Les Montréalais devraient vivre un été presque normal, avec des terrasses ouvertes et des touristes visitant la ville, si l’on en croit la mairesse Valérie Plante, qui annonçait vendredi de l’aide financière pour les restaurants et les bars, qu’elle espère voir rouvrir bientôt.

« On commence à envisager un été qui sera dynamique et qui va se rapprocher d’une certaine normalité », a affirmé Mme Plante, en conférence de presse dans le Quartier des spectacles.

« On veut donner le goût aux Montréalais de rester à Montréal, et on travaille avec Tourisme Montréal à une campagne pour attirer les touristes de l’extérieur, de l’Ontario, des Maritimes, des gens du Québec, en mettant de l’avant l’aspect culinaire. Quand cette campagne-là va partir, on espère que les terrasses seront ouvertes », a-t-elle ajouté.

La mairesse s’attend aussi à plus de « flexibilité » pour l’ouverture des piscines et autres installations sportives quand la majorité de la population aura reçu une première dose de vaccin, le 24 juin.

« Depuis le début de la pandémie, on a toujours un plan A, B, C, pour à peu près toutes les situations », a-t-elle souligné.

« Pas irréaliste »

Valérie Plante fait-elle preuve de trop d’optimisme ?

Selon la Dre Marie-France Raynault, cheffe du département de médecine sociale et préventive du CHUM, il est « optimiste, mais pas irréaliste » de planifier l’ouverture des terrasses et l’accueil de touristes pour le début de l’été à Montréal.

Si on arrive à contenir la pandémie, que la population continue de suivre les mesures et que la vaccination progresse encore, c’est raisonnable de penser qu’il y aura des terrasses, et qu’on pourra du même coup recevoir des gens des autres régions.

La Dre Marie-France Raynault, cheffe du département de médecine sociale et préventive du CHUM

Il est toutefois « un peu tôt » pour se prononcer sur le cas des voyageurs en provenance de l’Ontario, croit la Dre Raynault. « Leur situation sanitaire n’est pas encore maîtrisée, même si elle s’améliore, heureusement. Le temps nous le dira », commente-t-elle à ce sujet.

Chose certaine, les terrasses restent une activité extérieure « où le risque de transmission est bien moindre », rappelle l’experte. « Ce ne sera pas la Ville qui décidera ultimement, puisqu’on est encore en état d’urgence sanitaire. Mais d’ici l’été, j’ai bon espoir qu’on pourra tout de même y arriver », indique-t-elle.

Jeudi en conférence de presse, le ministre de la Santé et des Services sociaux, Christian Dubé, avait laissé entendre que Valérie Plante souhaitait l’ouverture des terrasses pour pouvoir y serrer des mains d’électeurs cet été, en prévision des élections municipales de novembre prochain. « Je demanderais à tous les politiciens de rester tranquilles en attendant notre plan de relance », a-t-il dit.

Sur Twitter, Valérie Plante lui a répondu que « donner de la prévisibilité aux restaurateurs et bars qui souffrent depuis un an, dans le respect des décisions de la Santé publique, c’est la bonne chose à faire ». « Je ne vais ni me croiser les bras ni rester tranquille face à la détresse de ces derniers. »

Justement, elle annonçait vendredi des investissements de 4,5 millions supplémentaires afin d’aider le milieu de la restauration et des bars à se relever de cette année difficile.

D’abord, un nouveau fonds de relance de 4 millions permettra aux bars et restaurants des quartiers centraux de recevoir une subvention maximale de 25 000 $, ou jusqu’à 90 % du coût d’un projet visant à augmenter la clientèle.

Ces sommes pourraient servir par exemple à adapter un établissement au contexte sanitaire ou à construire une terrasse, a expliqué Mme Plante.

Concurrencer Uber Eats et les autres services de livraison

Ensuite, la ville offre un montant de 500 000 $ pour le développement d’une plateforme locale de commandes et de livraisons pour les restaurants, afin de concurrencer les services comme Uber Eats, SkipTheDishes et DoorDash, qui facturent des frais importants aux restaurateurs pour leurs services.

Le gouvernement du Québec est intervenu pour limiter ces frais exorbitants pendant la pandémie, mais ces frais demeureront trop élevés après la pandémie. Cette situation doit changer.

Luc Rabouin, responsable du développement économique et commercial au sein du comité exécutif

De petites initiatives très locales ont été mises en place dans certains secteurs de Montréal, mais M. Rabouin souhaite qu’elles se regroupent pour offrir un service de plus grande envergure, sous l’égide d’un organisme à but non lucratif ou une coop de solidarité, ce qui permettrait d’offrir le service à moindre coût pour les restaurateurs.

Certaines plateformes de livraison facturaient des frais allant jusqu’à 30 % de la facture aux restaurateurs utilisant leurs services. En mars, Québec est intervenu pour limiter les commissions à 20 %, pour les plateformes qui fournissent à la fois les services de commande et ceux de livraison.

Appelée à réagir, la Fédération canadienne de l’entreprise indépendante (FCEI) a salué l’attribution de ces 4,5 millions aux restaurants et aux bars. « Bon nombre d’entre eux ne savent même pas quand ils pourront rouvrir. Comme l’endettement moyen d’une PME québécoise du secteur de la restauration atteint 206 944 $, il n’y a plus de marge de manœuvre pour ajouter d’autres dettes. L’aide directe est indispensable », a martelé son vice-président pour le Québec, François Vincent, dans une déclaration.

Cela dit, l’organisme réclame que « les PME des autres quartiers de Montréal qui souffrent également » bénéficient eux aussi « d’un appui similaire ».