Denis Coderre préfère lancer l’avertissement : s’il est élu maire de Montréal le 7 novembre, ses 100 premiers jours à l’hôtel de ville ne seront pas de tout repos.

Mardi, en rencontre éditoriale avec La Presse, le candidat à la mairie a défendu la façon dont il mène sa fin de campagne électorale et a affirmé qu’il comptait concrétiser plusieurs projets dès son arrivée en poste.

« Dans les 100 premiers jours, vous allez voir que ça va rider, comme dirait mon père », a-t-il assuré en entrevue.

Pendant cette courte période, M. Coderre promet notamment de lancer un appel d’offres pour acheter des caméras portatives pour le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM), de réorganiser le service sur le plan administratif et d’amorcer l’embauche de 250 policiers.

La situation sécuritaire de Montréal s’est tellement dégradée qu’il ne veut plus perdre une minute, selon le candidat. « Les gangs de rue rient à plein au nez des policiers en ce moment », a-t-il dit, ajoutant qu’en tant que natif du nord-est de Montréal, la situation lui faisait « mal au cœur ».

Je ne m’en vais pas là pour prendre un break. On va attendre de voir qui est élu, mais on a déjà en tête le comité exécutif. Bang, on part. L’avantage d’avoir été dans le secteur privé, […] ça me donne une autre perspective.

Denis Coderre

Abolir les droits de mutation

Par ailleurs, Denis Coderre est allé plus loin que jamais dans ses attaques envers les droits de mutation (« taxe de bienvenue ») imposés à quiconque achète une propriété à Montréal. L’ex-maire a indiqué qu’il voudrait s’en débarrasser totalement, mais qu’il ne pouvait agir en ce sens avant d’avoir remplacé ces millions de dollars en revenus pour la Ville.

« Moi, j’aimerais l’abolir », a-t-il dit en réponse à une question sur la nature exacte de son engagement quant à cet enjeu. Il avait déjà qualifié cette ponction d’« un peu indécent[e] » au cours d’un débat télévisé, organisé la semaine dernière sur les ondes de Radio-Canada.

Toutefois, « il y a la réalité des sources de revenus », a-t-il dit. « On doit regarder ce qu’on peut faire et s’il y a une façon de la moduler. »

Plus largement, M. Coderre aimerait faire diminuer la dépendance de la Ville de Montréal envers ses taxes foncières, qui constituent actuellement 76 % de ses revenus. « À Toronto, c’est 36 % », a-t-il comparé.

« Le statut de métropole nous permet d’avoir une diversification économique », a-t-il dit, mettant par exemple de l’avant l’écofiscalité, soit l’idée de facturer la consommation d’eau ou la collecte des déchets.

Ramener « contrepoids » et « leadership » en logement

Pour s’attaquer à la crise du logement, Denis Coderre veut surtout « livrer la marchandise » où la Ville possède des terrains, en s’engageant à « monter jusqu’à 30 % » de logements sociaux dans certains de ces projets.

« Je ne laisserai pas passer le gouvernement du Québec et du Canada qui se parlent et qui font un comité entre eux sur l’avenir des municipalités en matière d’habitation », s’exclame l’ex-maire.

On n’est pas une créature des provinces. Ce n’est pas de ma faute si les Pères de la Confédération ont manqué de temps parce que le 5 à 7 s’en venait, et qu’ils ont donné aux provinces les pouvoirs des municipalités.

Denis Coderre

Il affirme que les villes peuvent au contraire faire pression sur Ottawa et obtenir des garanties de sa Stratégie nationale de l’habitation. « Les villes peuvent aller directement parler avec eux autres, pour dire : voici le projet et on est capables de faire des choses. Mais on n’a plus de contrepoids. C’est pour ça qu’on a l’air d’un village sans leadership », soulève M. Coderre.

Son parti, qui a déjà fait part de son intention de modifier le règlement « 20-20-20 » de Valérie Plante, imposera plutôt le « 15-15 » – soit 15 % de logements sociaux et 15 % de logements abordables – aux promoteurs. Aucune exigence n’est prévue pour les logements familiaux. « Ce sera partout sur l’île », dit le candidat, qui veut « créer une cité universitaire également, avec McGill, l’UdeM, l’UQAM ». « Il nous manque au moins 5000 logements étudiants. »

La solution, a-t-il répété : la densification des quartiers centraux de Montréal, de façon adaptée à chaque secteur. Construire la ville sur la ville.

En réponse à une question d’une lectrice, M. Coderre a d’ailleurs assuré qu’il accepterait de vivre dans un appartement situé « à moins de 40 pieds » de la partie aérienne du nouveau REM de l’Est au centre-ville de Montréal, « si c’est un projet signature ».