Exclue du caucus de Projet Montréal au début de 2020, la mairesse de l’arrondissement de Côte-des-Neiges–Notre-Dame-de-Grâce, Sue Montgomery, lance officiellement son propre parti politique en vue des prochaines élections municipales.

Baptisée Courage – Équipe Sue Montgomery, la nouvelle formation n’a toutefois pas encore dévoilé le nom de candidats, mais souhaite en présenter dans tous les districts. « Je suis en discussion avec plusieurs personnes. Il y a beaucoup d’intérêt. Je veux avoir une équipe diversifiée qui représente mieux notre arrondissement. Notre conseil est très blanc », soulève la principale intéressée.

Si elle travaille à l’élaboration de sa plateforme politique, Mme Montgomery fait déjà part de certaines priorités, dont la revalorisation du théâtre Empress, qui fait l’objet de débats depuis plus de 25 ans, la transformation de l’hippodrome et le prolongement du boulevard Cavendish.

Ça prend du courage pour questionner comment la Ville est gérée maintenant et faire les choses autrement pour améliorer la vie des gens.

Sue Montgomery, mairesse de l’arrondissement de Côte-des-Neiges–Notre-Dame-de-Grâce

Mardi, la Ville de Montréal a confirmé qu’elle ne porterait pas en appel le jugement de la Cour supérieure rendu en décembre qui l’oblige à « mettre fin immédiatement » aux directives empêchant la directrice de cabinet de Sue Montgomery, Annalisa Harris, de communiquer avec les fonctionnaires de l’arrondissement de Côte-des-Neiges–Notre-Dame-de-Grâce.

Le clan Montgomery et Projet Montréal sont en conflit depuis le début de 2020. La parution d’un rapport du contrôleur général de la Ville de Montréal, Alain Bond, a engendré l’exclusion de Sue Montgomery du caucus du parti, en janvier, après que la principale intéressée eut refusé de congédier Annalisa Harris, qui faisait l’objet d’allégations de harcèlement psychologique. Mme Harris fera d’ailleurs partie des dirigeants du nouveau parti.

Beaucoup de mouvement

La Commission municipale du Québec (CMQ) doit tenir des audiences en avril afin de trancher sur d’autres manquements déontologiques potentiels qui sont reprochés à Sue Montgomery. « Ça ne m’inquiète pas. Le juge a dit clairement que j’avais le droit de faire ce que j’ai fait. Je ne sais pas pourquoi la CMQ continue, mais ça va être réglé, j’espère, très bientôt », soupire la femme de 60 ans. Le conseiller du district de Loyola Christian Arsenault, qui a quitté le caucus de Projet Montréal en décembre, n’est pas de cet avis.

Je ne suis pas autant intéressé par son parti que par son apparition devant la CMQ dans quelques semaines. Elle joue la carte de l’intégrité, mais elle a plusieurs chefs d’accusation contre elle. Les résidants arriveront à une conclusion par eux-mêmes.

Christian Arsenault, conseiller du district de Loyola

Dans le district de Snowdon, le conseiller indépendant Marvin Rotrand accueille aussi l’arrivée de ce nouveau parti avec des réserves. « Sue Montgomery a le droit de le faire, ce sera à elle de vendre sa vision aux électeurs, mais je doute fort qu’ils l’achètent. Moi, je ne compte pas appuyer ce parti », a-t-il assuré, préférant se ranger du côté d’une « nouvelle force » qui pourrait déloger Valérie Plante.

Le chef de l’opposition officielle, Lionel Perez, qui ne compte pas se représenter à la tête d’Ensemble Montréal, sonde aussi le terrain pour se présenter à la mairie d’arrondissement de Côte-des-Neiges–Notre-Dame-de-Grâce. Il est actuellement conseiller dans le district de Darlington. Pour justifier son intérêt, M. Perez cite « la mauvaise gestion de l’arrondissement par la mairesse Montgomery » et « sa guerre interne avec Projet Montréal ». « Les citoyens en paient le prix et méritent mieux. Ma réflexion se poursuit », a-t-il indiqué.

Une coalition s’indigne

Sue Montgomery s’est aussi attiré jeudi les foudres d’une coalition de militants qui l’accuse de « s’approprier » son nom et son logo. Les membres de Courage Montréal, qui se décrit comme une « coalition de la gauche indépendante », affirment que Mme Montgomery « essaie d’associer son parti et de s’associer elle-même aux mouvements de justice sociale » qu’ils défendent. L’organisme milite entre autres pour les droits des autochtones, la justice environnementale et l’autodétermination des peuples.

« S’approprier le nom et le logo d’une autre organisation sans autorisation n’est pas le meilleur moyen de renforcer la crédibilité et les relations avec ces mouvements. Ce n’est pas très courageux », a martelé la Laura Dunn, membre et fondatrice de Courage Montréal. L’organisme affirme qu’il évalue ses options « en ce qui concerne la protection de [son] droit à [son] nom ».

Appelée à réagir, Sue Montgomery, elle, a balayé la critique d’un revers de main. « Le nom de mon parti, c’est Courage – Équipe Sue Montgomery. Ce n’est pas la même chose. Et cette coalition n’a pas le monopole sur le mot courage », s’est-elle défendue.