Tous les agents garderont leur arme, promet Alain Vaillancourt, mais pas question de gonfler la taille du SPVM

Les policiers montréalais font un travail « redoutable », et il n’est pas question de les désarmer ou de les définancer, a assuré mardi le nouveau responsable de la sécurité publique de Valérie Plante.

Après sa victoire électorale du mois dernier, la mairesse a créé la surprise en confiant le portfolio le plus chaud du comité exécutif à un travailleur social de 56 ans, inconnu du grand public et peu habitué aux feux de la rampe. Élu municipal dans Ville-Émard depuis 2013, il fait son entrée au comité exécutif – le « conseil des ministres » de la mairie.

Dans sa première entrevue depuis sa nomination, accordée à La Presse, Alain Vaillancourt reconnaît avoir été surpris de se voir confier cet « immense défi », mais promet de mettre les bouchées doubles pour s’y attaquer. « Je réalise que c’est énorme comme tâche », a-t-il dit, assis dans un salon de l’hôtel de ville de Montréal.

Mais il n’est pas le seul à travailler fort. « On a besoin de nos policiers et de nos policières », a affirmé M. Vaillancourt, profitant de son entrée en scène pour tendre la main aux forces de l’ordre. « Ils font un travail de taille : aujourd’hui, ce n’est vraiment pas facile, c’est redoutable d’être policier ou policière sur notre territoire. […] Les enjeux sont chauds. Ils ont beaucoup de pression de régler la violence. »

Et ils ont besoin de leur arme de service pour accomplir leur travail, a assuré sans ambages le nouveau responsable de la police.

PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, ARCHIVES LA PRESSE

La mairesse de Montréal, Valérie Plante, et le nouveau responsable de la sécurité publique, Alain Vaillancourt, lors du dévoilement du comité exécutif, le 24 novembre dernier

Pendant la campagne électorale, le soutien de l’administration Plante envers le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) a été quotidiennement remis en question par Denis Coderre. L’attaque risque de ne pas coller à Alain Vaillancourt, bien loin de la figure de militant antipolice : sans passé partisan, il a été recruté par Projet Montréal après avoir pris la tête du club aquatique du Sud-Ouest où ses enfants nageaient.

Il était d’ailleurs absent lorsque le congrès de Projet Montréal a majoritairement remis en doute la nécessité que tous les policiers montréalais soient armés, en avril dernier : un HLM de son quartier brûlait, jetant des dizaines de personnes à la rue.

Flambée de violence

Lui-même grand sportif, le quinquagénaire a déjà entamé sa course de fond politique au comité exécutif. Tout en haut de sa liste de priorités : la multiplication des fusillades impliquant des jeunes dans certains quartiers montréalais. Les causes sont multiples, a fait valoir M. Vaillancourt, mais la solution passe par un rapprochement entre les Montréalais et leurs policiers.

« On a besoin d’un lien de confiance. Il faut absolument que la police travaille avec la population, que la population travaille avec la police. S’il n’y a pas de lien de confiance, c’est certain que le problème va être plus dur à régler », a souligné M. Vaillancourt.

À son avis, le SPVM ne vit pas de crise sur ce plan.

« Je ne suis pas prêt à dire que la confiance est brisée, a-t-il dit. Je pense qu’on a du travail à faire pour renforcer les liens. Si, dans certains cas isolés, dans certaines instances, le lien est moins fort, ça va être à moi, à notre équipe et à tout le monde de mettre tout en place pour rétablir ces liens-là. »

Élu en 2013 après une carrière de 22 ans en travail social, M. Vaillancourt insiste aussi sur l’importance du travail communautaire pour éteindre la flambée de violence.

Dans certains endroits, les jeunes n’ont peut-être pas l’égalité les chances [en matière] d’accès aux ressources, d’accès aux loisirs.

Alain Vaillancourt, nouveau responsable de la sécurité publique au comité exécutif de la Ville de Montréal

« Oui, le jeune qui a un gun présentement, il faut agir, a expliqué M. Vaillancourt. Mais en amont, il faut aller en prévention. […] Ce n’est pas sexy, la prévention, ce n’est pas quelque chose qu’on voit dans l’immédiat, mais ça passe par là. »

250 policiers « supplémentaires »

Malgré la nomination d’Alain Vaillancourt, c’est sa patronne qui a encaissé la première controverse du mandat en matière de sécurité publique. Après avoir laissé entendre en campagne qu’une administration de Projet Montréal ajouterait 250 policiers aux forces du SPVM, Valérie Plante a « précisé » après le scrutin que ce chiffre incluait ceux qui remplaceront des départs à la retraite. Bref, que le nombre total de policiers augmenterait de façon beaucoup moins importante.

En entrevue, Alain Vaillancourt s’est collé à la position de la mairesse. « C’était toujours très clair que notre engagement, c’était 250 policiers supplémentaires », a-t-il dit, précisant à son tour que le mot « supplémentaire » correspond à son avis à une augmentation brute, plutôt que nette, du nombre de policiers à Montréal.

Autre promesse de sa formation politique : l’instauration d’un programme de caméras corporelles pour les policiers. Alain Vaillancourt a réitéré que le projet devrait voir le jour en 2022. « On s’est engagés à le faire », a-t-il souligné.

Montréal attend présentement les résultats d’un projet-pilote de la Sûreté du Québec (SQ) dans quatre municipalités afin de modeler son propre programme. Il s’agira uniquement d’ajustements, a assuré M. Vaillancourt : l’administration Plante n’abandonnera pas son engagement même si le rapport de la SQ est défavorable envers l’utilisation de caméras corporelles, a-t-il dit.

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Nombre de policiers à Montréal en date du 31 décembre dernier

679 millions

Budget du SPVM en 2021

Sources : SPVM et Ville de Montréal