Le nouveau pont qui sera construit en remplacement du pont Gédéon-Ouimet, d’ici 2030, sera deux fois plus large que le pont actuel et se rapprochera de secteurs résidentiels et d’habitats naturels « à haute valeur écologique » dans les îles et sur les rives de la rivière des Mille Îles, entre Boisbriand et Laval.

Début septembre, dans une indifférence à peu près complète, le jour du premier débat télévisé des chefs fédéraux, le ministère des Transports du Québec (MTQ) a annoncé la construction d’un nouveau pont de plus d’un kilomètre de longueur sur l’autoroute 15. Le nouveau pont comptera quatre voies de circulation par direction, dont une réservée aux transports collectifs, et un accotement de trois mètres de largeur de chaque côté. De plus, le MTQ « étudie la pertinence » d’aménager une piste pour piétons et cyclistes sur l’un des deux tabliers du pont.

Le pont Gédéon-Ouimet actuel compte trois voies de circulation par direction et n’a pas d’accotement. En conséquence, le nouveau pont, constitué de deux structures distinctes, sera doté d’un « tablier considérablement plus large que l’existant », soit « entre 54 et 58 mètres, selon l’option retenue ». Le pont actuel fait 28 mètres de largeur.

Effets sur les îles et le littoral

Sur le plan environnemental, les répercussions les plus importantes sont attendues « dans la partie littorale de la rivière et [dans] les îles ». Le pont actuel traverse l’île Morris, près d’un secteur résidentiel, et l’île Lefebvre, dont une partie abrite le refuge faunique de la Rivière-des-Mille-Îles. L’élargissement du pont pourrait rapprocher les infrastructures routières des résidences et de ces milieux naturels valorisés, voire empiéter sur eux. Et ce ne sont pas les seuls.

Selon l’avis de projet du MTQ, on a répertorié dans cette section de la rivière des Mille Îles « des associations végétales exceptionnelles, d’importants complexes de milieux humides riverains et une concentration d’espèces animales et végétales menacées, vulnérables ou susceptibles de l’être ».

« Des habitats de rat musqué et de reproduction pour le poisson sont cartographiés à proximité du pont, de même que des sites identifiés comme étant d’intérêt écologique et une zone d’aménagement écologique prioritaire par la Ville de Laval. La Communauté métropolitaine de Montréal a également attribué à des secteurs sous le pont une vocation de conservation. Étant donné la présence de milieux boisés, humides et aquatiques diversifiés, une grande variété d’espèces d’oiseaux, de poissons, d’amphibiens et de reptiles peuvent fréquenter la zone d’étude. »

L’étude d’impact sur l’environnement, qui détaillera l’ensemble de ces éléments ainsi que les effets anticipés de la construction du nouveau pont, est attendue à l’été 2022.

Viaduc neuf à reconstruire ?

L’élargissement du pont nécessitera aussi une « révision de la géométrie en plan de l’autoroute 15 à l’endroit du pont et de ses approches » et « un élargissement ou [une] excavation de la jetée à l’approche sud du pont ». Le pont d’étagement de la route 344 qui passe au-dessus de l’autoroute 15, du côté de Boisbriand, pourrait devoir être reconstruit en raison de la nouvelle géométrie de l’A15. Cette structure en parfait état a été complètement reconstruite en 2012.

La localisation des piles du pont, qui aura une incidence majeure sur la protection des habitats naturels de la rivière, reste aussi à déterminer.

L’annonce de la construction du nouveau pont et la parution de l’avis de projet du MTQ lancent un processus de planification, de conception et de consultations, d’acquisitions des terrains nécessaires et d’obtention des permis, qui s’étendra sur 30 mois, selon les documents du Ministère.

La construction du nouveau pont s’étendra, par la suite, sur cinq ans.

Construit en 1958

Le pont Gédéon-Ouimet est l’un des ponts les plus achalandés de la grande région de Montréal. Il est utilisé chaque jour par près de 140 000 véhicules, en moyenne, pour traverser la rivière des Mille Îles entre Laval et Boisbriand. Inauguré en 1958, ce pont à poutres d’acier a fait l’objet de travaux de réfection majeurs à la fin des années 1980. Trente ans plus tard, il est manifestement en fin de vie utile.

La corrosion ronge les structures, les piles vieillissent mal, des drains bloqués coulent de partout, « causant des dommages aux poutres de façon importante », relève-t-on dans le plus récent rapport d’inspection.

Selon l’avis de projet du MTQ, la dalle de béton du pont est « fortement dégradée » et minée par les sels de déglaçage. Les joints de dilatation se « soulèvent » de la chaussée et, quand on roule dessus, ils sont « fortement ressentis par les usagers, nuisant au confort de la conduite ».

Les poutres d’acier du tablier sont de « faible résilience » et présentent des « assemblages non conformes », sans parler du fait que le pont ne répond pas aux normes de conception sismique pour un ouvrage de son importance.

Depuis des années, le pont est classé « à remplacer » dans l’inventaire des structures du MTQ, et de longues études ainsi que de longs avis ont été nécessaires pour conclure qu’une reconstruction complète était indiquée.

Quelques données techniques

40 : Nombre de piles du pont actuel

1145,7 mètres : Longueur totale du pont actuel

28 mètres : Largeur hors tout (entre les points extrêmes) du pont actuel

138 000 : Nombre de véhicules empruntant le pont par jour, dont 4 % de camions

26,2 hectares : Superficie du refuge faunique de la Rivière-des-Mille-Îles, aire protégée dans le sud de l’île Lefebvre

Source : ministère des Transports du Québec