Haltes-chaleur « 24 heures sur 24 », logements sociaux « ciblés pour les itinérants », présence doublée des équipes mixtes du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) : Denis Coderre a présenté vendredi sa « stratégie de santé urbaine » pour lutter contre l’itinérance à Montréal, accusant au passage l’administration Plante d’avoir « failli » à sa tâche depuis 2017.

« On va se doter d’une stratégie de santé urbaine qui permettra de ne rien laisser au hasard en matière de prévention », a affirmé M. Coderre lors d’une mêlée de presse dans le quartier Milton-Parc, en matinée. Il a d’ailleurs soutenu que ce secteur, où on trouve une forte concentration de sans-abri, « démontre le laisser-aller » de la Ville en la matière. « La cohabitation entre les itinérants et les résidants du secteur est difficile depuis quelques années, et le tissu social s’en trouve grandement effrité », a-t-il dit.

Le cas de Raphaël André, cet homme sans-abri mort en janvier dans une toilette chimique à l’angle de la rue Milton et de l’avenue du Parc alors qu’il se « cachait des policiers », témoigne selon le candidat « de la judiciarisation des sans-abri ». « Il y a des voies de fait, des troubles à la paix, mais quand même qu’on leur donnerait 25 tickets, il y a d’autres moyens que de les amener en cellule pour la nuit », a-t-il jugé.

Le chef d’Ensemble Montréal a du même coup accusé son adversaire Valérie Plante de « demander toujours plus d’argent à Québec et Ottawa », mais de ne « rien faire » quand il est question d’urgence sociale. Projet Montréal s’était engagé de son côté, en début de semaine, à développer un plan sur cinq ans consacré à la situation de l’itinérance, avec une somme de 24 millions de dollars pour quatre ans.

Série de mesures

Le porte-parole en matière d’itinérance du parti de M. Coderre, Benoît Langevin, a promis d’implanter d’ici quatre ans 1800 logements sociaux « permanents et dédiés aux itinérants », avec de l’accompagnement psychosocial. « Un tiers de ces logements iront aux femmes, un autre tiers aux Premières Nations et aux Inuits, puis un dernier tiers à toutes catégories confondues », a-t-il détaillé.

D’ici là, l’équipe Coderre promet aussi d’ouvrir les haltes-chaleur en permanence, 24 heures sur 24, sept jours sur sept, et de bonifier l’offre de centres de consommation contrôlée d’alcool (wet shelters) pour lutter contre la crise des opioïdes sur l’île, notamment. Une enveloppe supplémentaire de 10 millions serait aussi versée aux sociétés de développement commercial (SDC) du centre-ville pour les aider à « remédier aux enjeux de sécurité ».

Il faut « revoir la façon dont on finance les groupes communautaires », selon M. Langevin, qui suggère pour y arriver d’augmenter le budget de la Ville consacré à l’itinérance à 36 millions de dollars.

Son parti s’engage par ailleurs à « renégocier l’entente Réflexe Montréal en itinérance, de façon à investir un total de 60 millions » en quatre ans. « Je pense qu’on arrive avec une plateforme qui change la game », a-t-il dit.

À ses côtés, la mairesse sortante de Montréal-Nord, Christine Black, a annoncé que les troupes de Denis Coderre injecteraient 10 millions supplémentaires pour doubler la présence des équipes mixtes du SPVM sur le terrain, afin d’assurer une « cohabitation harmonieuse » et d’« apporter une réponse à la détresse ». « On ne peut pas toujours agir dans l’urgence. Il faut être capables de faire plus en prévention », a-t-elle soutenu, en promettant aussi un fonds pour financer les services communautaires dans les quartiers.

Le parti entend enfin lancer « une nouvelle opération de dénombrement » des personnes sans-abri, « afin de cibler l’ampleur des besoins et d’assurer que les investissements soient adéquats ». Un sommet sur l’itinérance serait aussi organisé avec Québec et Ottawa, le secteur privé et le milieu communautaire.

Nouveaux modes de financement pour la STM

Denis Coderre a aussi jugé qu’il y avait un « problème de gouvernance » à la Ville en ce qui concerne la Société de transport de Montréal (STM). Celle-ci a prévenu jeudi que si une aide financière supplémentaire ne lui était pas accordée d’ici l’an prochain, elle devrait procéder à des réductions de services pouvant aller jusqu’à 30 %. Le candidat à la mairie promet de « trouver de nouveaux modes de financement » et de les « proposer incessamment ». « Il faut que ça roule, la STM, mais des fois, peut-être qu’il faudrait se poser des questions. On a acheté 300 autobus. Mais est-ce qu’on avait besoin de 300 autobus ? On a besoin d’une bonne reddition de comptes, et je pense que la vérificatrice générale devrait se pencher sur la STM », a-t-il aussi affirmé.