Denis Coderre et Valérie Plante se sont engagés à ne pas augmenter les taxes foncières des Montréalais au-delà de l’inflation, lundi soir, dans le cadre d’un débat devant la Chambre de commerce du Montréal métropolitain.

Les deux candidats ont croisé le fer sur les enjeux économiques pour la première fois depuis le début de la campagne. M. Coderre s’est posé en allié de Montréal inc., alors que la mairesse sortante Plante a mis de l’avant son attachement aux petits commerces. Elle a également souligné la prudence dont la Ville doit faire preuve dans ses relations avec les promoteurs immobiliers.

Les deux candidats s’entendent toutefois sur un point : les Montréalais ne verront pas leur facture de taxes foncières augmenter plus vite que l’inflation au cours des quatre prochaines années, peu importe qui prend la mairie.

Engagement ferme

Valérie Plante avait déjà annoncé cet engagement : « la réponse, c’est oui ». Mais sa sincérité a été remise en doute par son adversaire : en 2018, une promesse semblable avait été brisée par l’administration de Projet Montréal. « C’est la première chose qu’ils ont faite », a attaqué Denis Coderre.

M. Coderre a affirmé qu’il ferait une annonce en matière de fiscalité d’ici au scrutin, mais que « c’est sûr qu’on n’ira pas au-delà de l’inflation ». La mairesse a toutefois avancé que les taxes foncières sur l’immobilier résidentiel avaient augmenté davantage pendant le mandat de son prédécesseur que pendant le sien. « Je comprends que c’est dérangeant de réaliser ça », a-t-elle taclé.

L’ex-maire de Montréal a ajouté que les dépenses de la Ville devraient toutefois être diminuées de façon importante pour soulager le fardeau des contribuables, qui financent une masse salariale sans cesse grandissante. « On a besoin de se réorganiser. […] Il faut le faire d’une façon correcte », a-t-il dit.

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Denis Coderre, chef d’Ensemble Montréal

Appelé à préciser sa pensée en point de presse, il n’a pas voulu s’engager à diminuer le nombre d’employés de la Ville. « On va reprendre le contrôle des dépenses et du budget, a-t-il dit pendant le débat. Je ne veux pas qu’on soit sous tutelle de Québec. »

Valérie Plante a défendu les investissements massifs effectués par Montréal dans la foulée de la pandémie de COVID-19, faisant valoir que tous les pouvoirs publics avaient agi ainsi pour soutenir l’économie.

Dans un communiqué diffusé après le débat, la Chambre de commerce a toutefois critiqué les candidats pour leur manque de clarté quant aux coûts de leurs nouveaux engagements. « Cette question est d’autant plus critique que le fardeau fiscal des entreprises et des citoyens de Montréal figure déjà parmi les plus élevés en Amérique du Nord », a dit Michel Leblanc, président de l’organisation.

Distance ou proximité avec les promoteurs

Les deux principaux candidats à la mairie de Montréal étaient questionnés par la journaliste Esther Bégin sur les sujets chers au cœur de la Chambre de commerce. L’organisation n’a pas caché l’opinion générale de ses membres concernant l’appareil bureaucratique municipal : lent, incohérent et trop rigide.

Ce sont des critiques que Denis Coderre a reprises à son compte pour qualifier les quatre années de Valérie Plante à la tête de la métropole. À son avis, l’administration municipale sortante s’est démarquée par son amateurisme et ses hésitations face à de grands projets structurants.

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Valérie Plante, cheffe de Projet Montréal

« On a besoin d’avoir une administration qui comprend et qui sait ce que c’est, le développement économique », a attaqué l’ex-maire, ajoutant que ses opposants « ne sont pas des gestionnaires ». Il ne faut « pas avoir peur de parler aux promoteurs », a-t-il ajouté. « Il ne faut pas les ignorer. »

Justement, Denis Coderre est peut-être trop près de ces entrepreneurs, a attaqué Mme Plante. L’importance qu’il donne à son réseau personnel de contacts dans le monde des affaires, « c’est un exemple de vieille politique : je te gratte le dos, tu me grattes le dos, peu importe le fond ». « Moi, je parle à tout le monde. Tout le monde », a-t-elle ajouté en point de presse après le débat.

« Doper l’offre » de logements

Sur le fond, les candidats ont présenté des approches fondamentalement différentes pour s’attaquer à un problème dont tous reconnaissent la réalité : la crise du logement.

Valérie Plante veut du développement immobilier plus encadré, avec 60 % de logement social, abordable ou familial dans chaque projet : c’est l’objectif d’un règlement que son administration a fait adopter il y a plusieurs mois et qui sert d’étendard à sa campagne.

La mairesse sortante a aussi dit vouloir des projets mieux intégrés à leur milieu. « Un projet, quand ça arrive, ça n’arrive pas dans un champ de patates, a-t-elle dit. Je ne suis pas prête à laisser les clés de la ville aux promoteurs immobiliers. […] Si la déréglementation prônée par mon adversaire avait fonctionné pendant son mandat, on n’aurait pas de crise du logement en ce moment. »

Denis Coderre a résumé en quelques mots son approche de la crise : « Il faut avoir de la densité, il faut doper l’offre. » Le candidat à la mairie veut notamment voir 20 000 logements sortir de terre à la Cité-du-Havre, où un quai complet serait transformé en nouveau quartier. Il espère aussi favoriser la transformation d’espaces de bureaux inutilisés en logements.