique et vestimentaire des employés, est actuellement en cours ».

« Cet exercice inclut le positionnement éventuel du Service quant au port de tout insigne, question sur laquelle se penche notre comité éthique. Les démarches se poursuivent et progressent. Le SPVM souhaite s’assurer de rendre une décision réfléchie, éthique et objective, qui profitera à l’ensemble de la communauté policière », a-t-elle ajouté.

Aucune « date précise pour la fin des travaux du comité éthique » n’est toutefois encore connue.