(Montréal) Des travailleuses du réseau de la santé et des services sociaux se sont rassemblées samedi après-midi au centre-ville de Montréal pour dénoncer ce qu’elles désignent comme la dévalorisation chronique des métiers traditionnellement féminins.

Ces syndiquées représentées par la Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec (FIQ) et l’Alliance du personnel des professionnel et technique de la santé et des services sociaux (APTS) réclament un rattrapage salarial de 7,4 % dans le cadre des négociations du secteur public.

La FIQ est déjà parvenue à une entente partielle sur les conditions de travail, mais pas sur la rémunération de ses quelque 76 000 membres infirmières, infirmières auxiliaires, inhalothérapeutes et perfusionnistes cliniques. Elle s’est alliée sur ce front avec l’APTS, qui représente pour sa part près de 60 000 membres.

Les deux syndicats, composés à plus de 85 % de femmes, mènent une campagne baptisée « Payée au féminin, c’est terminé ! » depuis un mois.

Les participantes à la manifestation de samedi étaient invitées à revêtir veston-cravate et des casques de construction pour souligner le contraste entre leurs salaires et ceux des secteurs à prédominance masculine.

« On est ici aujourd’hui pour dire au gouvernement que le temps de la "vocation" est bien révolu », a scandé la présidente de FIQ, Nancy Bédard.

« Ça fait plus d’un an que vous êtes sans contrat de travail, [que vous avez] passé à travers trois vagues de cette pandémie. La cour est pleine ! », a-t-elle ajouté en s’adressant à la foule.

Mme Bédard n’a pas manqué de rappeler que le gouvernement caquiste ne se dit pas « au bout de la capacité de payer des Québécois » lorsqu’il est question d’investir des projets d’infrastructure comme le troisième lien.

L’APTS a récemment annoncé les premières grèves dans le secteur de la santé et des services sociaux. Ses membres, qui sont notamment des travailleurs sociaux, des nutritionnistes, des psychologues, des techniciens en laboratoire et en radiologie, comptent débrayer les 7 et 8 juin, de même que les 21 et 22 juin.

« Remplacer des augmentations de salaire par des montants forfaitaires, ça ne passe pas », a lancé le vice-président de l’APTS, Benoit Audet, samedi, en faisant référence à la dernière offre gouvernementale.

Celle-ci prévoit 5 % sur trois ans, avec une majoration possible de 1 % à condition que l’inflation dépasse ce seuil et que la croissance attendue par le gouvernement soit au rendez-vous. Québec y ajoute des montants forfaitaires non récurrents et caractérise ainsi son offre comme une augmentation de 8 %.

En conférence de presse plus tôt ce mois-ci, le premier ministre a insisté sur le fait que des offres différenciées ciblent des secteurs où la pénurie de main-d’œuvre est particulièrement criante.

« C’est le contraire », avait affirmé François Legault, en réagissant aux accusations de sexisme.

« On regarde les enseignantes, les infirmières et les préposées aux bénéficiaires, ce sont trois groupes qui sont à majorité des femmes. Ça veut dire qu’on vient proposer de plus grosses augmentations de salaire pour les femmes », avait-il avancé.

Selon l’Institut de la Statistique du Québec, en 2020, les employés du gouvernement provincial gagnaient en moyenne 16,2 % de moins que le reste des salariés québécois, c’est-à-dire ceux du secteur privé, des sociétés d’État et des autres niveaux de gouvernement. Sur le plan de la rémunération globale, qui tient aussi compte des avantages sociaux, ils affichent tout de même un retard de 9,2 %.

Or, l’écart salarial qui persiste entre les hommes et les femmes s’expliquerait en partie par la concentration de ces dernières dans des domaines d’activité comme la santé. Le taux de présence féminine est de 61,1 % dans l’ensemble du secteur public.