Depuis un mois, une clôture réduit l’accès des piétons et des cyclistes du quartier Parc-Extension au quartier avoisinant, Villeray. Des citoyens pressent la Ville de Montréal de rouvrir le passage de la gare Parc. La société de transport en commun exo et le Canadien Pacifique (CP) affirment que le lien en question n’a jamais été destiné au grand public.

Selon Marie-Josée Nantel, qui habite Parc-Extension, le passage qui relie l’avenue Ogilvy à la rue de Castelnau est essentiel pour les résidants. « On l’utilise pour aller au parc Jarry, lorsqu’il y a un nouveau commerce dans Villeray ou juste pour sortir du quartier. Plusieurs travailleurs qui arrivent du métro du Parc passent également par là », explique la piétonne et cycliste.

Mais au matin du 13 mai, les résidants du quartier se sont butés à un passage fermé. Le groupe Facebook Ouvrons la voie-Make way a aussitôt été créé pour libérer le passage vers Villeray. Les résidants affectés par l’accès bloqué ont été invités à afficher des messages sur la clôture. Mais les messages ont vite été retirés, constate Marie-Josée Nantel.

« Des enjeux liés à la sécurité »

Selon le Canadien Pacifique, propriétaire de l’ensemble ferroviaire, le lien en question a toujours été destiné aux passagers du train de banlieue et non au grand public. La société de transport en commun exo qui l’entretient l’a donc fermé. « Tant que les enjeux liés à la sécurité ne sont pas adressés, la connexion ne sera pas rouverte », a écrit le CP, joint par La Presse.

Les questions de sécurité évoquées laissent perplexe le cabinet de la mairesse de Villeray–Saint-Michel–Parc-Extension. « Avant, les gens circulaient librement par ce passage et sans problème de sécurité, déclare France Emond, directrice du cabinet. Maintenant, on ne le recommande pas, mais certaines personnes décident de passer par-dessus la clôture et se blessent ».

La clôture de la gare Parc à l’origine du conflit est présente depuis des années. Une ouverture permettait tout de même aux piétons et cyclistes d’emprunter cette voie avant le 13 mai.

La société de transport exo croit que cela explique la confusion actuelle. « Cette clôture a été vandalisée à répétition dans les dernières années. Il se peut qu’entre les réparations, les citoyens aient pu avoir l’impression que l’ouverture était autorisée », a répondu exo.

Valérie Guilmain, résidante du quartier, confirme qu’il y a eu des trous durant des années dans la clôture, mais que les choses ont changé depuis 2019. « Ce n’était plus un trou. On ne sentait plus que c’était illégal de passer par là, il y avait une ouverture bien assumée », souligne-t-elle.

PHOTO FRANÇOIS ROY, LA PRESSE

La clôture qui bloque l’accès du passage d’Ogilvy du quartier Parc-Extension vers Villeray.

Alternatives jugées insatisfaisantes

Sans le passage d’Ogilvy, il reste le viaduc Jean-Talon et l’accès de l’avenue Ball comme options. Pour Marie-Josée Nantel, les alternatives ne sont pas assez accessibles.

« Il y a eu des décès de cyclistes dans le viaduc Jean-Talon, pointe-t-elle. Et pour les piétons, le viaduc est bruyant et les voitures roulent vite. Sans compter que c’est un endroit inquiétant le soir. En plus, pour les gens à mobilité réduite, monter la pente est difficile. »

Sinon, un accès au quartier Villeray demeure possible par l’avenue Ball. « Mais on parle d’un détour d’une douzaine de minutes à pied à partir du métro du Parc », estime Marie-Josée Nantel.

Un quartier enclavé

France Emond ne s’explique pas l’accès bloqué, surtout dans le contexte actuel de la pandémie qui a confiné les gens chez eux. « Le déconfinement s’amorce tout juste et c’est à ce moment qu’on nous met une clôture », se désole cette dernière.

« Quand il y a la clôture, le quartier est tellement enclavé », déplore Marie-Josée Nantel. Au nord de Parc-Extension se trouve l’autoroute 40 et au sud, le chemin ferroviaire. À l’ouest se dresse ce que Marie-Josée Nantel nomme « le mur de la honte », une clôture qui délimite le boulevard de l’Acadie et constitue la frontière avec la ville de Mont-Royal.

Selon Marie-Josée Nantel, le groupe Facebook Ouvrons la voie-make way, est la seule façon de se faire entendre. « On n’est pas des clients d’exo ou de CP et on ne sent vraiment pas qu’on a leur écoute et que ça les intéresse. Nous c’est notre réalité, on est brimé et on se sent comme des animaux en cage », déplore-t-elle.

Pas de nouveau passage avant l’automne

Selon la Ville de Montréal, une entente entre exo et CP mènera à la construction d’un nouvel aménagement cet automne.

Un délai qui rend sceptique Marie-Josée Nantel. « En quoi les aménagements prévus cet automne vont être si différents qu’il est impossible de nous laisser l’accès en ce moment », questionne-t-elle.

La Ville de Montréal affirme de son côté poursuivre « activement ses discussions avec ses partenaires sur une base quotidienne afin de permettre la réouverture temporaire d’un lien sécuritaire ».