Des maires du Grand Montréal réclament une étude « crédible, sérieuse et transparente » sur un prolongement du REM de l’Est vers la couronne nord de la métropole, jugeant celui-ci essentiel au changement des habitudes en matière de transport dans les banlieues.

« Le train de l’Est offre cinq départs en période de pointe, alors que le REM, ce sera des départs aux cinq à dix minutes. On n’est pas dans la même offre de service. Quand on nous dit que la solution passera par des navettes en bus vers Pointe-aux-Trembles, on craint que les gens utilisent plutôt leur véhicule pour s’y rendre », explique à La Presse le maire de Terrebonne, Marc-André Plante.

La Table des préfets et des élus de la couronne nord (TPÉCN), qui réunit cinq MRC et une vingtaine de municipalités, a ouvertement critiqué mardi « l’attitude » de la filiale de la Caisse de dépôt, CDPQ Infra, l’accusant de refuser « de réaliser une étude crédible, sérieuse et transparente sur le prolongement du REM de l’Est vers la couronne nord ». Le groupe réclame que ce soit l’Autorité régionale de transport métropolitain (ARTM) qui prépare un dossier d’opportunité, dans le contexte.

Pour le maire Plante, « l’étude qui a été menée a été faite pour amener le REM au centre-ville de Repentigny, sans jamais se préoccuper de l’ensemble » des municipalités de l’est de la couronne nord et de ses 290 000 résidants.

On n’a jamais été consultés, et c’était basé sur les utilisateurs actuels. Or, si on veut amener les gens vers le transport collectif, il faut générer une plus grande offre.

Marc-André Plante, maire de Terrebonne

La mairesse de Repentigny et présidente de la TPÉCN, Chantal Deschamps, affirme que le REM de l’Est « est inéquitable » dans sa forme actuelle. « Pour vous donner une idée, c’est maintenant plus de 66 % des déplacements de nos citoyens qui se font à l’intérieur de la couronne, d’est en ouest, et près de 40 % qui vont vers les grands centres. Alors, les besoins sont urgents et on n’a pas fini, on est en plein développement », a-t-elle dit en conférence de presse.

« Déjà moribonde, la ligne Mascouche a perdu presque toute son attractivité dans les derniers mois en raison des effets de la phase 1 des travaux du REM. Avec la fermeture du tunnel sous le Mont-Royal, le trajet Mascouche – centre-ville prend désormais 1 h 45 en train, soit environ 40 minutes de plus qu’en voiture », a aussi illustré le maire de Mascouche, Guillaume Tremblay.

Québec se montre proactif

Les ministres Chantal Rouleau et François Bonnardel ont tous deux réagi mardi à la sortie des élus. « Les demandes sont nombreuses pour davantage de transport collectif dans la région de Montréal. […] Nous avons respecté nos engagements avec l’annonce du REM de l’Est, qui profitera aux usagers de la couronne nord, en entraînant des réductions majeures de temps de parcours. Nous poursuivons le travail », a réagi la ministre responsable de la Métropole et déléguée aux Transports, dans une déclaration.

Le cabinet du ministre Bonnardel, lui, se dit « conscient que les gouvernements péquistes et libéraux n’ont pas eu l’ambition nécessaire pour la couronne nord ».

« Nous sommes en actions sur plusieurs fronts », affirme l’attachée de presse, Florence Plourde, en réitérant qu’autant Mascouche, Terrebonne ou Repentigny auront des réductions de temps de parcours vers le centre-ville. Dans le premier cas, ce sera 49 minutes – incluant toujours la correspondance – contre 1 h 45, selon Québec. Dans le deuxième, 41 minutes contre 1 h 37, et dans le troisième, 35 minutes contre 1 h 30.

Le gouvernement Legault affirme que le Réseau métropolitain de voies réservées (RMVR), annoncé en septembre, jouera pour beaucoup, tout comme les travaux du prolongement de l’A-19 et l’implantation d’une voie réservée sur l’A-15. « Ces projets changeront la face de la mobilité sur la couronne nord », conclut Mme Plourde.

La directrice affaires publiques et porte-parole du REM, Virginie Cousineau, réitère que le scénario dévoilé pour l’est et le nord-est est « un projet de référence » dont les effets s’étendront déjà « au-delà de la métropole ». « En ce qui a trait à la couronne Nord plus particulièrement, nous analysons également un projet pour Laval suivant le mandat du gouvernement du Québec. Les conclusions de ces analyses seront présentées incessamment aux autorités compétentes », indique-t-elle par écrit.