Les espaces verts du Technoparc, près de l’aéroport, pourront-ils être protégés ? La chasse sera-t-elle bientôt interdite dans l’île de Montréal ? La Ville est-elle mieux préparée pour combattre les inondations ? Voici quelques enjeux qui préoccupent les résidants de l’Ouest-de-l’Île, à l’occasion de l’actuelle campagne électorale.

Protéger le Technoparc et ses oiseaux

On peut y observer 209 espèces d’oiseaux, dont au moins 10 espèces vulnérables et 33 espèces reconnues par Environnement Canada comme étant « prioritaires ». Les oiseaux y sont attirés par les marais et les secteurs boisés, et les papillons monarques par un champ d’asclépiades.

Pourtant, cet endroit se trouve dans un secteur industriel : le Technoparc de l’arrondissement de Saint-Laurent, au nord-ouest de l’aéroport Montréal-Trudeau, tout près d’une future station du Réseau express métropolitain (REM).

Voilà plusieurs années que des résidants demandent que ces espaces verts, qui appartiennent au gouvernement fédéral, à la Ville et à des propriétaires privés, soient conservés à leur état naturel.

Projet Montréal, le parti de Valérie Plante, a annoncé son intention de tripler les aires protégées dans ce secteur, pour les faire passer à 175 hectares, une superficie presque équivalente à celle du parc du Mont-Royal (190 hectares).

PHOTO ANDREJ IVANOV, COLLABORATION SPÉCIALE, ARCHIVES LA PRESSE

Le Technoparc de l’arrondissement de Saint-Laurent, en août dernier

« C’est un poumon vert, mais c’est aussi un lieu qui regorge de biodiversité », souligne Robert Beaudry, candidat au poste de conseiller de la ville du district de Saint-Jacques pour le parti Projet Montréal, et qui était responsable des grands parcs dans la récente administration Plante.

Il reste qu’il faut convaincre le gouvernement fédéral de protéger les terrains qui lui appartiennent. Projet Montréal promet de continuer de travailler en ce sens.

Ensemble Montréal en fait aussi un engagement dans son programme électoral. « Ce projet est l’une de nos priorités », affirme Alan DeSousa, maire sortant de l’arrondissement de Saint-Laurent et candidat d’Ensemble Montréal.

Le groupe de citoyens Technoparc Oiseaux, qui milite depuis longtemps pour la protection de ce territoire, s’est montré « encouragé » par l’annonce de Projet Montréal. « En fin de compte, nous serons complètement soulagés quand tout le secteur écologique sera protégé et inscrit officiellement dans la réglementation », a réagi l’organisme dans un communiqué.

Des chasseurs qui ne sont pas les bienvenus

Dans les bois de l’ouest de l’île de Montréal, notamment au parc de l’Anse-à-l’Orme, à Sainte-Anne-de-Bellevue, il n’est pas rare d’entendre résonner des coups de feu. Il ne s’agit pas d’une fusillade entre gangs, mais de chasseurs qui traquent leurs proies, chevreuils ou canards.

Pour la mairesse sortante de cette municipalité, Paola Hawa, il est inadmissible que la chasse puisse se pratiquer ainsi dans un parc, près de maisons et d’une école.

Quand c’est la période de la chasse, on l’entend. Et les gens veulent savoir où on s’en va avec ce dossier.

Paola Hawa, mairesse sortante de Sainte-Anne-de-Bellevue

Le problème, c’est que la loi provinciale permet aux titulaires d’un permis de chasser sur le territoire de l’île. Certaines municipalités, comme Sainte-Anne-de-Bellevue, interdisent d’utiliser une arme à feu ou un arc à flèches à moins de 2 km d’un bâtiment, mais ce règlement est difficile à appliquer : le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) dit ne pas avoir les ressources nécessaires pour intervenir.

En février, à l’initiative de Mme Hawa, le conseil d’agglomération de Montréal a adopté une résolution demandant au gouvernement du Québec de bannir la chasse dans l’île de Montréal.

Réponse du ministre des Forêts, de la Faune et des Parcs, Pierre Dufour : les municipalités détiennent déjà les leviers réglementaires nécessaires pour limiter la chasse sur leur territoire. Il n’a donc pas l’intention de rouvrir la loi.

Paola Hawa entend néanmoins continuer à faire pression sur Québec.

Son opposant dans la course à la mairie, le conseiller municipal Francis Juneau, a voté contre une résolution du conseil municipal qui demandait des modifications au territoire de chasse. Ce n’est pas parce qu’il appuie la chasse, assure-t-il : « J’avais des questions, je voulais savoir si la résolution incluait tout l’archipel, et je n’ai malheureusement pas eu de réponse », explique-t-il.

Il déplore que le camp adverse utilise le résultat de ce vote pour le « discréditer ».

PHOTO NINON PEDNAULT, ARCHIVES LA PRESSE

Inondations dans l’arrondissement de Pierrefonds-Roxboro, au printemps 2017

Mieux combattre la crue des eaux

Lors des inondations de 2017, des dizaines de résidences de l’arrondissement de Pierrefonds-Roxboro ont été envahies par l’eau. Lors de la crue de 2019, à cause des mesures de prévention prises précédemment, les dommages ont été moins importants.

Mais c’est l’arrondissement qui a dû prendre ces mesures, souligne le maire de Pierrefonds-Roxboro, Dimitrios Jim Beis, candidat pour le parti Ensemble Montréal. « Les problèmes qu’on avait identifiés en 2017, on les a réglés presque seuls, en arrondissement, avec nos experts », affirme-t-il.

L’arrondissement a érigé des murs modulaires et a loué une trentaine de pompes au printemps 2019. Mais ces solutions, qui ont coûté 7 millions, n’étaient que temporaires.

[En prévision de futures inondations, ] ça prend des solutions permanentes. Il faut des murets, des digues naturelles ou des stations de pompage. Mais le dossier n’avance pas avec la Ville.

Dimitrios Jim Beis, maire sortant de l’arrondissement de Pierrefonds-Roxboro

Si la crue de 2019 a causé moins de dommages aux résidences du secteur, c’est plutôt « grâce au leadership de la ville-centre et des pompiers », rétorque le candidat de Projet Montréal à la mairie de Pierrefonds-Roxboro, Patricio Cruz-Guttierrez.

Quelle est la solution de Projet Montréal pour réduire l’impact des inondations ? L’aménagement du grand parc de l’Ouest, répond M. Cruz-Guttierrez.

La mairesse sortante de Montréal, Valérie Plante, a annoncé en 2019 la création de cet immense parc de 3000 hectares. Il doit englober plusieurs parcs-nature existants, dont ceux de l’Anse-à-l’Orme, du Bois-de-l’Île-Bizard et du Cap-Saint-Jacques. Montréal a reçu 50 millions d’Ottawa pour l’achat de terrains et pour des travaux visant à contrer les inondations.

Dimitrios Jim Beis rit quand il entend cette réponse. « C’est correct de protéger ces terrains, dit-il. Mais ce n’est pas ce qui va éviter les inondations de maisons partout sur le territoire. Je ne comprends pas pourquoi ils disent ça. »