La Fraternité des policiers de Montréal s’indigne de l’embauche d’un « militant […] dont l’une des spécialités est d’accuser les policiers et policières de profilage racial » par la Commissaire à la lutte contre le racisme et la discrimination systémiques de la Ville.

Dans un courriel à tous ses membres dont La Presse a obtenu copie, diffusé mercredi matin, le syndicat dénonce le recrutement d'Alain Babineau – un ex-policier de la Gendarmerie royale du Canada (GRC) devenu un critique de la police – par le service dirigé par Bochra Manaï.

Selon la Fraternité, M. Babineau vient d’être choisi comme conseiller attaché au Service de police de la Ville de Montréal (SPVM).

« Il y a quelques mois, monsieur Babineau déclarait qu’il pouvait repérer un cas de profilage racial à l’odorat. […] Encore récemment, il représentait devant les médias des personnes portant plainte en déontologie et assistait les plaignants contre des policiers et des policières de Montréal », a déploré la Fraternité.

« Nous respectons son vécu et son droit de parole comme militant, même si nous déplorons fortement la rapidité avec laquelle il saute toujours prématurément à la même conclusion. Mais il est évident qu’un militant plaidant dans les médias contre les policiers et policières est mal placé pour susciter l’adhésion. Un minimum d’apparence d’impartialité aurait été nécessaire pour ce poste. »

M. Babineau et son nouvel employeur n’ont pas immédiatement rappelé La Presse. Alain Babineau intervient depuis plusieurs années dans les médias au sujet du profilage racial, après une carrière de 28 ans à la GRC.

Le recrutement de Mme Manaï par l’administration Plante avait lui-même causé une controverse cet hiver, parce qu’elle avait qualifié le Québec de « référence pour les suprémacistes et les extrémistes du monde entier » dans la foulée de l’adoption de la loi 21. Le premier ministre Legault avait même critiqué sa nomination.

À l’époque, « laissant toutefois la chance à la coureuse, nous avons évité de nous joindre au concert de doléances à son endroit », souligne la Fraternité dans son courriel de mercredi. Mais « il n’est toutefois pas raisonnable que la police devienne un chantier d’expérimentation pour les militants ».