Près d’une vingtaine d’organismes communautaires ont joint leurs voix pour lancer un cri du cœur au nom des personnes en situation d’itinérance à Montréal. Données à l’appui, ils dénoncent le profilage social et la stigmatisation dont cette communauté ferait les frais depuis des années.

Vingt-sept mannequins ont été érigés aux quatre coins de la métropole, mercredi après-midi, afin de conscientiser la population aux enjeux de l’itinérance. Vingt-sept visages de l’itinérance exposés dans les métros, les parcs et les postes de quartier de la ville.

Qu’ont en commun ces lieux ? Ils sont les espaces symboliques de la répression vécue par les personnes en situation d’itinérance, explique Laury Bacro, organisatrice communautaire au Réseau d’aide aux personnes seules et itinérantes de Montréal (RAPSIM).

« Nous ne croyons pas que de la répression soit la solution à l’itinérance. Cette action de sensibilisation est un appel pour aller vers la prévention et l’accompagnement, le développement de solutions pérennes et une meilleure compréhension des situations d’itinérance », tonne-t-elle.

Dans son 5portrait de la situation de l’espace public montréalais, un rapport qui collige des centaines de données, le RAPSIM et plusieurs autres organismes communautaires énonce que « la majorité des infractions [policières] documentées relèvent du fait même de la situation d’itinérance ». Dormir sur un banc, se trouver dans un parc la nuit tombée et le recours aux tentes dans l’espace public en sont quelques exemples.

« C’est comme si on pénalisait et stigmatisait les personnes par l’absence de réponses adaptées en termes de logement, d’hébergement d’urgence dans la dignité, d’accès des soins de santé mentale », déplore Mme Bacro.

Et la pandémie n’a fait qu’accentuer la répression, juge-t-elle. Certaines mesures sanitaires, dont le couvre-feu, sont appliquées de manière « discriminatoire » et disproportionnée » aux personnes en situation d’itinérance.

Les organismes participants dénoncent également le démantèlement des campements, Hochelaga-Maisonneuve étant le dernier en date, qui instaurent un « climat inquiétant ».

Bonifier le tissu social

Le directeur de l’organisme Dopamine qui accompagne les personnes utilisatrices de drogues, Martin Pagé, urge la Ville de Montréal de mettre en place un plan d’action intégré axé sur les réalités de l’itinérance. Selon lui, un premier pas serait la réorientation des fonds publics vers le filet social.

« Ce n’est certainement pas en augmentant les budgets des corps policiers qu’on va arriver à trouver des solutions pour nos communautés. Il faut penser au sous-financement des groupes communautaires », ajoute-t-il.