Près d’une centaine de personnes se sont rassemblées devant l’hôpital de Lachine samedi matin pour dénoncer la fermeture des urgences de l’établissement de santé à partir du début du mois de novembre.

Des résidants, des médecins et des infirmières se sont réunis en arborant un carré bleu sur leur manteau, en l’honneur des travailleurs de la santé.

Le Centre universitaire de santé McGill (CUSM) a annoncé lundi que les urgences de l’hôpital de Lachine seraient fermées le soir et la nuit à partir du 7 novembre, en raison d’une pénurie « critique » d’infirmières et d’inhalothérapeutes. Les patients seront redirigés en ambulance tant que cette mesure sera en vigueur.

« Ça a été une surprise pour tout le monde de recevoir un courriel lundi de la part du [Centre universitaire de santé McGill] qui nous annonçait qu’on allait seulement être ouverts de 8 h à 15 h, et qu’ensuite de ça, il allait falloir vider les urgences », raconte la Dre Karine St-Arnaud, qui travaille aux urgences de l’hôpital de Lachine.

Elle estime que transmettre cette nouvelle au personnel par courriel manquait de respect. « C’est très anxiogène pour les infirmières qui n’ont aucune idée de quoi va avoir l’air leur horaire dans les semaines à venir, si elles vont pouvoir rester aux urgences. Pour nous non plus [les médecins], on ne sait pas trop comment ça va fonctionner », poursuit la Dre St-Arnaud.

Le CUSM a affirmé que la fermeture visait à assurer la sécurité des patients et du personnel. La mesure devrait s’échelonner sur quelques semaines, selon l’organisation.

Un hôpital près de la communauté

Catherine Lemaire, ancienne infirmière de l’hôpital de Lachine, a contribué à l’organisation de l’évènement. « C’est un hôpital qui fait partie du CUSM, mais qui a toujours été un peu un hôpital communautaire. Il sert beaucoup la population de Lachine, de LaSalle, de Dorval », affirme-t-elle.

Le DGeorges Zaaour, qui travaille à l’hôpital de Lachine depuis septembre 2018, constate le même phénomène. « La particularité de l’hôpital de Lachine, c’est qu’il sert une communauté spécifique, qui est extrêmement démunie, et très enclavée sur l’île de Montréal », dit-il. Le Dr Zaaour prévoit que les résidants de l’arrondissement ne vont pas recevoir des soins de santé en dehors de leur quartier.

En apprenant la nouvelle, les premières pensées des médecins se sont tournées vers la communauté qui pourrait souffrir de la fermeture des urgences, précise le DZaaour.

La mairesse sortante de Lachine, Maja Vodanovic, a pris part à l’organisation du rassemblement, qui voulait souligner le travail du personnel de l’hôpital. Elle estime qu’il est « inacceptable » que les urgences de l’hôpital soient fermées.

PHOTO PASCAL RATTHÉ, COLLABORATION SPÉCIALE

Maja Vodanovic, mairesse sortante de Lachine

« On a beaucoup de résidences de personnes âgées autour, de CHSLD » dont les résidants se rendent aux urgences, explique-t-elle, mais qui devront se diriger vers d’autres hôpitaux. « Mais ailleurs, c’est déjà trop plein », déplore-t-elle.

À la recherche de solutions

Le président de la Fondation de l’Hôpital de Lachine CUSM, Jacques Filion, s’est dit « un peu outré » en apprenant la décision du CUSM de fermer les urgences. En tant que président de la fondation de l’établissement, il croit cependant qu’il est de son devoir de « trouver des solutions à l’interne ».

« Il y a une pénurie d’employés dans le réseau de la santé, on le sait, ce n’est pas facile de trouver des gens. Mais il faut qu’on soit en mesure de trouver des solutions. C’est pour ça qu’on a mis en place un groupe de travail avec les ressources humaines [et d’autres personnes] du CUSM, et des intervenants de l’externe », explique M. Filion.

Il souhaite éliminer les contraintes au recrutement et à la rétention des employés, avant que l’hôpital ne soit rénové.

En juin dernier, le ministère de la Santé et des Services sociaux avait annoncé un investissement de plus de 200 millions de dollars dans l’agrandissement et le réaménagement de l’hôpital de Lachine. Un projet qui pourrait augmenter l’attractivité de l’hôpital, selon M. Fillion.

« Quand la construction va être terminée dans [environ] quatre ans, ça va être un nouvel hôpital. Ça va être tout autre en termes d’attraction, de rétention du personnel », dit-il.

Maja Vodanovic souhaite œuvrer pour le bon fonctionnement de l’hôpital de Lachine si elle est réélue comme mairesse de l’arrondissement. Celle qui fait campagne sous la bannière de Projet Montréal appelle également le gouvernement provincial à s’impliquer dans le dossier.