La facture assumée par la petite ville de Lachute pour la destitution de deux de ses hauts fonctionnaires continue à grimper, alors que l’enquête anticorruption qui les visait vient d’être fermée sans accusations.

L’Unité permanente anticorruption (UPAC) a récemment confirmé à La Presse qu’elle avait clos son dossier visant Pierre Gionet, directeur général de Lachute jusqu’en 2015. Avec sa conjointe Nathalie Piret, destituée en même temps de son poste de trésorière de Lachute, il conteste depuis plusieurs années son renvoi.

L’enquête ayant mené à leur destitution a été qualifiée par le Tribunal administratif du travail (TAT) de « vengeance politique » et de « vendetta personnelle » du maire Carl Péloquin à leur endroit. Ses allégations concernaient l’utilisation par M. Gionet de son allocation de dépenses. Le tribunal a d’ailleurs ordonné leur réintégration en juin dernier.

La municipalité a demandé à la Cour supérieure le droit de ne pas appliquer immédiatement cette décision, le temps que la contestation judiciaire de cette décision soit entendue. Juste avant les Fêtes, la Cour supérieure lui a opposé une fin de non-recevoir.

Depuis, M. Gionet et Mme Piret ont recommencé à recevoir des chèques de paie de la Ville de Lachute, a confirmé l’avocat de la municipalité, MLouis Coallier, en entrevue avec La Presse.

Des millions déjà dépensés

Le maire Péloquin, lui, a défendu son choix de continuer les procédures judiciaires.

« On était déçus de la décision du 25 juin du Tribunal administratif du travail. Le sursis, c’était une démarche qui s’offrait à nous dans l’attente du processus de révision, pour lequel les audiences sont prévues le 10 et 11 juin prochain », a dit l’élu en entrevue téléphonique. M. Péloquin n’avait pas de « grandes espérances » quant à cette démarche, mais a estimé qu’il devait tout de même tenter le coup.

Lachute a dépensé 3,2 millions dans ce dossier jusqu’à maintenant, dont 1,5 million pour une enquête plus large sur l’administration municipale précédente « en général », a dit M. Péloquin. Avec le retour de M. Gionet et de Mme Piret dans la masse salariale de la municipalité, cette somme croît maintenant chaque semaine. Et si la décision du TAT est maintenue, la Ville devra débourser des centaines de milliers de dollars en salaires non payés.

Nouveau coup dur pour la cause de Lachute : l’UPAC a récemment fermé son enquête sur le couple Gionet-Piret.

« On a fait les dernières vérifications dans ce dossier au cours de l’été et on a décidé de fermer le dossier sans accusation », a affirmé le porte-parole Mathieu Galarneau. Il a indiqué que l’organisation pouvait donner des mises à jour de ce type sur « les enquêtes qui ont fait l’objet d’une couverture médiatique ».

L’avocat de Pierre Gionet et de Nathalie Piret, MJean-François Gagné, n’a pas voulu commenter le dossier.