La mairesse de Montréal, Valérie Plante, a été accusée de ne pas respecter une première promesse électorale, lundi, en indiquant que la police n’obtiendrait finalement pas 250 policiers en renfort.

Début novembre, en pleine campagne électorale, Valérie Plante avait promis d’« embaucher 250 policiers ». En conférence de presse, elle avait confirmé clairement aux médias qu’il s’agissait d’un ajout « net » aux troupes du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM), des embauches « supplémentaires ». L’engagement suivait de quelques jours la promesse de Denis Coderre d’ouvrir 250 nouveaux postes au SPVM.

Les médias qui ont couvert cette conférence de presse, dont La Presse, ont donc rapporté que Projet Montréal voulait augmenter de 250 le nombre de policiers à Montréal. À l’époque, Projet Montréal n’avait apporté que peu de clarifications, laissant planer le flou.

Lundi, après un reportage de Radio-Canada sur le sujet, Valérie Plante a fait valoir qu’il s’agissait plutôt d’un ajout brut : la grande majorité des 250 embauches serviront finalement à remplacer des départs à la retraite, qui touchent plus de 150 postes par année. Le nombre total de policiers à Montréal n’augmentera pas de façon substantielle.

« C’est important pour moi de clarifier, parce que je ne veux pas laisser de flou autour de ces chiffres-là », a-t-elle dit, lundi, en marge d’une conférence de presse.

Pour moi, il a toujours été clair qu’entre aujourd’hui et décembre 2022, il y aurait 250 policiers qui seraient engagés, et ça inclurait les départs à la retraite.

Valérie Plante, mairesse de Montréal

Elle n’a pas voulu dire si le flou créé pendant la campagne était volontaire ou involontaire.

Valérie Plante n’a pas non plus voulu avancer de chiffre quant à l’augmentation nette du nombre de policiers à Montréal à la fin de l’année 2022.

« Quand on promet, on fait », dit l’opposition

Aref Salem, nouveau chef de l’opposition officielle à l’hôtel de ville de Montréal, a plaidé qu’il s’agissait de la première promesse non respectée du deuxième mandat de l’administration Plante. Il a fait valoir que les électeurs avaient compris que Mme Plante s’engageait à augmenter de façon importante le nombre de policiers à Montréal.

PHOTO SARAH MONGEAU-BIRKETT, ARCHIVES LA PRESSE

Aref Salem, chef de l’opposition officielle

« On le sait tous qu’il manque 250 policiers. On les a promis dans la campagne électorale, que ce soit Ensemble Montréal ou Projet Montréal », a dit M. Salem. « Ça a pris 22 jours pour que la mairesse brise sa première promesse. […] Je pense que c’est inquiétant. »

Il a ajouté : « En politique, quand on promet, on fait. Sinon, on ne promet pas. »

Le SPVM compte environ 4500 policiers à l’heure actuelle.

La Fraternité des policiers et policières de Montréal (FPPM) avait elle aussi compris que Projet Montréal s’engageait à augmenter le nombre de policiers à Montréal. Elle avait d’ailleurs salué l’engagement de Mme Plante : « une mesure nécessaire qui témoigne d’une vision réaliste de l’état des troupes et de la situation sur le terrain », avait écrit l’organisation sur les réseaux sociaux. Lundi, la FPPM n’a pas voulu commenter le dossier.

Un forum sur la violence

Par ailleurs, Valérie Plante et le SPVM veulent organiser un sommet sur la violence armée à Montréal, en réunissant gouvernements, police, groupes communautaires et écoles.

La mairesse dit chercher des solutions à la flambée de fusillades qui secoue certains quartiers de Montréal.

« Il est important de se réunir pour discuter de la façon dont nos rues, nos espaces publics et nos écoles demeurent sécuritaires », a dit Mme Plante, lundi matin, en conférence de presse. « Il faut partager les informations. »

Le directeur adjoint du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM), Vincent Richer, était présent à l’annonce. Il a affirmé que la police avait besoin de la collaboration du reste de la société pour s’attaquer au phénomène.

Ensemble, on va s’assurer que la violence armée soit combattue de façon efficace à Montréal.

Valérie Plante, mairesse de Montréal

La mairesse a commencé sa conférence de presse en prononçant les noms de Meriem Boundaoui, Jannai Dopwell-Bailey et Thomas Trudel, les trois adolescents tués depuis le début de l’année dans des évènements violents à Montréal.

La Presse a révélé lundi matin que Thomas Trudel, 16 ans, aurait été victime de scoring, une pratique qui consiste à commettre des actes criminels – jusqu’au meurtre – pour marquer des points face à un groupe adverse. Dans le cas de l’adolescent, il aurait été ciblé parce qu’il fréquentait l’école secondaire Joseph-François-Perrault. M. Richer, du SPVM, n’a pas voulu confirmer les informations de La Presse.

« L’enquête se poursuit. Si je donnais de l’information sur notre enquête, ça pourrait nuire à notre projet d’enquête. On suit ça de façon attentive », a-t-il dit. Il a toutefois accepté d’évoquer le scoring, « un phénomène qu’on a vu se développer dans les derniers mois. Le SPVM est attentif à ça ».