L’ancien directeur du SPVM, Philippe Pichet, s’adresse au Tribunal pour contester ce qu’il qualifie de destitution, et pour occuper un emploi et obtenir un salaire digne de son grade au sein du Service de police de la Ville de Montréal.

Depuis sa suspension dans la foulée des allégations qui ont éclaboussé les affaires internes du SPVM en 2017, M. Pichet a été rétrogradé au grade d’inspecteur-chef.

Après avoir occupé le poste de directeur-général à la ville minière de Fermont en 2019-2020, M. Pichet est revenu au SPVM et occupe depuis avril dernier le poste de « coordonnateur de l’élaboration d’un plan de continuité des opérations advenant la survenance de sinistres affectant l’une ou l’autre, ou l’ensemble des 33 fonctions d’affaires ».

Dans une requête de contestation d’une destitution déposée lundi en Cour du Québec, chambre civile, M. Pichet explique qu’il ne peut travailler dans les locaux du SPVM ni communiquer avec ses collèges de travail.

Il déplore que les compétences pour occuper cet emploi sont en deçà de celles d’un inspecteur-chef et que son salaire annuel a été amputé d’environ 50 000 $, affectant par le fait même sa retraite.

M. Pichet demande donc à la Cour du Québec d’ordonner à la Ville de Montréal de le réintégrer à un poste digne d’un inspecteur-chef, de lui verser « un montant équivalent aux avantages et autres allocations dont il bénéficiait avant sa destitution en avril 2021 » et de lui verser un montant équivalent aux honoraires qu’il doit débourser en frais d’avocat.

Quelques flèches décochées

Dans sa requête, Philippe Pichet affirme notamment que la plupart des allégations qui ont éclaboussé le SPVM étaient reliées à des évènements qui ont précédé sa nomination à la tête du corps de police. Il se défend en faisant valoir qu’il avait élaboré un plan pour redresser la situation au SPVM et mettre fin aux guerres de clans qui ont gangréné l’organisation, mais qu’on ne lui a jamais donné l’occasion de le mettre en place.

Il est très dur à l’endroit de MMichel Bouchard, qui a mené une enquête administrative au SPVM, soulignant des « irrégularités » dans le processus, et déplorant que l’avocat ne l’ait rencontré que durant une heure trente, vers la fin de son enquête, « de sorte que sa tête sera mise à prix sans que jamais il n’ait l’occasion de s’exprimer », écrit l’avocat de M. Pichet, MDaniel Rochefort.

« Son rapport peu crédible est ponctué de faiblesses évidentes et fondé en grande partie sur des ouï-dire. Il était biaisé en imputant au demandeur (Philippe Pichet) un climat de travail antérieur à son arrivée », peut-on lire dans la requête.

M. Pichet écrit avoir appris sa suspension par les médias.

Il décoche également quelques flèches à l’ancien ministre de la Sécurité publique, Martin Coiteux, qui s’est interrogé publiquement sur le fait « qu’il n’était peut-être pas l’homme de la situation » et qui a dit douter que M. Pichet puisse reprendre son poste de directeur du SPVM. « … au moment de cette déclaration, il était de facto déjà impossible pour lui d’être réintégré, le ministre Coiteux l’ayant déjà cloué au pilori sur la place publique », écrit encore MRochefort.

Congédiement déguisé

L’ancien directeur du SPVM égratigne aussi l’administrateur provisoire Martin Prud’homme, qui ne l’a jamais rencontré et qui a adopté un plan de redressement semblable au sien, dit-il.

Il affirme également que l’ancien directeur-général de la Ville de Montréal, Alain Marcoux, lui a dit que la seule issue possible serait de démissionner.

M. Pichet qualifie de « mascarade » destinée à sauver les apparences politiques de Québec et de la Ville de Montréal tous les évènements le concernant. Il ajoute que plus personne n’a voulu défendre un individu devenu « toxique », que l’actuel directeur du SPVM Sylvain Caron l’a tabletté et bâillonné, et que la réduction de ses conditions de travail lui fait vivre une humiliation et équivaut à un congédiement déguisé.

« Que doit-on penser d’un système dans lequel le gouvernement du Québec décide de destituer le directeur du SPVM sans que celle-ci ne lui donne l’occasion de s’expliquer, ni de faire valoir son point de vue alors que la majorité des faits qu’on lui reproche sont survenus sous l’administration précédente ? », demande l’avocat de M. Pichet, MDaniel Rochefort.

« Par la présente procédure, nous espérons rétablir la réputation de M. Pichet qui a été traité de façon très injuste dans le processus de destitution dont il fait l’objet », a aussi déclaré l’avocat à La Presse.

Pour joindre Daniel Renaud, composez-le (514) 285-7000, poste 4918, écrivez à drenaud@lapresse.ca ou écrivez à l’adresse postale de La Presse.