(Québec) La ministre déléguée aux Transports et responsable de la métropole, Chantal Rouleau, balaie d’un revers de main l’analyse interne de la Société de transport de Montréal (STM) qui critique à son tour le projet de REM de l’Est. Elle décoche même une flèche en direction du directeur général Luc Tremblay.

Cette analyse dévoilée par La Presse, « ça vient d’un tiroir de l’ancien directeur qui vient de démissionner ! » a-t-elle lancé lors d’une mêlée de presse à l’Assemblée nationale mercredi.

Lisez le texte « Ce modèle n’est pas viable », juge la STM

Luc Tremblay a annoncé le 26 janvier qu’il quittera ses fonctions au terme de son contrat le 2 avril.

Chantal Rouleau dit « ne pas comprendre » cette analyse de la STM dans la mesure où la société a participé à la première phase du REM. Elle s’attend à ce que l’organisme collabore à la phase 2, dans l’Est.

Plus tôt cette semaine, Chantal Rouleau a également rejeté les conclusions de l’avis dévastateur de l’Autorité régionale de transport métropolitain au sujet du nouveau tronçon de train électrique automatisé de la Caisse de dépôt et placement du Québec (CDPQ).

Le conseil d’administration de l’ARTM a décidé de tenir une réunion d’urgence à la suite des révélations sur le contenu de son avis.

Chantal Rouleau est demeurée bien évasive au sujet des conditions fixées par la mairesse Valérie Plante. Questionnée sur la création d’un comité conjoint, elle s’est contentée de répondre que « déjà on a un groupe d’experts qui est en train d’établir quelles sont les conditions pour avoir la meilleure intégration et le meilleur aménagement ».

La mairesse réclame une contribution supplémentaire du gouvernement pour essuyer la facture estimée de l’aménagement urbain dans les secteurs touchés par le REM de l’Est. Le coût serait d’un milliard de dollars.

Chantal Rouleau dit ignorer si la mairesse tient compte dans son calcul des 500 millions mis sur la table par la Ville ou si ce milliard doit s’y ajouter. Le total, « est-ce un milliard, 1,5 milliard ? Je ne sais pas. Je n’ai pas compris encore », a-t-elle affirmé.

« Il y aura des besoins en termes d’aménagement, et bien sûr qu’on va discuter avec la ville, avec la Caisse, et le gouvernement faisant partie de la chose, pour établir le rôle, la responsabilité et comment on partage cette facture-là. […] Combien ça va coûter exactement ? On va le savoir quand on va avoir les propositions du comité d’experts qui va remettre son rapport très prochainement. »

En novembre, le premier ministre François Legault n’excluait pas d’augmenter le financement pour rendre le projet « plus acceptable ».

Il s’est entretenu avec la mairesse mardi, après sa sortie accueillie avec surprise à l’hôtel de ville. « La balle est dans le camp de Mme Plante de nous proposer un nouveau projet qui fait son affaire », avait déclaré M. Legault en conférence de presse.

« J’ai été surprise d’être interpellée de la sorte par le premier ministre alors que ceux qui ont le droit de vie ou de mort sur ce projet-là, en termes de financement et de planification, c’est le gouvernement du Québec et la CDPQ-Infra », réagissait Mme Plante.

Lors de la période des questions au Salon bleu mercredi, Chantal Rouleau a essuyé les critiques successives de quatre députés du Parti libéral du Québec. Selon eux, « ça ne tient pas la route » de consacrer 10 milliards de dollars à un projet qui comporte autant d’inconvénients, ferait concurrence à la ligne verte du métro et augmenterait peu le nombre d’usagers du transport en commun.

« Est-ce que la ministre va continuer de foncer tête baissée, les yeux bandés, ou est-ce qu’elle va se rendre compte que son projet ne fonctionne pas ? » a lancé le porte-parole du parti en matière de transports, André Fortin.

Chantal Rouleau a été piquée au vif par toutes ces attaques. « Est-ce que le député du Parti libéral considère que la population de Pointe-aux-Trembles ne vaut pas la peine ? Est-ce qu’il considère que la population de Bourassa-Sauvé ne vaut pas la peine ? Est-ce qu’il considère que la population de Jeanne-Mance–Viger ne vaut pas la peine ? Est-ce qu’il considère que la population d’Anjou–Louis-Riel ne vaut pas la peine ? Voyons donc, monsieur le président, c’est quoi ça, ce manque de respect honteux de la part d’un député libéral ? »

La ministre a défendu le bien-fondé du projet de REM de l’Est en disant que c’est « un mode de transport structurant qui va offrir des possibilités de développement incroyables ». « Le monde entier a les yeux rivés sur ce projet », selon elle. « Quel est l’enjeu, monsieur le président, de vouloir faire comme Paris, par exemple, qui a un réseau très structurant », a-t-elle ajouté.